Le logo de la banque Dexia (Photo : Philippe Huguen) |
[22/01/2014 18:16:06] Paris (AFP) Au c?ur d’une polémique concernant les rémunérations versées à certains de ses dirigeants, la banque Dexia, en cours de démantèlement, va reconsidérer la situation après avoir été interpellée par les gouvernements belge et français.
“Après concertation avec les ministres français et belge, nous allons convenir prochainement d’une réunion du comité des nominations et des rémunérations, ainsi que du conseil d’administration, afin de réexaminer le dossier”, a répondu mercredi Dexia, sollicitée par l’AFP.
Plus tôt dans la journée, les ministres français et belge des Finances, Pierre Moscovici et Koen Geens, avaient appelé la banque à reconsidérer la politique de rémunération des membres de son comité de direction.
“Nous demandons ensemble qu’une nouvelle réunion des instances de gouvernance du groupe puisse se tenir rapidement pour revenir sur cette décision incompréhensible et pour que s’appliquent les décisions que nous avons prises pour les rémunérations dans le secteur public”, avait déclaré M. Moscovici devant les députés français.
La polémique est née après un article du Journal du dimanche (JDD) affirmant que trois dirigeants de Dexia, sauvée de la faillite par la France et la Belgique, ont vu leur salaire augmenter de 30% au 1er janvier à 450.000 euros par an.
“Compétences pointues et professionnels expérimentés”
“Les différents chiffres avancés déforment sensiblement la réalité car les situations individuelles ne sont pas uniformes, ni dans leurs montants, ni dans leur régime”, a rétorqué la banque, sans autre précision.
Elle a également indiqué que les ajustements de sa gouvernance décidés en décembre, avec notamment le départ de deux dirigeants, permettaient d’économiser 37,5% du montant global des rémunérations versé pour les fonctions équivalentes en 2013.
Ces modifications consistaient notamment en la mise en place de deux comités de direction identiques pour Dexia SA et Dexia Crédit Local, la filiale française du groupe.
“Chaque personne nommée membre des comités de direction a vu sa rémunération réduite de 20% à 35% par rapport à son prédécesseur”, a insisté Dexia.
Dimanche, la banque franco-belge s’était déjà défendue en expliquant que son démantèlement en cours demandait des “compétences pointues et des professionnels expérimentés”.
M. Geens a pour sa part estimé que la politique de rémunération devait “tenir compte d’un sentiment éthique justifié dans la société”, mais aussi de “la nécessité du besoin en talents courageux pour limiter au maximum pour la communauté les pertes dans la banque résiduelle” gérée en extinction, c’est-à-dire jusqu’à ce que son activité s’éteigne.
Attaquée sur les salaires qu’elle verse, la banque a répliqué mercredi qu’elle n’avait pas cessé de faire baisser les coûts de ses comités de direction. Selon elle, ceux-ci ont ainsi reculé de 49% entre 2012 et aujourd’hui.
Dexia est détenue à 44% par la France et à 50% par la Belgique. Sauvé de la faillite par les États belge et français à l’automne 2008, le groupe a été durement frappé par la crise de la dette, ce qui a rendu nécessaire un second sauvetage en octobre 2011.
Dans un rapport publié en juillet, la Cour des comptes avait estimé à 6,6 milliards d’euros le coût des déboires de Dexia pour la France.
En France, les députés socialistes ont affirmé être “profondément choqués” par la hausse du salaire de trois dirigeants de Dexia, et les sénateurs centristes l’ont jugée “indécente”.