Les banques publiques ont été un vecteur important de financement de la planification. Outre la croissance, elles ont apporté du développement, contribuant à structurer l’économie du pays.
Dans le papier précédent on a vu que la volonté politique a manqué pour donner à ces banques les moyens d’une intégration cohérente dans leur secteur d’activité de base. Notre focus sur la Banque Nationale Agricole (BNA) nous éclairera sur la carence stratégique des pouvoirs publics, qui aurait permis que ces banques publiques se prolongent par les ramifications d’intervention dans le financement et la participation au service d’une base économique nationale, chacune dans son secteur dédié.
La BNA, un vaisseau amiral, hélas mal aiguillé
En 2008, la BNA a fêté ses cinquante années d’existence. C’était l’occasion de se souvenir que la banque avait été à l’origine de l’éveil de l’agriculture tunisienne. Hélas, ce projet n’est pas allé jusqu’au bout de sa logique. Le pays a ultérieurement basculé vers les industries manufacturières délaissant par là-même l’agriculture.
Sommes-nous, du fait de cette option discutable, passés à côté de l’édification d’une puissante base économique nationale, “naturelle“? Faute de réponse catégorique, la question méritait d’être posée.
Il faut garder à l’esprit que l’agriculture est tout aussi performante que le reste des secteurs. L’Amérique, première puissance économique du monde, est également première puissance agricole et premier exportateur de denrées agricoles jusqu’à son modèle de restauration rapide.
Au courant de son existence, cet interlocuteur précieux a dû changer de cap. A son tour, la BNA s’est diversifiée, dans le commerce, l’industrie et l’immobilier, ce qui ne semblait pas être sa vocation naturelle malgré des signes probants de performance financière.
Le concept-clé, le savoir-métier et le potentiel à l’export
La BNA a pu prendre en charge le financement, que l’on se tienne bien, de la céréaliculture, du maraichage, de l’élevage, du conditionnement, enfin de l’export et de tout l’agro-business, c’est-à-dire tous les affluents de l’or vert.
L’expérience de la STIL est encore vivace. Mieux encore, la BNA a même été jusqu’à faire de la mise en valeur et l’expérience de la promotion de la palmeraie de Nefta. C’est là pour démontrer que la banque sait faire du développement.
C’est elle qui a absorbé, sans trébucher financièrement, le lourd passif des Caisses Locales de Crédit Mutuel (CLCM) laissant en vie les petits exploitants agricoles, empêchant un plus grand dépeuplement de nos campagnes et une certaine concurrence dans le secteur.
Le savoir-métier de la BNA n’a pas été libéré comme il le fallait. C’est elle qui aurait dû mériter de la carte des cultures, puisqu’elle en connaît l’ensemble des besoins de financement. Pourquoi ne pas laisser la BNA restructurer les coopératives de services agricoles pour leur imposant un management aux exigences du marché?
La SOTUMAG aurait eu un profil, à l’image de Rungis, plateforme internationale d’échanges agricoles. Les filières de l’huile d’olive, du lait, du vin, de la viande, des dattes, des œufs, du poulet et tant d’autres n’auraient pas pu générer plus de devises pour le pays?
Que l’on se rappelle que le plan huile 2009-2011 se proposait de conditionner 10% de nos exportations d’huile d’olive, ce qui aurait eu pour effet de doubler les rentrées en devises de toutes les exportations en vrac.
Quel pays africain n’accepterait pas d’héberger un partenariat avec la BNA ou carrément accueillir une implantation BH?
Que nos lecteurs s’avisent d’eux-mêmes à en étudier les effets en retour pour l’économie tunisienne.
——————–