La Bourse de Paris va vivre au rythme des résultats et de la Fed

0f180a487f93148da834ca95b54826674cb79eb9.jpg
ège de la Bourse de Paris (Photo : Thomas Coex)

[25/01/2014 17:15:22] Paris (AFP) La Bourse de Paris, qui a marqué le pas cette semaine, continuera à se chercher un cap dans les résultats d’entreprise, au moment où la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) doit confirmer le ralentissement de son aide à l’économie.

Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a perdu 3,84% pour terminer vendredi à 4.161,47 points. Ce fort recul efface les gains du début d’année, qui avaient vu l’indice parisien retrouver ses niveaux d’avant crise, en septembre 2008.

Les places financières peinent à déceler la reprise annoncée dans les résultats des entreprises, en demi-teinte aux Etats-Unis. Privés de boussole, les investisseurs se sont aussi montré frileux après le ralentissement de l’activité manufacturière en Chine jeudi.

Pour la semaine à venir, “les discours des entreprises vont beaucoup jouer, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. (…) Tout comme le communiqué publié à l’issue de la réunion de la Fed”, annonce Jean-Louis Mourier, économiste d’Aurel BGC.

La saison des résultats est jusqu’ici “décevante”, selon lui, y compris en Europe où les chiffres d’affaires déçoivent. Plus encore, “les discours extrêmement prudents” des entreprises l’étonnent.

“Pour avoir une nouvelle progression sensibles des indices boursiers, il est sans doute nécessaire d’avoir des prévisions de croissance des bénéfices qui se redressent”, ajoute-t-il.

LVMH EN VEDETTE

Aux Etats-Unis, la semaine consacrera le pic de la saison des résultats. La cote dissèquera notamment les publications de géants de la Silicon Valley (Apple, Yahoo, Facebook, Google, Amazon), et des poids-lourds des secteurs pétrolier (Chevron, ExxonMobil) ou aérien (American Airlines, Boeing).

En France, le géant du luxe LVMH donnera le véritable coup d’envoi de la saison hexagonale avec ses résultats annuels jeudi.

La Fed occupera aussi le devant de la scène au côté des entreprises.

Sa réunion mensuelle se déroule mercredi et jeudi. Elle sera la dernière de Ben Bernanke, président depuis 2006 et qui s’apprête à passer le flambeau à sa vice-présidente Janet Yellen.

“La réunion de la banque centrale américaine est très attendue, mais maintenant que le fameux +tapering+ (réduction progressive du soutien à l’économie) a commencé, ce n’est pas le plus important”, tempère Jean-Louis Mourier.

L’institution avait l’habitude d’injecter 85 milliards de dollars chaque mois dans l’économie américaine, grâce à sa politique de rachats d’actifs. En janvier, elle a réduit ce montant de 10 milliards.

“Nous attendons une annonce d’un nouveau ralentissement du rythme des achats d’actifs de 10 milliards”, expliquent les économistes de Natixis, comme la plupart des observateurs.

“Les marchés seraient désagréablement surpris si la Fed faisait une pause, car cela voudrait dire que la reprise est jugée trop fragile”, renchérit Jean-Louis Mourier.

Le véritable enjeu de la réunion réside dans une éventuelle “inflexion dans le discours de la Fed”, soulignent les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC.

L’institution avait jusqu’ici conditionné le relèvement de ses taux directeurs au taux de chômage américain. Celui-ci baisse plus rapidement que prévu, de manière artificielle: de nombreux Américains disparaissent des statistiques car ils arrêtent leurs recherches. Il s’approche ainsi dangereusement du seuil de 6,5% défini par l’institution.

Pour couper court aux anticipations sur le relèvement des taux directeurs, “la Fed devrait déplacer son discours sur la faiblesse du taux d’inflation”, avance l’équipe de Crédit Mutuel-CIC.

Des réactions difficiles à anticiper

Les marchés, à la recherche d’une impulsion, auront également un oeil sur la croissance des grandes économies. En premier lieu, sur la première estimation des PIB américain (jeudi) et britannique (mardi) pour le quatrième trimestre 2013. Ils doivent ralentir par rapport au trimestre précédent.

Ces deux chiffres permettront “d’évaluer l’intensité de la reprise et l’élan qu’il y a pour l’activité en ce début 2014”, reprend Jean-Louis Mourier.

Le PIB espagnol, attendu en hausse au quatrième trimestre par les analystes, doit lui aussi envoyer un message fort.

“Le regain de confiance dont bénéficie l’Espagne sur les marchés dépend évidemment de l’activité”, explique Jean-Louis Mourier.

D’autres indicateurs aiguilleront aussi la Bourse. Aux Etats-Unis, les investisseurs surveilleront les commandes de bien durables, les ventes de logements neufs et la confiance des consommateurs.

En Europe, ils espèrent contrer leurs craintes de déflation grâce aux chiffres de l’inflation en zone euro, et prendront la température du côté des entrepreneurs allemands, interrogés sur leur moral.

Avec un agenda aussi fourni, “la semaine prochaine va être compliquée en termes de réactions” des marchés, résume Jean-Louis Mourier.

Euronext (CAC 40)