(Photo : Olivier Laban-Mattei) |
[26/01/2014 12:24:27] Paris (AFP) Sans attendre la mise en place du fichier positif en France, programmée pour fin 2014 au plus tôt, les acteurs du crédit ont déjà lancé des initiatives pour prévenir le surendettement chez leurs clients.
Ils continuent, en parallèle, à contester l’efficacité de cet outil, dont le périmètre a déjà été largement réduit.
“Initialement, le registre poursuit un objectif avec lequel on peut ne pas être d’accord mais qui a le mérite d’être clair. Mais il a été tellement édulcoré qu’il est devenu difficile de cerner sa finalité”, explique à l’AFP François Langlois, directeur des relations institutionnelles de BNP Paribas Personal Finance, filiale du crédit à la consommation de la banque française.
Serpent de mer depuis plusieurs années, la création d’un registre national des crédits aux particuliers (RNCP), plus communément appelé fichier positif, figure dans le projet de loi sur la consommation, qui revient lundi en deuxième lecture au Sénat.
L’idée originelle était de parvenir à recenser tous les prêts contractés. La version actuelle de ce registre ne concerne que les crédits à la consommation et exclut donc les prêts immobiliers et les lignes de crédits renouvelables non utilisées par exemple.
Ce changement doit permettre de limiter le nombre des personnes inscrites au RNCP à quelque 10 millions, contre environ 25 millions dans la première mouture.
Reste que, selon une source bancaire, l’efficacité à court terme du fichier positif “est loin d’être prouvée”. “Les crédits qui sont remboursés en ce moment ne seront pas mentionnés. Il faudra donc attendre qu’ils arrivent à leur terme pour avoir une photographie réaliste de la situation d’endettement d’un ménage, ce qui ne devrait être le cas qu’au bout de trois ans”, a-t-elle ajouté.
“Agir dès les premiers signes de fragilité”
à Saint-Denis des bureaux de la succursale de la Banque de France chargée du surendettement (Photo : Olivier Laban-Mattei) |
*Au-delà de la façon dont va être calibré le registre national des crédits aux particuliers, banques et établissements de crédit continuent à défendre la thèse selon laquelle un tel outil n’a aucune utilité en matière de lutte contre le surendettement.
“En 2012, environ 220.000 dossiers de surendettement ont été déposés. Sur ce flux, on peut estimer que 15.000 à 20.000 sont liés à un excès de crédits. Le reste est principalement dû à des accidents de la vie, comme le chômage ou la maladie. Autrement dit, pour la grande majorité des cas, le fichier positif ne serait d’aucun effet”, insiste François Langlois.
Pour suivre ses clients ayant contracté un crédit en difficulté, BNP Paribas Personal Finance a mis sur pied une plateforme dédiée à Marseille, où travaillent une dizaine de personnes.
“La logique, c’est d’agir dès que des signes de fragilité apparaissent et avant qu’il ne soit trop tard”, souligne Céline Labalette, directrice du centre de relation clients, sans toutefois dresser de bilan sur cette initiative lancée en 2011.
Parmi ces signes figurent par exemple une situation d’impayé ou une utilisation anormale du crédit renouvelable. Lorsqu’il contacte un conseiller, le client en difficulté est automatiquement transféré vers cette plate-forme pour faire un point sur sa situation et se voit proposer un report d’échéance ou un allongement de son crédit pour réduire ses mensualités.
D’autres structures poursuivant le même but, à l’image des Points Passerelles créés par Crédit Agricole et présents sur une large partie du territoire, ont également vu le jour.