à Tokyo le 28 août 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[27/01/2014 06:26:03] Tokyo (AFP) Le Japon a subi un déficit commercial record en 2013, équivalent à 82 milliards d’euros, à cause d’une flambée de la facture énergétique due à la dépréciation du yen et à l’arrêt des réacteurs nucléaires, a annoncé lundi le ministère des Finances.
Le déséquilibre de la balance commerciale de la troisième puissance économique mondiale s’est élevé à 11.475 milliards de yens (82 milliards d’euros au taux de change actuel). Il a augmenté de 65% par rapport à celui de 2012 qui constituait le précédent record pour un pays autrefois habitué aux excédents commerciaux portés par ses puissants secteurs exportateurs (automobile, électronique grand public, machinerie, etc.).
Les importations ont augmenté en valeur de 15% pour atteindre 81.262 milliards de yens (580 milliards d’euros), leur niveau le plus haut depuis le lancement de cette statistique sous cette forme en 1979.
Leur montant a été mécaniquement relevé par la forte dépréciation du yen (21% face au dollar et 26% face à l’euro en 2013), entraînée par l’assouplissement considérable de la politique monétaire décidée en avril par la Banque du Japon afin de lutter contre la déflation.
Les dépenses en pétrole (+16%) et gaz naturel liquéfié (GNL, +18%), qui pèsent lourd dans la balance, ont particulièrement grimpé.
La baisse de la devise nippone est d’autant plus ressentie que l’archipel doit se passer de la totalité de ses réacteurs nucléaires, arrêtés par précaution après l’accident de Fukushima de mars 2011. Pour compenser, les compagnies d’électricité doivent importer davantage de GNL afin de faire tourner davantage leurs centrales thermiques.
Mais le Japon a dû aussi payer davantage de yens pour importer des produits alimentaires (+10% en valeur), des vêtements (+21%), des ordinateurs (+17%), des semiconducteurs (+37%) et des téléphones – notamment des smartphones – (+25%).
L’archipel est d’autant plus dépendant de la production étrangère que nombre d’industriels nippons ont transféré leurs usines dans d’autres pays d’Asie où ils produisent aussi pour la clientèle japonaise.
Par région, le déficit nippon s’est aggravé avec la Chine (plus de 5.000 milliards de yens, 36 milliards d’euros), son premier fournisseur qui lui expédie entre autres les téléphones intelligents qui connaissent un vrai boom dans l’archipel.
Le déséquilibre du Japon a aussi empiré avec les pays du Moyen-Orient, son premier fournisseur de pétrole (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis) et de GNL (Qatar, EAU).
La valeur des exportations a grimpé de son côté de presque 10% à 69.788 milliards de yens (498 milliards d’euros), augmentée elle aussi par la chute du yen, mais pas suffisamment pour compenser le bond des importations.
Les recettes de ventes des biens “made in Japan” ont crû, notamment du côté des voitures (+15%), des générateurs électriques (+11%), des produits chimiques (+18%) et sidérurgiques (+9%).
Au final, les revenus tirés des exportations de l’archipel ont augmenté vis-à-vis de la Chine (+10%), des Etats-Unis (+16%), son premier client envers lequel le Japon a augmenté son excédent commercial (6.120 milliards de yens, 44 milliards d’euros) et à l’égard de l’Union européenne (+8%), avec qui l’archipel est néanmoins resté en léger déficit.
Lors du seul mois de décembre, le déficit commercial a doublé sur un an, à 1.302 milliards de yens (9 milliards d’euros), avec une montée de 25% des importations, non compensée par une hausse de 15% des exportations.
“Le déficit commercial devrait s’aggraver davantage au premier trimestre 2014, car les consommateurs japonais vont augmenter leurs achats en prévision d’une hausse de la taxe sur la consommation en avril”, a prévenu Marcel Thieliant, chercheur à Capital Economics. “A l’avenir, les volumes d’exportations pourraient toutefois rebondir grâce à la reprise de la croissance mondiale”, a-t-il ajouté.
Les entreprises japonaises ont jusqu’à présent profité de la chute du yen pour élever leurs revenus mais ne l’ont pas utilisée pour abaisser leurs prix à l’étranger. Le volume des exportations nippones a en conséquence peu progressé, ce qui a limité les retombées positives de la dépréciation du yen sur la croissance nippone.