«Amel Karboul est le nouveau ministre du Tourisme dans le gouvernement Mehdi Jomaâ (5ème gouvernement post-14 janvier 2011). Aussi vite que son nom est confirmé, son CV circule commence à circuler sur les réseaux sociaux où l’on passe au peigne fin son blog (www.karboul.com) ou son compte twitter: https://twitter.com/amelkarboul. Et c’est la première fois qu’une femme occupe le poste de ministre du Tourisme depuis l’indépendance de la Tunisie.
D’emblée, la jeune femme (40 ans) au large sourire déclenche un a priori positif, et les commentaires à son sujet sont plus qu’enthousiastes, tel que celui de Karim Ayed qui écrit ainsi sur son statut FB: «Un CV riche, jeune, innovatrice, avec des compétences en management, leadership, innovation & consultation digne de respect. Bien qu’elle soit outsider du secteur, nous professionnels, donnons-lui sa chance et aidons-la à connaître les rouages et les problématiques du secteur».
Evidement quand on devient consultante en matière de stratégie au «Boston Consulting Group» en Allemagne au tarif journalier de plus de 1.000 euros/jour, c’est qu’il y a du savoir-faire et de l’efficacité derrière!
Savait-elle le 1er janvier 2014, quand elle affichait sa résolution pour 2014 sur son compte twitter: «My 2014. Whatever you can do or dream you can, begin it. Boldness has genius, magic, and power in it. Goethe», qu’elle allait avoir l’opportunité de changer les choses dans son pays et surtout se le prouver à elle-même?
Amel Karboul est la consultante d’une entreprise expérimentée en développement et coach de dirigeants, en se concentrant sur des approches systémiques à l’apprentissage et le leadership du changement au niveau organisationnel. Son travail met l’accent sur l’articulation des personnes et les processus d’atteinte des résultats organisationnels.
Elle a travaillé avec des multinationales (Mercedes, Lufthansa…) dans divers secteurs et a beaucoup voyagé. La jeune femme a toujours vécu à l’étranger bien qu’elle soit née en Tunisie, parle 6 langues, fait du yoga, aime danser et est devenue végétarienne en mars 2012.
Les événements du «Printemps Arabe», elle les a suivis de près souvent entre deux avions. Ses posts Twitter dévoilent un caractère palpitant: «I just can not sleep … admire all who risk their life for freedom. Arab youth are changing their world» ou encore «J’ai Le Caire qui bat! Enfin, le monde arabe a besoin d’un balayage. Je suis vraiment contente de ce qui se passe». Djerbienne, elle multiplie les commentaires de reconnaissance envers les Djerbiens qui soutiennent et accueillent les réfugiés de Libye au lendemain de la chute du régime Kadhafi.
Amel Karboul est une femme dynamique, dans l’air du temps, qui estime qu’il faut être assez fou pour changer le monde! Son dernier post en date du 18 janvier renvoie à ceci: http://youtu.be/D2vahAn17JU et sa dernière vidéo évoque le «leading» pendant les temps incertains (http://www.youtube.com/watch?v=niSNMKq3BPQ)
Il semble évident qu’après un rapide coup d’œil sur le CV du nouveau ministre du Tourisme, ça va swinguer du côté de l’avenue Med V!
Dans une récente interview à RTCI à l’occasion de la Fête de la femme, elle déclarait: «Quand j’arrive dans une entreprise, je sens immédiatement l’ambiance, détecte les tensions et comprends le business. Je commence alors mes interviews, essaye de sonder les tréfonds et analyser les enjeux. Commence alors le vrai processus de blindage». Et les tensions, c’est loin d’être ce qui manque du côté du tourisme, administration et profession comprises!
Le tourisme va de mal en pis. Il s’enfonce dans la crise avec des produits démodés, l’épuisement de son hôtellerie et son endettement et pâtit d’une image érodée. Le secteur est plombé, dans l’incapacité de réagir, sans moyens financiers ni ressources humaines pour le redresser. Abandonné à lui-même depuis la révolution, il sert de faire valoir aux politiques. Dans l’attente de réformes qui tardent à se mettre en place, après 3 ministres de Tourisme et 5 gouvernements de transition, le tourisme est difficilement à l’ordre du jour et subit toutes formes de tiraillements entre lés régions, les idéologies, les influences…
Mais cela Amel Karboul le sait sûrement et déjà! Durant sa carrière, elle a développé une expertise dans plusieurs domaines tels que la mise à niveau du Leadership, la mise en place de stratégies de changement, la conception de politiques innovatrices et optimisation du travail d’équipe. C’est précisément là où le bat blesse dans le tourisme tunisien et son administration.
Tout le monde sait ce qu’il faut faire pour restructurer le tourisme et y changer les mécanismes: innover le tourisme et l’ouvrir sur son environnement… Tout le monde sait ce qu’il convient de faire mais personne ne le fait vraiment! Est-utile nécessaire de se demander encore pourquoi?
Les études ont suffisamment traîné dans les placards, les discours sont restés monocordes, les ambitions sont restées trop longtemps étriquées… Dans les stratégies, le plus dur reste toujours le changement des mentalités. Et c’est probablement ce que cette femme sait faire au mieux! Alors, probablement que voici venu le temps des changements, doux, mais en profondeur. Sans haines, ni règlements de compte stériles!
Reste à savoir comment le nouveau ministre va s’y prendre. Quelle est sa conception de sa mission? Comment gérera-t-elle les ressources humaines dont elle dispose, son planning assez court et ses priorités? Quid de ses budgets et de la cohésion qu’elle trouvera auprès de son gouvernement? Comment évoluera-t-elle en dehors de l’univers entrepreneurial?
Ce test est aussi un énorme «challenge» pour elle. Elle testera grandeur nature les approches et concepts qu’elle a élaborés en s’appuyant sûrement sur ses plus de 10.000 heures de coaching en 10 ans.
Ceci dit, ce n’est un secret pour personne qu’elle pourra compter sur son patron. Mehdi Jomaâ a reçu plusieurs postulants au poste de ministre qu’il lui a accordé. Certains d’entre les sondés ont livré toutes les anomalies du secteur, présenté des solutions et ont largement contribué à souffler au chef du gouvernement les priorités et à construire la «task list» d’Amel Karboul.
Au vu du CV de cette dernière, il est clair que son contrat est celui de restructurer l’administration du tourisme et de l’outiller pour la prochaine étape post-électorale et pour l’avenir. Rien que pour cela, le choix de Mehdi Jomaâ est judicieux.
Gageons qu’Amel Karboul ne sortira pas déclarer qu’elle est là juste pour quelques mois et pour sauver la saison!
Attendons de voir ses premières actions, ses futures nominations… On dit souvent que le futur commence maintenant! La Tunisie dispose désormais d’un nouveau gouvernement, a voté sa Constitution et s’apprête à aller vers des élections. L’instant est euphorisant, historique… Restons prudents et vigilants.