La Zoé électrique a trouvé son public, qui reste restreint

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électrique Zoé de Renault à Lisbonne le 14 mars 2013 (Photo : Patricia Melo Moreira)

[27/01/2014 17:25:05] Paris (AFP) Un an après son lancement, Zoé, la citadine électrique de Renault, semble avoir conquis son public, qui reste toutefois très réduit à l’image du marché des véhicules “propres” en France.

Le constructeur automobile français a vu les choses en grand pour souffler la première bougie de son modèle en privatisant le château de Versailles pour la presse et une quarantaine de clients.

“Nous avons vendu la 10.000e Zoé (…), une voiture électrique sur deux en Europe est une Renault, et trois sur quatre en France”, s’est félicitée Béatrice Foucher, la directrice du programme véhicule électrique du constructeur, lors d’une conférence de presse organisée dans la Galerie basse du prestigieux palais.

Sur ces 10.000 ventes, la moitié a été faite auprès de particuliers et le reste à des flottes.

Clientèle restreinte

Si en proportion ces chiffres sont importants, ils restent faibles en valeur absolue. Selon l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere), 5.511 Zoé ont été écoulées l’an dernier dans l’Hexagone, ce qui en fait quand même la voiture électrique particulière la plus vendue. En tout, les ventes de voitures électriques ont été de 8.779 unités.

Renault et son partenaire japonais Nissan ont investi environ 4 milliards d’euros dans les motorisations électriques, en faisant le pari que cette technologie avait plus d’avenir que l’hybride. L’alliance espérait écouler 1,5 million de véhicules électriques d’ici 2016 dans le monde, mais son patron Carlos Ghosn a fini par reconnaître que cet objectif ne devrait être atteint que quatre ou cinq ans plus tard.

Pour sa part, la marque au losange a commencé par commercialiser fin 2011 une version électrifiée de son utilitaire Kangoo, de sa berline Fluence ainsi que le quadricycle Twizy, avant de lancer sa citadine.

Le constructeur avait expliqué au moment du lancement viser les citadins roulant moins de 100 km/jour ou à ceux ayant besoin d’une deuxième voiture. Dans les faits, “on arrive pas à donner une définition” de l’acheteur type, a expliqué le directeur commercial véhicules électriques, Vincent Carré. La clientèle de la Zoé varie peu par exemple de celle de la Renault Clio, selon lui, exception faite qu’elle est plus jeune (45 ans en moyenne contre 50 ans).

Selon l’Avere, “les acheteurs particuliers de véhicules électriques sont plutôt des CSP+ (chefs d’entreprises, cadres, artisans, commerçants, professions intellectuelles etc) vivant en pavillon”.

C’est le cas par exemple de Chantal et Alain Garcia-Cotte. Pour ce couple, l’achat de cette voiture s’inscrit dans “une démarche écologique” et “elle correspond très bien aux gens qui ont deux voitures ou qui en louent une pour partir en vacances”.

Autonomie et recharge restent les points faibles

Faut-il encore pouvoir se brancher pour recharger la batterie. La question de “l’accès à la prise” est un des principaux freins au développement de l’électrique, surtout pour les citadins qui n’ont pas de garage ou pour ceux vivant dans des immeubles, où les parkings ne sont pas dotés de prises, selon le président de l’Avere, Joseph Beretta.

L’ancien gouvernement avait initié un plan qui prévoit un million de points de recharge dès 2015, dont 75.000 publics. Et le ministère du Redressement productif a renforcé cet effort l’an dernier en portant le bonus écologique à l’achat de voitures électriques de 5.000 à 7.000 euros.

“Le gouvernement joue bien son rôle et il faut que ce soutien se maintienne au moins jusqu’en 2017-2018 pour permettre un décollage du marché”, estime Eric Champarnaud, associé du cabinet spécialisé BIPE.

Pour Flavien Neuvy, de l’observatoire Cetelem, l’autonomie limitée des batteries continuent à faire peur aux particuliers. Il ressort d’une étude réalisée en 2012 que 71% voudraient au moins 250 kilomètres d’autonomie pour leur voiture électrique, quand la Zoé en affiche 210.

Pour lui, il faudra que les constructeurs mettent plus “l’accent sur les économies réalisées à l’usage, sur 100 km, mais aussi à l’entretien” pour gagner de nouveaux clients.