à Lille le 10 septembre 2013 (Photo : Philippe Huguen) |
[28/01/2014 12:27:49] Paris (AFP) Le président de La Poste Philippe Wahl a présenté mardi la feuille de route à horizon 2020 pour l’entreprise confrontée à la chute irréversible des volumes de courrier, une stratégie qui vise à transformer profondément son modèle économique.
Baptisé “La Poste 2020: conquérir l’avenir”, ce nouveau plan stratégique, présenté mardi en conseil d’administration, vise à “accélérer le développement de ses activités existantes et investir de nouveaux territoires, tout en préservant et en modernisant ses missions de service public”, résume un communiqué du groupe.
Depuis des années, son modèle historique est remis en cause par le développement des échanges numériques. Résultat: de 18 milliards d’objets (lettres et petits colis) distribués en 2007, La Poste devrait voir ce chiffre s’effondrer à 9 milliards en 2020.
Et surtout, en 2014, pour la toute première fois, l’activité Courrier n’arrivera plus à couvrir les coûts du service universel postal – soit les prestations minimum prévues par l’Union européenne, comme la levée du courrier et la distribution à domicile au moins une fois par jour ouvrable – des obligations qu’il faudra donc financer autrement.
“Il est fondamental d’engager dès 2014 une transformation profonde du groupe”, résume La Poste.
Après la présentation mardi de la feuille de route générale, d’autres étapes sont prévues: une “organisation adaptée” du groupe sera dévoilée d?ici fin mars, et en juin, Philippe Wahl présentera les “plans d’actions” ainsi que la “trajectoire financière 2014-2020”.
Sur le plan social, “les discussions et les négociations relatives au Pacte social seront ouvertes avec les organisations syndicales au premier semestre 2014”.
Selon ce plan stratégique, la première des priorités est donnée à “l’accélération du développement des activités existantes” et rentables, principalement la banque postale et le colis, porté par la bonne santé du e-commerce.
Plan “affligeant” pour la CGT
Quant aux “nouveaux territoires” qu’elle compte “conquérir”, l’entreprise veut s’appuyer sur son maillage territorial et son réseau de facteurs pour se développer dans les secteurs de “la logistique de proximité, l’assistance aux personnes âgées, fragiles et/ou isolés, les échanges numériques sécurisés, les services liés à l’habitat connecté ou encore de l?économie sociale et solidaire”.
Ce plan n’a pas convaincu les syndicats: la CGT l’a qualifié de “piètre et affligeant de par son manque de vision et de contenu”.
“Une grande confusion règne sur la définition de nouvelles activités et aucune proposition crédible et audible ne ressort de ce plan. Prévoir ce que sera La Poste dans les prochaines années ne peut se limiter à observer la baisse des volumes du courrier, de se déclarer prochain leader de la distribution de services de proximité, ou de vouloir accélérer la mutation numérique”, a dénoncé le premier syndicat du groupe.
ée de La Poste dans un bureau de Reims le 17 décembre 2013 (Photo : Francois Nascimbeni) |
La CGT juge également que “l’aspect social est aussi le grand absent de ce plan stratégique”.
“Les usagers comme les postiers ont du souci à se faire. Pour compenser la baisse du trafic courrier, le président dit vouloir faire de La Poste le +leader de la distribution de service à domicile+ en s’appuyant sur les réseaux de bureaux et de facteurs. Dans le même temps, il supprime par milliers le nombre de facteurs et l’objectif de 2014 est de se débarrasser de 400 bureaux de poste supplémentaires!”, dénonce le deuxième syndicat, SUD.
Côté social, SUD-PTT déplore “le peu d?éléments précis concernant le personnel” et “rien sur le niveau d’emploi: cette question est pourtant cruciale après les 80.000 suppressions d?emplois subies par les postiers en 10 ans”.
Quant au Pacte social annoncé par la direction, SUD dénonce l’expression “plus de flexibilité rebaptisée +agilité+, avec des amplitudes horaires plus longues et du travail le week-end”.
Pour FO, ce plan stratégique “reste allusif sur les choix et les transformations qui, inévitablement, vont toucher le quotidien du personnel : restructurations, mobilités, suppressions d’emplois?”.
“Il est étonnant d’exposer un projet qui se veut mobilisateur tout en différant de deux à six mois les annonces les plus attendues y compris la trajectoire financière. Les échéances électorales du printemps inciteraient-elles à la prudence?”, s’interroge Force Ouvrière qui parle d’un plan “gigogne et incomplet”.