érateur japonais NTT Docomo à Tokyo le 24 janvier 2014 (Photo : Yoshikazo Tsuno) |
[28/01/2014 12:59:11] Tokyo (AFP) Quelque 260.000 équipements dont 180.000 d’antennes-relais pour plus de 62 millions de clients accros à leur sacro-saint mobile: chez NTT Docomo à Tokyo, on doit être paré à tout, y compris au méga-séisme qui peut survenir à tout instant n’importe où au Japon.
Deux immenses murs d’écrans barrés de lignes rouges, violettes, vertes, bleues ou jaunes et plusieurs dizaines de techniciens manipulant chacun trois ou quatre ordinateurs, la scène est la même de jour comme de nuit au centre opérationnel de NTT Docomo à Tokyo. Idem dans un lieu identique redondant à Osaka (ouest).
“C’est une surveillance permanente, 24 heures sur 24, 365 jours par an, car fatalement, un jour ou l’autre, les équipements tombent tour à tour en panne”, explique Yoji Maruyama, directeur de la gestion des services de NTT Docomo, opérateur qui contrôle près de la moitié du marché nippon.
Avec ses concurrents SoftBank Mobile et KDDI (services “au”), NTT Docomo est un des rares opérateurs au monde à être tant préoccupé par la menace permanente d’un séisme ou autre catastrophe naturelle dans l’ensemble du territoire couvert. Lui et ses compatriotes sont les seuls à avoir déjà expérimenté un triple désastre: tremblement de terre, tsunami et catastrophe nucléaire.
“Le 11 mars 2011, les dégâts sur les réseaux dans la région du nord-est touchée étaient absolument considérables. Il était matériellement impossible de tout réparer dans des délais raisonnables”, assure M. Maruyama. Les routes étaient impraticables, il n’y avait plus de courant, des câbles étaient physiquement coupés, l’essence était introuvable, certains sites étaient interdits d’accès à cause de la radioactivité, énumère-t-il.
NTT Docomo a alors compris que les mesures prises jusqu’à ce jour était notoirement insuffisantes et a mis en place de nouveaux dispositifs depuis février 2012.
Une mission d’intérêt général
“Nous avons amplifié nos dispositions antidésastres, en installant de nouveaux systèmes: par exemple des antennes couvrant une très grande zone que l’on active pour remplacer les petites éventuellement détruites. Cela ne permet bien sûr pas de servir tous les clients, mais donne un moyen de communication aux pompiers, médecins, autorités et autres utilisateurs dits prioritaires”, détaille M. Maruyama.
L’opérateur tient également à la disposition des personnels de secours quelque 3.000 téléphones satellites ainsi que 19 camions relais qui peuvent ponctuellement couvrir une zone et adresser directement les signaux à un satellite en s’affranchissant ainsi du réseau terrestre amputé. Des batteries d’une autonomie de 24 heures ont été installées dans 1.900 stations de base/antenne-relais situées dans des lieux stratégiques.
L’opérateur, filiale de l’ex-géant public NTT, considère malgré son statut privé qu’il conserve une mission d’intérêt général.
“89% des autorités locales utilisent un système d’alerte que nous avons mis en place pour les désastres et ordres d’évacuation: la proportion a grimpé en flèche quand, après le sinistre de mars 2011, nous l’avons rendu gratuit”.
érateur japonais NTT Docomo à Tokyo le 24 janvier 2014 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Les deux centres, à Tokyo et Osaka, fonctionnent en parallèle: en temps normal, celui de Tokyo (200 personnes) gère un peu plus de la moitié du réseau, la partie est et nord, et celui d’Osaka (100 personnes), l’ouest et le sud. Si l’un est en péril, l’autre prend le relais en quelques secondes pour gérer seul l’ensemble du pays.
Reste qu’en cas de catastrophe, les capacités du réseau sont forcément dégradées tandis que les clients veulent absolument joindre leurs proches. Pour faire face à ce dilemme une messagerie a été créée. Elle permet à chacun de donner des nouvelles par un enregistrement vocal qui remplace une conversation téléphonique et est expédié à coup sûr sans encombrer le réseau.
De même, en cas de désastre, NTT Docomo est-il capable d’afficher en une heure sur son site internet la carte de l’état de fonctionnement de ses installations: “il avait fallu 6 heures, le 11 mars 2011”.
“Avec les moyens actuels et les redondances de matériels, 99% des problèmes sont résolus à distance”, assure M. Maruyama. Mais c’est un autre pourcentage qui préoccupe: selon les études du gouvernement, la région de Tokyo (35 millions d’habitants) a 70% de risques d’être frappée par un très violent séisme dans les trois décennies à venir.