à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, le 28 janvier 2014 (Photo : Damien Meyer) |
[29/01/2014 05:10:51] Paris (AFP) Le principal actionnaire de Mory Ducros, Arcole Industries, qui menaçait de renoncer à reprendre le transporteur de colis en raison de grèves sur certains sites, a finalement amélioré légèrement son offre mardi soir, sans pour autant convaincre les syndicats.
Sous l’égide du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, des discussions avec les syndicats dans la soirée de mardi à mercredi à Bercy, ont abouti au dépôt effectif d’une offre de reprise par Arcole Industries. “Ce dépôt à 23H58 est le gros acquis de la soirée”, a souligné le ministère. Sans quoi l’entreprise, en redressement judiciaire, aurait pu être liquidée.
Cette offre a en outre été légèrement améliorée puisqu’elle prévoit le maintien de 2 agences et 60 emplois supplémentaires, soit une total de 50 agences (sur 85 environ) et 2.210 salariés (au lieu de 2.150 évoqués jusqu’ici) sur plus de 5.000.
“Arcole a déposé son offre, on échappe à une liquidation judiciaire dès demain (mercredi, NDLR) matin”, a commenté Fabian Tosolini, porte-parole de la CFDT-Transports, mais l’actionnaire “a maintenu les clauses suspensives, l’offre reste donc fragile”, a-t-il ajouté. L’une de ces clauses est l’absence de mobilisation sociale d’ici au 31 janvier. “On ne peut pas décréter la levée d’actions de grèves que l’on n’a pas déclenchées. On ne peut empêcher les salariés de s’exprimer”, a estimé M. Tosolini.
à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, le 28 janvier 2014 (Photo : Damien Meyer) |
L’actionnaire “sait très bien qu’aucun syndicat n’a appelé à débrayer et n’a réellement la main sur les grèves”, a commenté à l’issue de la réunion Jérôme Vérité (CGT-Transports). En maintenant les clauses suspensives, “Arcole nous met dans une situation impossible en nous renvoyant la responsabilité”, “cela nous interroge vraiment sur sa volonté réelle de reprendre l’entreprise”, a-t-il ajouté.
Une autre condition est que l’entreprise conserve au moins 80% de son chiffre d’affaires à cette date.
Débrayages dans une quinzaine d’agences
Des débrayages ont affecté lundi et mardi le fonctionnement d’une quinzaine d’agences du transporteur de colis, numéro deux du secteur en France.
Les organisations syndicales, qui réclamaient que le principal actionnaire de Mory Ducros triple pratiquement le montant des indemnités supra-légales destinées aux 3.000 salariés qu’il ne prévoit pas de reprendre, n’ont en revanche rien obtenu de ce côté là.
à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes, le 28 janvier 2014 (Photo : Damien Meyer) |
Le groupe industriel spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté en est resté à sa proposition de 21 millions d’euros d’indemnités supplémentaires de licenciement (soit 7.000 euros par salarié), fruit d’une précédente négociation marathon à Bercy la semaine dernière. De son côté, l’administrateur judiciaire, qui n’était pas présent, dispose de 7 millions.
Arcole Industries, dont la proposition de reprise est la plus large a menacé mardi de la retirer si les employés ne reprenaient pas le travail.
“La situation sociale au sein de Mory Ducros s’est très sérieusement dégradée dans la journée d’hier (lundi, NDLR) sur quelques sites essentiels au bon déroulement de l’entreprise”, a averti le président du directoire d’Arcole Industries, André Lebrun, dans un courrier daté de mardi et adressé à M. Montebourg.
L’exploitation est “à l’arrêt quasi total sur deux régions importantes, le Nord-Pas-de-Calais et la région lyonnaise” et le siège “dans l’incapacité de fonctionner”, constatait M. Lebrun.
“Dans ces conditions, si la situation doit rester en l’état, notamment si la direction de l’entreprise reste paralysée, Arcole Industries sera dans l’incapacité de réitérer son offre dans le délai fixé par la procédure, soit avant ce soir minuit”, avait-il averti.
La CFDT et la CGT avaient dénoncé lundi un “chantage” d’Arcole Industries, qui avait démenti une menace de retrait de son offre.
La nouvelle proposition, qui s’appuie sur un prêt de l’Etat de 17,5 millions d’euros, doit encore être examinée vendredi par le tribunal de commerce de Pontoise (Val d’Oise). Ce dernier pourrait mettre sa décision en délibéré. L’avis des représentants du personnel doit auparavant être recueilli jeudi à l’occasion d’un nouveau comité d’entreprise.