èque Andrej Babis le 3 octobre 2013 (Photo : -) |
[29/01/2014 17:11:09] Prague (AFP) Le richissime homme d’affaires Andrej Babis, chef du mouvement populiste ANO nommé mercredi ministre tchèque des Finances, a séduit les électeurs par ses promesses de prospérité et de politique sans corruption.
A la tête d’une fortune évaluée l’an dernier à 1,5 milliard d’euros, il est le deuxième homme le plus riche du pays et le 736e dans le monde, selon Forbes.
D’origine slovaque, Andrej Babis, 59 ans, cheveux poivre et sel, clame sa volonté de “diriger l’Etat comme une entreprise”, faisant allusion au géant agroalimentaire Agrofert dont il est propriétaire.
Le grand hebdomadaire Reflex n’hésite pas à le qualifier de “Premier ministre bis”, prédisant des jours difficiles au chef du gouvernement, le social-démocrate Bohuslav Sobotka.
M. Babis prône une plus grande efficacité de l’administration, mais refuse toute hausse d’impôts. Il se dit partisan de l’euro, dont l’adoption n’est attendue à Prague qu’en 2019 au plus tôt.
Favorable à l’euro sans assumer la Grèce ni l’Espagne
“Je n’ai certainement pas de problème avec l’adoption de l’euro”, affirme-t-il, s’empressant d’ajouter: “Mais bien sûr, sans assumer la responsabilité pour la Grèce ou l’Espagne”.
On reproche souvent un conflit d’intérêt à l’encontre de ce patron devenu ministre des Finances, malgré sa récente décision de renoncer à ses responsabilités au sein d’Agrofert.
“J’ai signé moi-même ma propre lettre de licenciement”, a plaisanté Andrej Babis, patron d’une holding géante comptant plus de 200 entreprises,le 4e plus gros employeur du pays avec environ 27.000 salariés.
Peu avant la percée d’ANO aux législatives, il rachète le premier groupe médiatique local MAFRA, éditeur des principaux journaux du pays, Dnes et Lidove Noviny.
“Je suis plutôt vigilant face à ceux qui commencent leur carrière politique par le rachat des médias”, a déclaré à l’AFP le politologue Tomas Lebeda.
Hanté par son passé
La presse se montre parfois sévère avec celui qui “s’est procuré un parti politique et a racheté deux principaux journaux du pays pour qu’ils ne se trouvent pas sur son chemin”, note Reflex.
Selon le journal économique Hospodarske Noviny, M. Babis “est en train de créer ce qu’on appelle l’oligarchie”.
Le nouveau ministre des Finances est aussi hanté par son passé: son nom apparaît dans les dossiers de l’ex-police secrète communiste StB, mais il affirme y avoir été inscrit à son insu.
“Je n’ai jamais collaboré avec la StB. Même monté de toutes pièces, le dossier indique clairement que je n’ai transmis aucune information à la StB”, a-t-il déclaré à l’AFP.
En Slovaquie, où il a saisi la justice contre l’organisme qui détient les dossiers de l’ex-StB, un tribunal doit se réunir jeudi.
Né le 2 septembre 1954 à Bratislava, le jeune Andrej souhaite suivre l’exemple de son père, spécialisé dans le commerce extérieur.
“Je faisais des petits boulots depuis l’âge de 15 ans, je distribuais du lait, j’embarquais des paquets à la gare, je travaillais sur des chantiers”, se souvient celui qui, grâce à la carrière de son père, fréquente une école primaire à Paris, puis une école secondaire à Genève.
Dans les années 1980, il se lance lui-même dans le commerce extérieur, secteur qui lui permet de franchir régulièrement le rideau de fer.
Après avoir occupé un poste au Maroc de 1985 à 1991, il regagne son pays pour bâtir Agrofert et entrer en politique deux décennies plus tard.
“Je suis un homme riche. J’ai réalisé presque tous mes rêves. J’ai gagné beaucoup d’argent grâce à un travail honnête”, affirme ce père de quatre enfants, dont deux avec son actuelle compagne Monika, de 20 ans sa cadette.