La Société de la Tour Eiffel fait l’objet d’une OPA

76cefe7652045f556d9793a9cd933b2b9d814138.jpg
à Paris le 24 décembre 2013 (Photo : Francois Guillot)

[29/01/2014 21:51:09] Paris (AFP) Nouvelle péripétie dans l’histoire mouvementée de la Société de la Tour Eiffel: fragilisée par un conflit entre sa direction et son actionnaire principal, la foncière est la proie d’une OPA d’un montant de 300 millions d’euros, lancée par la mutuelle d’assurance SMABTP.

Mercredi soir, l’Autorité des marchés financiers a indiqué suspendre la cotation de la société autrefois exploitante du célèbre monument parisien éponyme et aujourd’hui spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, en raison du dépôt d’un projet d?Offre publique d?achat par SMABTP, sur son capital.

Ce coup de théâtre survient alors que la Société de la Tour Eiffel (STE) est en proie à un vif conflit entre sa direction actuelle et son actionnaire principal, l’investisseur Chuc Hoang, qui détient environ 29% du capital et des droits de vote, en son nom propre et via ses sociétés MI 29, Eurobail et Foncière Wilson.

M. Hoang a en effet attaqué au pénal trois dirigeants, M. Mark Inch et Robert Guy Waterland, respectivement président et directeur général de STE, ainsi que Renaud Haberkorn, son directeur général, en déposant plainte pour abus de biens sociaux. Il les accuse notamment d’avoir perçu des rémunérations excessives.

L’homme d’affaires a également cherché à débarquer la direction, mais a été débouté mi-novembre par le tribunal de commerce de Paris.

Dans ce contexte délicat, le premier assureur français du secteur du bâtiment et des travaux publics a affirmé mercredi soir vouloir redonner à sa cible “les moyens d?une stratégie attractive pour ses actionnaires”, mettant en cause frontalement celle menée par la direction actuelle de la Société de la Tour Eiffel.

La Société Mutuelle d?Assurance du Bâtiment et des Travaux Publics juge cette stratégie “réellement délicate et donc incertaine quant à ses résultats, pour la société et ses actionnaires”, car elle “suppose de compenser l?effet des cessions déjà faites et à venir par des acquisitions opportunistes et partenariales”.

“Face à une crise économique qui se prolonge en France, la Société de la Tour Eiffel a réduit son portefeuille d?actifs pour diminuer son endettement dans un marché de l?immobilier de bureaux aujourd?hui difficile, marqué par la baisse des loyers et des valorisations”, fait valoir la mutuelle d’assurance.

Elle estime que la renégociation à venir de “près de la moitié des loyers” des immeubles possédés par la foncière alimente l’incertitude quant à l’évolution de son action, dont les perspectives pour 2014 et 2015 “s?annoncent plus délicates, après un parcours boursier 2013 très honorable”.

Une offre peu attractive

Cette offre en numéraire, de 48 euros par titre, qui porte sur les 6.253.916 actions existantes, apparaît peu attractive car elle est inférieure au cours actuel de la société, qui a clôturé mercredi soir à 49,19 euros à la Bourse de Paris.

SMABTP estime néanmoins qu’elle constitue, pour les actionnaires actuels de sa cible, “une opportunité de réaliser leur investissement”. L’offre sera irrévocable à la condition qu’elle recueille au moins 51% du capital et des droits de vote, a-t-elle précisé.

A cette fin, la mutuelle d’assurance se dit prête à mener “un dialogue constructif avec la société et ses principaux actionnaires”. Contactée par l’AFP, la direction de la Société de la Tour Eiffel n’a pas souhaité s’exprimer mercredi soir.

Si l’actionnaire principal, M. Hoang, a affirmé à plusieurs reprises ne pas avoir l’intention d’acquérir le contrôle de la Société de la Tour Eiffel, il semble peu probable qu’il apporte ses titres. Il ne souhaitait pas, pour l’heure, faire de commentaires.

Fin octobre ce conflit avait fait avorter le rachat d’un immeuble d’environ 20.000 mètres carrés, situé à Malakoff (Hauts-de-Seine), une opération immobilière que M. Hoang jugeait contraire aux intérêts de la société. Le vendeur, Patron Capital Partners, avait abruptement mis fin aux négociations exclusives entamées un mois plus tôt.