Le Conseil d’Administration de la BCT a exprimé “son optimisme concernant la progression du processus politique et ses retombées positives sur l’amélioration de la visibilité pour les investisseurs et les institutions de financement, ainsi que sur le renforcement de la coopération avec les institutions financières internationales”.
Selon un communiqué de la Banque centrale de Tunisie, publié jeudi, le conseil a évoqué, “l’annonce du Conseil d’Administration du Fonds Monétaire International, de la conclusion de la dernière revue, dans le cadre de l’accord de confirmation conclu en juin 2013, et de sa décision, consécutivement, du déblocage d’un montant de 506,7 millions de dollars, en faveur de la Tunisie”.
Le CA de la BCT, réuni le 29 janvier 2014, s’est “félicité de la détente observée sur le plan politique en relation avec le progrès notable du processus transitionnel illustré, surtout, par l’adoption de la nouvelle Constitution et le vote de confiance accordé par l’Assemblée nationale constituante au nouveau gouvernement”,
“Ces développements positifs sont de nature à envoyer des messages rassurants, aux opérateurs économiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et à contribuer à un regain de confiance, ainsi qu’à préparer le terrain favorable à l’amélioration du climat des affaires et à la reprise du rythme de l’activité économique et de la croissance”.
Des indicateurs en deçà des objectifs escomptés
Le Conseil a examiné les principales évolutions sur le plan économique et financier, à travers l’analyse des derniers indicateurs économiques, monétaires et financiers et qui ont été globalement en deçà des objectifs souhaités.
Ainsi, il est prévu de réaliser un taux de croissance entre 2,6% et 3% pour l’année écoulée, avec une persistance des pressions sur les équilibres financiers, sachant que les estimations actualisées du Budget économique pour l’année 2014, font état d’un taux de croissance attendu de l’ordre de 3,8%, sur fond d’une amélioration anticipée de la demande intérieure, surtout en matière d’investissement, outre l’évolution positive de la demande extérieure.
Cette amélioration de l’activité économique devrait concerner surtout le secteur agricole qui a été affecté par les facteurs climatiques défavorables qui ont prévalu en 2013, et le secteur des services, notamment le tourisme qui a affiché de faibles résultats au cours de la même année (-0,2% pour les nuitées, 5,3% pour les entrées et 1,7% pour les recettes).
En outre, une hausse du rythme de la production dans le secteur industriel est prévue surtout dans les industries exportatrices et dans les secteurs qui ont été affectés par l’arrêt de l’activité de production et du transport, à l’instar des industries non manufacturières (-0,8% au terme du mois de septembre 2013 contre 4,6% une année auparavant), en particulier dans le secteur des mines.
A ce titre, le Conseil a considéré que la réalisation de ces objectifs nécessite une persévérance accrue de la part de toutes les parties prenantes, afin d’instaurer un climat social, politique et sécuritaire sain et stable permettant aux entreprises économiques de rétablir les pré-requis en matière de productivité et de compétitivité.
Pour ce qui est de l’évolution des prix, le Conseil a observé un retour des tensions inflationnistes après une certaine détente enregistrée au cours des derniers mois, ce qui a porté le taux d’inflation à 6,1% en moyenne en 2013, contre 5,6% un an plus tôt, sous l’effet, surtout, de la hausse des prix des produits alimentaires (8% contre 7,5%).
Une inflation de 6,4%
L’inflation de base (hors produits encadrés et frais) a également connu une tendance similaire pour se situer au niveau de 6,4% contre 5,4% en 2012. Ces évolutions constituent un grand défi pour l’économie nationale durant l’année en cours, qui requiert la conjugaison de tous les efforts afin de rationaliser les coûts de production et maîtriser les circuits de distribution, outre les mesures adéquates au niveau de la politique monétaire.
S’agissant du secteur extérieur, le Conseil note la poursuite des pressions sur la balance des paiements, avec un déficit courant se situant à 8,3% du PIB au terme de l’année 2013 (contre 8,2% un an plus tôt), sachant que le déficit commercial a enregistré une hausse de 1,5%, d’une année à l’autre, et ce malgré le ralentissement du rythme des échanges commerciaux avec l’extérieur.
En conséquence, les avoirs nets en devises ont clôturé l’année 2013 à 11,6 milliards de dinars, ou l’équivalent de 106 jours d’importation, contre 12,6 milliards de dinars pour 119 jours à fin 2012. Ces avoirs ont atteint environ 11,2 milliards de dinars (ou 102 jours d’importation) le 28 janvier 2014, niveau qui demeure acceptable compte tenu des difficultés relatives au secteur exportateur, d’une part, et à la mobilisation des ressources extérieures, d’autre part.
Au plan monétaire, le Conseil note la relative détente de la situation de la liquidité bancaire enregistrée au cours de l’année écoulée par rapport à l’année 2012, ce qui a réduit l’intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire au niveau de 4.3 milliards de dinars, en moyenne, contre 4,5 milliards de dinars une année auparavant.
Aussi, le maintien des besoins en liquidité des banques à un niveau élevé s’est-il traduit par la hausse du taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire pour s’élever à 4,59% en 2013 contre 3,75% l’an passé.
En revanche, au début de l’année en cours, les taux d’intérêt ont baissé revenant à 4,72%, en moyenne quotidienne sur le marché monétaire, au mois de janvier contre 4,74% en décembre dernier.
Ces évolutions reflètent, selon le communiqué, les différentes mesures prises par la Banque Centrale durant l’année précédente en vue d’atténuer les pressions exercées sur la liquidité bancaire et d’en améliorer la gestion sur le marché interbancaire, et plus particulièrement le relèvement du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale de 50 points de base passant de 4% à 4,5% et ce, essentiellement afin de réduire l’écart négatif entre le taux d’intérêt et le taux d’inflation, outre la réduction du taux de la réserve obligatoire des banques de 2% à 1%.
La valeur du dinar s’améliore…
L’examen de l’activité du secteur bancaire a permis au Conseil d’administration de la BCT de constater un ralentissement du rythme d’évolution de l’encours des dépôts en 2013 (7,8% contre 10,7% en 2012), suite, notamment, à la décélération de l’encours des dépôts à vue et des comptes d’épargne. Parallèlement, les concours à l’économie ont évolué à un moindre rythme comparativement à l’année précédente (6,8% contre 8,8%).
Pour ce qui est de l’évolution du taux de change, la BCT a relevé l’amélioration qu’a connue la valeur du dinar avec une hausse de 3,3% et 2,5%, enregistrée respectivement contre l’euro et le dollar américain depuis le début de l’année en cours, atteignant 2,1947 dinars et 1,6059 dinars, à la date du 29 janvier, et ce après avoir accusé, au terme de l’année 2013, un repli de 9,7% vis-à-vis de l’euro et 5,8% contre le dollar, par rapport à la fin de l’année dernière. La valeur du dinar avait atteint, au cours des deux derniers mois de l’année écoulée, des niveaux minimum de 1,6830 dinar contre le dollar et 2,3024 dinars vis-à-vis de l’euro, sur le marché des changes interbancaire.
Par ailleurs, le Conseil de la BCT a insisté sur l’importance des enjeux pour la période future et qui portent, surtout, sur l’accélération du rythme de la croissance, les créations d’emploi et le développement intégré, et les défis majeurs qui devraient être relevés, au premier rang desquels figurent les réformes économiques et financières nécessaires et urgentes afin de ramener l’économie nationale sur un sentier de croissance forte et équilibrée, et a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque centrale.
Le Conseil a passé, ensuite, en revue les évolutions récentes de la conjoncture économique internationale constatant l’amélioration des perspectives de l’économie mondiale, comme le signalent les prévisions du FMI et de la Banque mondiale publiées récemment. Celles-ci font état d’une consolidation attendue de la croissance économique durant l’année en cours et l’année prochaine, notamment dans les pays industrialisés, en particulier dans la Zone euro qui pourrait retrouver un rythme de croissance positif à partir de cette année, après deux années consécutives de récession économique.