Shell promet cessions et économies, les forages en Alaska touchés

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Le logo de Shell (Photo : Carl Court)

[30/01/2014 19:07:06] Londres (AFP) Décidé à redresser la barre après une chute du bénéfice, le nouveau patron de Shell a promis jeudi de vastes cessions d’actifs et une réduction des investissements, qui passera en premier lieu par l’arrêt cette année des forages en Alaska.

“Notre rythme a ralenti en 2013. Nous devons améliorer nos résultats financiers”, a insisté jeudi Ben van Beurden en dévoilant une chute des profits du géant pétrolier anglo-néerlandais.

L’an dernier, le bénéfice net du groupe s’est ainsi effondré de 39% à 16,371 milliards de dollars. Sur le seul quatrième trimestre, la chute est encore plus vertigineuse : -74% à 1,781 milliard. En cause notamment, l’insécurité au Nigeria, où il est le premier producteur, les pertes de ses activités aux Etats-Unis et la pression sur les marges dans le raffinage.

Indicateur clé pour le marché, le bénéfice à coûts courants (CCS) – qui exclut notamment la variation de valeur des stocks d’hydrocarbures – a chuté de 38% à 16,745 milliards sur l’année et de 71% sur le trimestre à 2,152 milliards. Ces chiffres sont conformes à ceux donnés il y a deux semaines dans le cadre d’un avertissement sur résultats choc lancé par Shell afin de déminer le terrain de la présentation des résultats.

M. van Beurden, qui a remplacé Peter Voser à la tête de Shell le 1er janvier, a donc pu se concentrer jeudi sur les mesures qu’il entend prendre afin de redresser la barre de la rentabilité.

“Notre stratégie globale reste solide mais 2014 sera l’année où nous mettrons l’accent sur l’amélioration de nos retours sur investissement et de la performance en terme de cash flow”, a-t-il insisté. “Nous devons faire des choix difficiles au sein de notre portefeuille mondial afin d’améliorer l’efficacité capitalistique de Shell”, a-t-il ajouté.

L’ancien patron de la branche aval a ainsi promis que Shell céderait au total 15 milliards de dollars d’actifs en 2014 et 2015 et réduirait ses investissements cette année à 37 milliards de dollars contre 46 milliards l’an dernier.

A la Bourse de Londres, ces annonces étaient bien reçues. Le titre “A” de Shell prenait 3,03% à 2.190 pence, tout comme le titre “B” à 2.310,5 pence, vers 10H10 GMT, dans un marché en repli de 0,37%. “Le message du directeur général est globalement, selon nous, ce que le marché voulait entendre”, ont commenté les analystes d’Investec.

Arrêt des forages en Alaska

La première victime de cette volonté de réduire les coûts va être le programme d’exploration en Alaska, contre lequel les organisations écologistes sont vent debout. Une cour fédérale a jugé la semaine dernière que le gouvernement américain avait fourni des informations inadéquates lors de l’octroi de licences dans la région, dressant ainsi “des obstacles substantiels” pour la poursuite des forages.

“Le manque de clarté fait que je ne suis pas prêt à engager de nouvelles ressources pour forer en Alaska en 2014”, a déclaré M. van Beurden. Interrogé par l’AFP sur une date de reprise des forages, un porte-parole du groupe s’est refusé à tout commentaire. Le programme de Shell en Alaska a déjà pris plusieurs années de retard. Le groupe avait notamment été contraint en 2012 de repousser ses forages après un problème sur un navire. Shell, qui avait participé au développement de l’extraction pétrolière en Alaska dès les années 1950, s’était retiré de la région à partir de 1997 mais a recommencé à y investir des milliards de dollars ces dernières années.

Concernant les cessions d’actifs, le géant pétrolier a déjà annoncé ces derniers jours la vente de ses participations dans un projet de gaz naturel liquéfié (GNL) et dans un gisement en Australie pour 1,135 milliard de dollars et celle d’une part de 23% du gisement brésilien Parque das Conchas (BC-10) pour environ un milliard de dollars.

La décision de Shell de cesser ses forages en Alaska a été saluée jeudi par les groupes environnementaux.

“Shell reconnaît finalement ce que nous disons depuis longtemps à savoir que le forage offshore dans l’Arctique est risqué, coûteux et tout simplement pas un bon investissement d’un point de vue d’une entreprise”, a déclaré une responsable de l’organisation Oceana, Jacqueline Savitz, interrogée par l’AFP.

Pour Greenpeace International, “l’échec de Shell dans l’Arctique est suivi de près par d’autres compagnies pétrolières qui doivent maintenant conclure que cette région est trop éloignée, trop hostile et trop iconique pour ce vaille la peine d’y faire de l’exploration”.