La déflation s’est apaisée en 2013 au Japon des “Abenomics”

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à Tokyo le 26 juillet 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[31/01/2014 07:21:17] Tokyo (AFP) Bon point pour le Premier ministre Shinzo Abe: les prix au détail ont progressé au Japon en 2013 pour la première fois depuis cinq ans, mais attention, sa politique écononomique “Abenomics” devra bientôt affronter une hausse de taxe.

Le gouvernement a annoncé vendredi que les prix à la consommation, hors ceux des produits périssables, avaient progressé de 0,4%, ce qui n’était pas arrivé depuis 2008 lorsque la crise financière internationale avait fait rechuter l’économie japonaise dans la déflation.

L’archipel subit peu ou prou ce phénomène pernicieux qui décourage l’investissement depuis une quinzaine d’années et M. Abe, revenu au pouvoir il y a un an, a juré d’y mettre un terme pour faire redécoller la troisième puissance économique mondiale.

La prudence s’impose toutefois face à cette augmentation statistique qui provient en bonne part d’une hausse des tarifs de l’énergie (électricité, gaz, essence).

Les hydrocarbures dont a besoin le Japon, a fortiori depuis l’accident de Fukushima qui a entraîné l’arrêt du parc nucléaire, sont importés nettement plus chers à cause de la dépréciation du yen. La monnaie japonaise s’est en effet dévalorisée d’environ un quart face au dollar et à l’euro l’an passé, en raison d’un assouplissement monétaire considérable de la politique de la Banque du Japon qui veut créer une inflation vertueuse de 2%.

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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 21 janvier 2014

Outre l’effet statistique, cette évolution des monnaies a des répercussions positives pour les grandes sociétés japonaises, dont les revenus à l’étranger sont mécaniquement augmenté, au grand bonheur des entrepreneurs. En décembre, la production industrielle a encore grimpé de 1,1% sur un mois, tirée aussi par une relative embellie dans les économies étrangères clientes du Japon.

Mais la chute du yen a aussi pour effet de renchérir indirectement les factures de gaz et électricité des ménages et le prix de l’essence à la pompe, ce qui amoindrit le pouvoir d’achat des salariés dont la consommation constitue un moteur important de l’activité.

En décembre, les foyers dont le chef est salarié ont du coup réduit de 2,3% leurs dépenses d’une année sur l’autre. Pris dans leur ensemble, les ménages japonais ont certes augmenté leurs achats, mais l’attitude des salariés est particulièrement scrutée, au moment où une hausse de la taxe sur la consommation va amputer encore leur pouvoir d’achat, si leurs revenus ne suivent pas la même évolution.

Pleins feux sur les salaires

Au 1er avril, cette taxe équivalente à la TVA française va passer de 5% à 8% afin d’augmenter les recettes de l’Etat dont la dette approche les 250% du produit intérieur brut (PIB), une proportion inégalée parmi les pays développés.

Un surcroît d’achats s’est déjà amorcé quelques mois avant cette échéance, nombre de consommateurs voulant profiter du taux bas actuel pour acheter des voitures, de l’électroménager, etc.

Mais un retour de bâton est prévu dès le mois d’avril, d’abord parce que les consommateurs auront anticipé certaines acquisitions, ensuite parce que leur pouvoir d’achat risque d’être amoindri.

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Conscient du risque, le gouvernement Abe appelle à cor et à cri le patronat à donner un coup de pouce aux salaires. La principale fédération d’employeurs, le Keidanren, s’est dite favorable à un tel geste dans les entreprises en bonne santé.

Les négociations annuelles patrons-syndicats du printemps seront donc conduites sous pression, mais les augmentations espérées pourraient de toute façon n’être que partielle, car tous les salariés ne seront pas concernés.

Les autorités espèrent quand même que la baisse régulière du chômage, qui a chuté en décembre à son plus bas niveau en six ans (3,7%), favorisera des hausses de rémunération.

“Le tableau général de l’économie japonaise s’améliore, mais il s’agit d’une éclaircie et pas encore du plein soleil”, image Takeshi Minami, économiste à l’institut de recherche Norinchukin.

Constituée de trois “flèches” (dépenses budgétaires, assouplissement monétaire et réformes structurelles), la politique de M. Abe a certes marqué des points à la Bourse, mais elle doit encore convaincre les classes moyennes.