Grèce : “l’économie du café frappé” pour résister à la crise

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ènes, le 30 janvier 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[31/01/2014 11:22:13] Athènes (AFP) La Grèce rêve de start-up innovantes pour relancer son économie mais ce sont des cafés, snack-bars et restaurants qui fleurissent dans ses villes entre les mains de néophytes qui tentent ainsi de défier la crise.

Mariza Papasmiri espère commencer à servir ses premiers ouzo courant février, dans l’étroite salle encore en travaux d’une rue tranquille d’Athènes.

La jeune femme de 36 ans, qui cumulait son métier de graphiste et un emploi de barmaid, a sauté le pas: “Je gagnais 1.600 euros en travaillant sept jours sur sept et le soir. Les commandes se sont raréfiées. Je me suis dit que j’allais essayer de me créer une activité fixe, sans plus dépendre de personne”.

Elle a donc fait comme un quart des entrepreneurs du pays, qui choisissent actuellement le secteur de la restauration pour se lancer, selon une étude récente du think-thank Endeavor, promoteur de la création d’entreprises innovantes.

En 2012, sur 42.347 nouvelles sociétés démarrées en Grèce, plus de 10.000 étaient des cafés, snack-bars, restaurants, commerces d’alimentation, relevait encore Endeavor.

En 2008, à l’aube de la crise, ce secteur d’activité, pourtant déjà florissant en Grèce, n’arrivait qu’en 5e position des 55.000 entreprises créées, derrière la construction, le commerce de vêtements, l’immobilier et le consulting.

“Nous sommes donc loin d’avoir basculé dans le nouveau modèle de croissance dont le pays a besoin, basé sur des activités à forte valeur ajoutée”, soupire Harris Makryniotis, responsable d’Endeavor.

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électricien travaille à transformer un petit commerce en snack bar, à Athènes, le 30 janvier 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki)

Des dizaines d’organismes de soutien aux start-up innovantes, d’incubateurs d’entreprises, de prix de soutien à l’entrepreunariat ont pourtant vu le jour ces deux dernières années en Grèce, et accompagné quelques belles réussites économiques.

“Malheureusement, les Grecs n’ont pas le sens du collectif, du projet en commun. Ils ont du mal à faire confiance, craignent la corruption, la faiblesse de l’Etat”, analyse M. Makryniotis. Et iraient donc au plus simple: le fast-food.

“Entreprise de nécessité”

Lors de la publication de l’étude d’Endeavor, le magazine économique Capital.gr se lamentait de voir le pays enraciné dans “l’économie du café frappé”, en référence à l’une des boissons favorites des Grecs.

Tentant lorsqu’on sait que “malgré la crise, les Grecs auront toujours quelques euros à dépenser dehors, ils ne restent pas chez eux, c’est culturel”, observe Mariza Papasmiri.

La chambre des professionnels d’Athènes (EAA) a même donné un nom à cette éclosion d’établissements en tout genre, allant du populaire vendeur de souvlaki – brochette enveloppée dans un pain pita – aux bars à cocktail tendance.

C’est “la petite entreprise de nécessité”, celle qui permet au chômeur de dégager “un revenu quotidien de survie” pour un investissement minimum, résume son président Yiannis Hatzitheodossiou.

La fermeture de milliers de magasins à travers la Grèce, la chute des loyers ont favorisé ces reconversions. Sur internet, le matériel de bar d’occasion se revend à prix cassé, affirme M. Hatzitheodossiou.

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à Athènes, en Grèce (Photo : Louisa Gouliamaki)

“C’est simple, explique Hasdai Capon, adjoint chargé du Développement à la mairie de Salonique, quand un commerce ferme, nous sommes sûrs à 90% que c’est un bar ou café qui ouvrira”.

A Athènes, 1.751 nouveaux établissements ont vu le jour en 2011, 1.762 en 2012, 1.820 en 2013, selon l’EAA. Dans la seule banlieue de Halandri, 23 licences ont été délivrées à des cafés en 2011, 45 en 2012, 40 en 2013 auxquelles s’ajoutent une vingtaine de demandes en cours.

La durée de vie des établissements est variable. Derrière son comptoir en béton ciré, Katerina a l’impression d’avoir passé le cap critique. Son bar, ouvert en juillet 2012 dans le quartier athénien de Pangrati, semble avoir trouvé son public.

Licenciée en 2011, cette mère de famille de 46 ans avait hésité, après 25 ans dans l’industrie pharmaceutique, à “partir à l’étranger” ou “s’installer sur une île”.

L’ouverture du “Small8” l’a finalement retenue dans la capitale: 90m2 loués 700 euros, un emprunt de 50.000 euros et beaucoup de sueurs froides au démarrage : “Aujourd’hui, vu les conditions, je n’aurais aucune envie de reprendre un emploi salarié dans le privé”.