Santé – Environnement : Un projet ANGED-FEM pour l’éliminer les déchets d’activités sanitaires

Par : TAP

dechet-sanitaire-680.jpgLa Tunisie génère environ 16.000 tonnes de déchets d’activités de soins (DAS) par an, dont 7.000 tonnes sont des déchets dangereux et à risques, et 9.000 tonnes sont assimilées aux ordures ménagères; 40% de ces déchets sont générés dans le Grand Tunis, selon un rapport de l’ANGED (Agence nationale de gestion des déchets).

Pour l’amélioration du traitement de ces DAS, un projet financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le plus important bailleur de fonds pour les projets visant à améliorer l’environnement, a été mis en place.

Sa mise en œuvre, pilotée par l’ANGED et impliquant divers départements ministériels (Santé, Défense, l’Intérieur…), a démarré le 29 janvier 2013 et se poursuivra jusqu’en 2017.

Concrètement, le projet vise à traiter, jusqu’en 2017, 3.200 tonnes par an de DAS dangereux. Parallèlement, il porte sur le lancement d’actions de sensibilisation, l’élaboration d’une norme tunisienne pour la gestion des DAS et des manuels spécifiques, la formation en gestion des DAS et l’acquisition de locaux de stockage et d’équipements de collecte.

L’ANGED a organisé, jeudi 30 janvier à Gammarth, dans le cadre de ce projet, le premier atelier d’information sur la réglementation relative à la gestion des DAS.

Destiné à tous les acteurs impliqués dans la production et tous les services de manipulation des déchets sanitaires, le projet FEM a pour principal objectif de mettre en place des équipements et des mécanismes appropriés à l’élimination correcte des DAS et partant la réduction des risques d’infection et la prévention contre les impacts de ces déchets sur l’environnement et la santé humaine.

Il vise également à réduire la quantité des germes pathogènes présents dans les déchets, maîtriser les risques de toxicité des déchets et finalement en réduire le volume.

Du matériel contaminé déversé dans les décharges

L’élimination sans précaution des déchets d’activité de soins (seringues et aiguilles contaminées par exemple) est source de danger pour la santé publique.

Le matériel d’injection contaminé est déversé, anarchiquement, dans les décharges et les dépôts d’ordures, à l’exemple de la décharge de Jebel Borj Chakir, où quelque 500 chiffonniers font de la récupération et vendent les déchets réutilisables, y compris les DAS.

Des photos prouvant le déversement de ce type de déchets dans des dépotoirs anarchiques et des milieux naturels, ont été exposés durant l’atelier de l’ANGED.

Depuis la révolution, la perturbation des systèmes de gestion des déchets en général et l’absence de contrôle ont donné libre cours à des pratiques irresponsables et d’atteinte à l’environnement et à la santé des citoyens.

Des ONG ont multiplié les appels et dénoncé, preuves à l’appui (vidéos, photos..), les pratiques de certains établissements sanitaires qui déversent leurs déchets dangereux dans des milieux naturels non protégés et malheureusement accessibles aux enfants. Or, ces pratiques sont illégales en vertu de deux principaux textes réglementaires en vigueur en Tunisie.

La loi 1996-41 de 1996, relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur élimination, stipule le principe du pollueur-payeur.

Le décret 2008-2745 fixe les conditions et les modalités de gestion des déchets des activités sanitaires outre l’arrêté conjoint des ministères chargés de l’environnement et de la santé du 23 juillet 2012 relatif au manuel de procédure de la gestion des DAS dangereux.

En plus, la Tunisie est signataire de la Convention de Stockholm, adoptée en 2001 et visant à éliminer ou à restreindre la production de tous les polluants organiques persistants, qui s’accumulent dans les organismes vivants et se propagent dans l’environnement sur de grandes distances.

Actuellement plusieurs technologies de traitement sont appliquées dans le monde pour se débarrasser convenablement de ces déchets (incinération, technique de désinfection des DASRI “Déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés”, traitement au micro-onde …).

Afef Makni Siala, coordinatrice des activités de gestion des DAS du projet FEM, a reconnu, dans son intervention, photos à l’appui, que les établissements hospitaliers publics et privés “sont encore peu sensibilisés à l’importance de la gestion appropriée des DAS”.

Incinération de DAS dangereux sur le toit d’une clinique!

La responsable a évoqué l’exemple d’une clinique qui se débarrasse de ses déchets de soin en les incinérant dans un conteneur métallique sur le toit de l’établissement, ce qui n’est pas conforme aux normes environnementales.

Elle a aussi fait état, dans son exposé, d’une quasi- absence du tri sélectif à l’amont, du conditionnement inapproprié des déchets à risques et de mélange des déchets hospitaliers avec des déchets ordinaires.

Pire, une société privée de santé dans le gouvernorat de Ben Arous jette ses déchets de soins dans la rue, selon un rapport soumis au ministère de la Santé publique par la municipalité de Ben Arous et évoqué, à cette rencontre, par le représentant du département du ministère.

Or, jetés dans les milieux naturels sans protection, ces déchets, tels que les déchets des centres de dialyses et des bains de fixation (déchets des centres de radiologie) s’infiltrent dans le sol et peuvent avoir des impacts sur l’environnement et la santé des communautés.

Les enfants, sujets les plus exposés aux risques des DAS

Lorsque l’accès aux décharges n’est pas restreint, les enfants peuvent entrer en contact avec des déchets contaminés et jouer avec des aiguilles et des seringues qui ont déjà servi.

Les études épidémiologiques indiquent, d’après le site de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), qu’après piqûre accidentelle avec une aiguille utilisée pour un patient infecté, le risque d’être infecté par le virus de l’hépatite B (HBV) est de 30%.

En Tunisie, pour un réseau d’établissements de santé composé, d’après le site du département de la SP, de 2.263 établissements publics, 3 hôpitaux militaires, 1 hôpital des forces de sécurité, 6 centres d’hémodialyses et 3.371 établissements privés (cliniques), dont 100 centres d’hémodialyse, seulement 24 entreprises sont spécialisées et autorisées par le département de l’Environnement pour collecter et traiter les DAS.

WMC/TAP