Les hommes d’affaire français remettent un pied en Iran

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ésident de Medef International, à Paris le 11 avril 2013 (Photo : Jacques Demarthon)

[04/02/2014 11:43:03] Téhéran (AFP) Ils sont venus, ils sont -presque- tous là: des hommes d’affaire français sont venus préparer le terrain à une reprise des relations commerciales avec le gigantesque marché iranien, espérant un accord global sur le nucléaire et la levée des sanctions.

La délégation menée par le Medef International, une branche de la première organisation patronale française, a emmené 116 représentants de diverses entreprises.

C’est le plus gros contingent économique de l’Union européenne à venir en Iran depuis la conclusion de l’accord intérimaire sur le programme nucléaire iranien en novembre. Seuls les Turcs étaient plus nombreux, et au niveau ministériel, lors de la visite du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan fin janvier, souligne un diplomate occidental.

Les Français ont participé mardi à des tables rondes professionnelles avec des sociétés iraniennes. “Une sorte de speed-dating”, souffle l’un d’eux. Ils visiteront mercredi plusieurs sites industriels avant leur départ.

Grands groupes et PME

“Parmi la délégation, nous avons de grands groupes (Total, Lafarge, Peugeot…) mais aussi des PME”, explique à l’AFP Thierry Courtaigne, vice-président de Medef International.

“Certains viennent pour actualiser leurs dossiers, prendre des contacts, dit-il. Certaines entreprises se demandent déjà quand elles reprendront leurs affaires en Iran, d’autres sont à la recherche d’opportunités”.

Les représentants viennent notamment des secteurs pétrolier, automobile, agroalimentaire, pétrochimique, aéronautique ou médical, jugés prioritaires par les Iraniens pour relancer leur économie.

Il y a même l’AJ Auxerre, qui souhaite montrer aux responsables de clubs de football le “savoir-faire (du club bourguignon) en terme de formation des joueurs”.

Certains grands groupes n’ont pourtant pas fait le voyage, préférant la discrétion.

Mais les conditions de cette visite sont claires, alors que la République islamique est toujours sous le coup de sanctions internationales, notamment un embargo pétrolier et bancaire.

“Les représentants étaient informés dès le début de l’accord intérimaire. On ne s’amuse pas avec la réalité”, affirme M. Courtaigne soulignant que “ça n’existe pas de signer des contrats du jour au lendemain. Et de toute façon, nous ne pouvons pas signer de contrat sans un accord” sur la levée des sanctions financières.

L’accord de Genève entré en vigueur le 20 janvier ne concerne que l’industrie automobile, l’aéronautique, l’or et les métaux précieux ainsi que les exportations pétrochimiques.

“Très bon accueil”

“Les Français l’ont bien compris, toutes les conditions techniques doivent être réunies pour reprendre les relations commerciales”, renchérit Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d’automobile (CCFA). Il souligne le “manque de visibilité” alors que l’accord prend fin en juin.

Depuis 2012, l’UE interdit à Téhéran l’accès au réseau Swift, ce qui bloque les flux financiers et empêche notamment l’Iran de rapatrier ses pétrodollars. Mais les entreprises implantées en Iran sont également incapables de rapatrier leurs bénéfices, ou de payer leurs fournisseurs étrangers.

Il y a pourtant un énorme marché à reprendre, avec ses 75 millions d’habitants. L’Iran n’est pas seulement un pays de consommation, mais aussi d’exportation dans la région.

Selon les chiffres de l’administration iranienne, les exportations françaises en Iran qui représentaient 1,8 milliard de dollars en mars 2005, peu avant la relance du programme nucléaire de Téhéran, avaient baissé de moitié en mars 2013.

Cette visite “est un signe de bonne volonté avec près de 120 entreprises qui veulent investir, créer des emplois, si les conditions sont réunies”, assure Patrick Blain.

Plusieurs participants, qui ne souhaitent pas dévoiler le nom de leur société, confirment. “On revient si les canaux financiers sont sécurisés”, affirme un manufacturier de pneus. “Tant que l’Iran n’est pas revenu dans le système bancaire, il n’y a pas de possibilité”, affirme le délégué d’une banque d’affaire.

En tout cas, les autorités iraniennes ont réservé “un très bon accueil” aux représentants français, selon une source proche de la délégation. “Les Iraniens sont très intéressés: en bref, ils nous disent +venez, tout est à prendre+”, affirme l’un des participants.

Le ministre iranien de l’Industrie, Mohammad Reza Nematzadeh, cité par la télévision d’Etat mardi, a assuré que le volume des échanges entre Paris et Téhéran pouvait même “atteindre plus de cinq milliards de dollars” à terme.