Quatorze ans après son dernier investissement (Best Lease, créée en 1999) et trois ans après la chute du régime Ben Ali, Dallah Al Baraka se remet en mouvement en Tunisie. Le groupe opéré par l’homme d’affaires saoudien Cheikh Salah Kamel investi de nouveau en Tunisie, après avoir en quelque sorte mis le pays entre parenthèses pendant plusieurs années.
En effet, l’homme d’affaires saoudien n’a pas visité notre pays pendant exactement cinq ans, probablement en raison de la dégradation de ses relations avec «l’homme du 7 novembre». Sa dernière rencontre avec Zine El Abidine Ben Ali remonte à janvier 2007, durant laquelle il avait fait part à l’ancien président de son intention d’étendre ses activités à l’ensemble du continent africain à travers la création d’une société d’investissement qui ferait appel à des cadres tunisiens.
Et c’est seulement en février 2012 que le président du Groupe Dallah Al Baraka a remis les pieds en Tunisie. A cette occasion, il est notamment reçu par le président Moncef Marzouki. Se félicitant «de la transition démocratique en Tunisie qui a atteint les objectifs de la révolution en matière de lutte contre la corruption et de consécration du développement, et permettra à la Tunisie de retrouver sa place sur la scène arabe et africaine», le patron de Dallah Al Baraka proclame la disposition de son groupe à investir en Tunisie, en dépit «des entraves liées à la propagation de la corruption avant la révolution». Ce qui donne à penser qu’il a lui aussi souffert de l’appétit vorace de Ben Ali et de son clan. Et c’est parce que le spectre de la corruption «étatisée» s’est, a priori, dissipé que Cheikh Salah Kamel a réintroduit la Tunisie dans son radar.
Son premier projet y consiste d’abord à donner une forte impulsion au navire amiral du groupe, Al Baraka Bank, dont la transformation en banque onshore, conformément à l’agrément obtenu en janvier 2013, après l’avoir attendu depuis la création de cette institution en 1983, a été concrétisé cette semaine. La banque, qui projette d’ouvrir cinquante agences au cours des cinq prochaines années et se donne dix ans pour décrocher 5% de part de marché a bénéficié d’un dépôt de 120 millions de dollars de Cheikh Salah Kamel afin servir ce projet.
Dallah Al Baraka Group (actif aussi dans l’assurance –Best Ré-, le leasing –Best Lease (introduite en bourse en octobre 2013)-, les loisirs –Par de Loisirs Dahdah-, les zones industrielles –Parc d’Activités Economiques de Bizerte- et l’organisation de salons et foire -Foire Internationale du Kram) projette également d’initier un nouveau projet immobilier, en l’occurrence une nouvelle cité s’étendant sur 280 hectares sur la portion des Berges du Lac la plus proche du centre de Tunis.
Le groupe attend l’agrément du master plan de ce nouveau quartier d’affaires remis au gouvernement après en 2012. Surtout, le groupe saoudien est fortement intéressé par le développement d’un méga projet immobilier sur les Berges du Lac Sud de Tunis jadis affecté à Sama Dubaï et que les autorités tunisiennes formalisent l’annulation du contrat avec ce groupe émirati ainsi que l’avènement d’un gouvernement stable en Tunisie pour manifester officiellement l’intérêt de la Société de Promotion du Lac de Tunis (SPLT), joint-venture à parités égales entre Dallah Al Baraka et l’Etat tunisien.
Et la Banque Zitouna au sein de laquelle plusieurs personnalités proches du groupe ont été nommées après le 14 janvier 2011? D’après une source interne, le groupe se déclare –encore- pas intéressé par la reprise de la banque fondée par Sakher El Materi, gendre de l’ancien président Ben Ali.