à Marikana le 30 janvier 2013 (Photo : Alexander Joe) |
[05/02/2014 20:03:10] Johannesburg (AFP) Les producteurs sud-africains de platine ont annoncé mercredi la rupture des négociations avec les mineurs en grève depuis deux semaines, sans fixer aucune date pour la reprise des discussions.
Les pourparlers avec le syndicat Amcu, majoritaire dans le secteur du platine, “ont été ajournés, les parties étant incapables de s’entendre sur un accord”, ont indiqué les trois principales sociétés productrices de platine dans un communiqué.
Quelque 80.000 mineurs de la “ceinture de platine” sud-africaine autour de Rustenburg (nord) sont en grève depuis le 23 janvier, à l’appel d’Amcu, chez les trois principaux producteurs de platine mondiaux, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin.
Ils réclament un salaire de base de 12.500 rands (830 euros), plus du double du niveau actuel, ce que les directions des trois groupes concernés jugent totalement irréaliste. Les dirigeants d’Amcu ont répété à plusieurs reprises que le mouvement pourrait durer longtemps.
Ils ont proposé des augmentations de salaires de 7% pendant trois ans.
Les compagnies dénoncent “l’absence de volonté” d’Amcu dans la négociation.
Selon eux, la grève a déjà coûté 266 millions d’euros.
“Débloquer le statu quo”
Le président du syndicat, Joseph Mathunjwa a appelé à un “médiateur indépendant”, mais la Commission de conciliation, médiation et arbitrage (CCMA) n’a pas retenu cette proposition.
“Nous continuerons la grève tant que les ouvriers nous en donneront le mandat. Ils disent toujours que c’est trop tôt pour eux (de s’arrêter, ndlr). Ils veulent débloquer le statu quo”, a dit M. Mathunjwa.
Les directeurs généraux des trois groupes touchés s’étaient engagés ce week-end à tout faire pour trouver une solution, mais ont brandi le spectre de restructurations et de licenciements si la grève devait se prolonger.
La grève avait été plutôt calme jusqu’à présent, mais la police sud-africaine a indiqué mardi avoir utilisé dans la matinée grenades assourdissantes et balles en caoutchouc pour disperser quelque 3.000 grévistes “violents” qui bloquaient une route menant à une mine d’Amplats.
Les mineurs brandissaient “des armes dangereuses comme des cannes traditionnelles et des bâtons (ce qui est désormais interdit, ndlr), bloquaient la route et menaçaient de déloger les travailleurs non grévistes à la mine”, a-t-elle affirmé dans un communiqué.
La ministre du Travail Milfred Oliphant a appelé mercredi à la fin des violences. “La violence et l’intimidation n’ont pas d’excuses, et toutes les mesures légales doivent être prises pour protéger les vies et les biens”, a-t-elle déclaré.
Elle a estimé qu’après “une certaine période d’action soutenue, la grève cesse d’être une arme pour les intérêts des ouvriers, mais devient une flèche qui provoque douleur et blessures chez les ouvriers eux-mêmes”.