Trois coups meurtriers et cette énorme mare de sang qui se répand et nous submerge d’horreur. Le peuple, le bon peuple, dénonce, hurle de fureur et crie son refus de l’assassinat politique. Une vague de stupéfaction nous tétanise depuis. Le terrorisme ne passera pas! Ses commanditaires seront démasqués et l’histoire les rejettera. Terrible humiliation et fin mesquine pour un dessein abject.
Meurtrie dans sa chair, saignée dans son âme, atteinte dans sa conscience, la Tunisie voit son unité nationale violée par la poudre et la barbarie. L’horreur absolue! Le terrorisme, cette pratique étrange, venue d’ailleurs, cherche à prendre ses quartiers chez nous. Le terrorisme n’aura pas droit de cité. Le peuple, le bon peuple, dans son infinie sagesse, a refusé de basculer dans la vendetta politique. Mais il n’aura de relâche jusqu’à connaître la vérité.
Il ne s’agit pas de démasquer le tueur. Cet odieux exécutant est lui aussi victime -certainement consentante- d’un embrigadement aveugle et haineux. Il faut remonter jusqu’au commanditaire. Le bras assassin n’a été, au bout du compte, que le porte-flingue d’une puissance maléfique, une phalange lâche et occulte, de ce dessein de déstabilisation de la Tunisie.
La solution tunisienne est redoutable. Elle a choisi la résistance pacifique. Elle sera payante car elle applique les recettes de la médecine chinoise. Elle finira par piquer toutes les têtes malfaisantes de l’hydre terroriste. Il faut savoir que le terrorisme quittera la Tunisie les pieds devant.
La flamme du souvenir
Il y a un an, jour pour jour, goutte de sang pour goutte de sang, tombait Chokri Belaid. Chokri a été lâchement trahi sur le terrain de l’horreur. Son sang noble, de résistant politique patriote et désintéressé, a abreuvé notre bonne terre de Tunisie irriguée par le sang d’autres martyrs. Tout comme lui, ils avaient affronté leurs immondes exécuteurs les yeux dans les yeux. La mort ne les a jamais effrayés. Toute leur vie durant, ils l’ont défiée. Elle les a fauchés. Qu’importe. Quand bien même leur vie se serait éteinte, leur légende restera gravée dans nos cœurs et nos esprits.
Chokri comme les martyrs de Sijoumi a fait le pari des esprits libres serviables mais rebelles à la servitude. Victor Hugo décrit cette détermination chez les combattants de la liberté dans “Ultima verba“ son poème éternel: “Je serai proscrit voulant vivre debout“. M. Belaid père, dans son oraison funèbre, s’est contenté de dire «je suis le père qui a vu son fils vivre en homme et mourir en martyr».
Chokri a rempli son contrat avec la mère patrie. Ces paroles, d’un père inébranlable, comblent tous les Tunisiens déterminés à servir la liberté érigée en cause du peuple.
Chokri Belaid, Lotfi Nagdh, Mohamed Brahmi et les autres…
Chokri n’est pas parti seul. La liste noire a comporté d’autres âmes innocentes et nobles comme lui. Il y eut Lotfi Nagdh, Mohamed Brahmi. D’autres sont nominés. Que doit être grande l’abîme de détresse de leurs exécutants et de leurs commanditaires de constater que le peuple leur résiste et que sa fibre patriotique ne faiblit pas.
Besma Belaid, Mme Brahmi, deux icônes qui éclairent le combat contre l’ignominie éclairant le visage de la Tunisie de leur regard déterminé. Elles se dressent contre les forces du mal avec résolution, courage, telle la liberté guidant le peuple sur cette toile inoubliable d’Eugène Delacroix. Gloires du pays et symboles attachants du combat de la femme tunisienne, elles constituent le mur du son sur lequel viendra se fracasser le terrorisme, ses acolytes, ses marionnettistes, ses pourvoyeurs et ses idéologues. Leur courage a fait que la Constitution a été aussi rédigée avec le sang de ces martyrs faisant triompher les choix de la liberté et de la démocratie.
Chokri Belaid, Lotfi Nagdh, Mohamed Brahmi, Socrate Cherni et nos valeureux soldats et policiers ne sont pas morts pour rien. Ils nous guident sur la voie de la démocratie, et nous feront triompher de la machine terroriste. Nous allons la terrasser en neutralisant toutes ses têtes malveillantes. C’est en Tunisie que le terrorisme perdra définitivement la partie et rendra l’âme, asphyxié par le vent de la liberté et du nationalisme patriotique. Ailleurs il pourra toujours user de victimisation. Chez nous il aura démontré sa vacuité historique, sa nullité en tant que projet sociétal. Il sera honni par l’histoire. Sa triste fin est proche.