Mory Ducros : les salariés du transporteur fixés sur leur sort

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à Limeil-Brevannes, le 29 janvier 2014 (Photo : Thomas Samson)

[06/02/2014 05:33:02] Paris (AFP) Les salariés du transporteur Mory Ducros seront fixés sur leur sort jeudi: sauf rebondissement, le tribunal de commerce de Pontoise devrait valider la reprise par l’actionnaire principal, Arcole Industries, qui ne gardera que moins de la moitié des effectifs.

Le juge rendra sa décision jeudi à 17H00, plus de deux mois après le placement en redressement judiciaire de l’entreprise,qui compte 5.000 salariés. De son activité dépendent en outre 2.000 emplois en sous-traitance ou intérim.

Cette audience devrait marquer l’épilogue de plusieurs semaines d’intenses négociations sur les offres de reprise et le plan social prévu par Arcole.

Plusieurs fois, Arcole a menacé de retirer son offre, la seule d’envergure parmi les quatre initialement déposées. Au final, l’actionnaire propose de reprendre 2.210 salariés, et 50 agences sur 85.

Les négociations entre Arcole et la CFDT, premier syndicat dans l’entreprise, s’étaient durcies après l’appel lancé lundi par un petit groupe de salariés “exhortant” la CFDT et la CGT à signer l’accord exigé par Arcole sur le plan social. Une “manipulation” et une “provocation de trop” des cadres de Mory Ducros et Arcole, selon la CFDT.

A quelques heures de l’examen de l’offre devant le tribunal de Pontoise, mardi, le syndicat durcit le ton et refuse de signer. Arcole menace de jeter l’éponge. Mory Ducros frise la liquidation judiciaire immédiate du groupe et le licenciement de tous les salariés.

Les discussions continueront jusque dans la salle d’audience, et le patron de la fédération des transports de la CFDT André Milan signera finalement lui-même cet accord, après le refus du délégué CFDT de Mory Ducros de le faire.

Des syndicalistes s’interrogeaient à l’issue de l’audience sur la validité de cette signature pour constituer un accord majoritaire. Seuls les syndicats représentatifs d’une entreprise peuvent signer des accords collectifs, selon un juriste interrogé par l’AFP.

Plusieurs sites toujours en grève

Au départ, Arcole proposait d’injecter “5 millions d’euros (…) On termine dans la dernière proposition à 17,5 millions d’euros, plus un prêt de l?État de 17,5 millions, et 30 millions d’euros pour les salariés” qui seront licenciés, en complément des indemnités légales de licenciement, a expliqué M. Milan pour justifier sa décision.

Selon Arcole, “la signature d?un tel accord (était) un préalable indispensable à la mise en ?uvre, dans des conditions satisfaisantes, de la nouvelle organisation et des mesures sociales d’accompagnement en faveur des salariés non repris”.

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a indiqué mardi que les 2.850 salariés qui perdront leur emploi vont bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle, avec l’assurance de 97% du salaire pendant un an, et d’une bourse à l’emploi alimentée par les entreprises du secteur.

Selon son cabinet, la profession s’est engagée à reprendre un millier de salariés, et La Poste et la RATP pourraient en reprendre 500 autres.

Mercredi, les salariés des sites de Vénissieux (Rhône), en grève depuis dix jours, et du siège de Gonesse (Val-d’Oise) n’avaient pas repris le travail, selon des sources syndicales.

Issu fin 2012 de la fusion des entreprises Mory et Ducros, le groupe Mory Ducros a perdu 79,5 millions d’euros lors de son dernier exercice pour un chiffre d’affaires de 765,5 millions. Sa dette d’exploitation s’élève à 202,7 millions d’euros.

Son dépôt de bilan, le 26 novembre, est l’un des plus importants enregistrés en France depuis la faillite du fabricant de petit électroménager Moulinex en 2001.