Alcatel-Lucent réduit ses pertes et cède une filiale à un groupe chinois

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à 14,4 milliards (Photo : Eric Piermont)

[06/02/2014 10:18:10] Paris (AFP) Alcatel-Lucent, qui a réduit ses pertes et stabilisé son activité en 2013, a annoncé jeudi la vente d’une filiale employant 1.400 personnes en France à un groupe chinois, non sans susciter des inquiétudes chez les syndicats.

Durant l’exercice 2013, l’équipementier en télécommunications a essuyé une perte nette de 1,3 milliard d’euros en 2013, contre plus de 2 milliards en 2012.

L’année écoulée a notamment été marquée “par 548 millions d’euros de perte nette de valeur sur actifs, essentiellement au deuxième trimestre”, mais également par les charges de restructuration et les intérêts de la dette, explique Alcatel-Lucent dans un communiqué.

Alcatel-Lucent a par ailleurs vu ses ventes annuelles se stabiliser à 14,4 milliards, à taux de change constant.

Cependant, au cours de l’exercice, le groupe a amélioré de plus d’un demi-milliard d’euros son bénéfice d’exploitation (hors éléments exceptionnels), reflétant une amélioration de ses performances financières.

Le directeur général, Michel Combes, a souligné lors d’une conférence téléphonique le “succès du repositionnement” opéré par l’équipementier dans le cadre de son plan de recentrage baptisé “Shift”.

Ce plan vise à transformer le groupe, qui a déjà subi de multiples restructurations ces dernières années, en spécialiste de l’IP (services liés à internet) et du Cloud (informatique dématérialisée), ainsi que de l’accès ultra haut-débit fixe et mobile.

Cours à la hausse à la Bourse de Paris

Les performances du groupe ont été bien accueillies par les marchés financiers et le cours du groupe évoluait en hausse de près de 9% à 3,3 euros vers 10H00 à la Bourse de Paris.

“Alcatel-Lucent a fait de réels progrès dans la réalisation des objectifs de son plan Shift”, assurent les analystes de la banque Citi qui estiment que “les marges et le flux de trésorerie solides devraient compenser les ventes plus décevantes” au quatrième trimestre.

Le plan stratégique engagé il y a six mois doit lui permettre de réduire ses coûts fixes de plus de 15% d’ici à 2015.

Alcatel-Lucent a indiqué parallèlement à ses résultats annuels qu’il allait céder sa filiale Entreprise, pour 268 millions d’euros, à la société d’investissements en technologie China Huaxin.

Il s’agit d’un partenaire de longue date de l’équipementier, puisqu’il est actionnaire minoritaire d’une autre filiale installée en Chine : Alcatel Shanghai Bell.

“China Huaxin reprend toute l’activité de la filiale, tous les collaborateurs et les contrats commerciaux d’Alcatel-Lucent Entreprise, et s’est engagé sur un projet de développement ambitieux en terme de produit, de géographie, voire même de croissance inorganique”, a assuré M. Combes.

“Nous accompagnerons ce projet dans les deux années qui viennent en conservant une participation minoritaire de 15%”, a-t-il ajouté.

Alcatel-Lucent Entreprise emploie 2.800 personnes dans le monde, dont la moitié dans l’Hexagone.

Cette cession représente une “bonne nouvelle” pour les analystes de Morgan Stanley qui s’attendaient à voir la vente se faire pour 200 millions d’euros.

“Inquiétude” des salariés

La CFDT, premier syndicat chez Alcatel (53%), a en revanche aussitôt fait part de l'”inquiétude” des salariés de la filiale et de leur “scepticisme” quant aux intentions du repreneur.

“Nous ne connaissons pas cette société mais sa dépendance au gouvernement chinois ne nous rassure ni sur l’évolution de notre position en Europe, ni sur le maintien des emplois en France à moyen terme”, a souligné le syndicat dans un communiqué.

La CFDT appelle les salariés à manifester jeudi sur les trois principaux sites français d’Alcatel-Lucent Entreprise, à Brest, où travaillent 260 salariés selon le syndicat, Colombes dans les Hauts-de-Seine (500) et Illkirch dans le Bas-Rhin (600), notamment pour exiger “de la part de Huaxin des engagements sur l’emploi en France”.

Le groupe avait annoncé en octobre la suppression de 10.000 postes dans le monde dont 900 en France, chiffre qui a depuis été ramené à 700.