énérale du FMI Christine Lagarde à Londres, le 4 février 2014 (Photo : Ben Stansall) |
[06/02/2014 17:37:58] Washington (AFP) La directrice générale du FMI Christine Lagarde a été entendue le 31 janvier à la Cour de justice de la République (CJR) pour son rôle en tant que ministre de l’Économie à l’époque de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie en 2008, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.
Le conseil d’administration du Fonds monétaire international “a été informé de cette affaire, y compris cette année, et a réaffirmé sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions”, a aussitôt affirmé un porte-parole de l’institution de Washington lors d’une conférence de presse.
Le 31 janvier, Christine Lagarde, qui a conservé le statut intermédiaire de témoin assisté, a été entendue pendant “plusieurs heures” par la CJR, selon la source proche du dossier, qui confirme une information d’iTélé. Elle avait déjà été entendue devant cette cour, seule habilitée à enquêter ou juger des faits commis par des membres d’un gouvernement en exercice.
En juillet 2008, la décision d’arbitrage avait mis un terme au conflit qui opposait le Crédit lyonnais à Bernard Tapie dans l’affaire de la vente d’Adidas, octroyant à l’homme d’affaires quelque 400 millions d’euros.
Bernard Tapie, le 15 novembre 2013 (Photo : Boris Horvat) |
Dans cette enquête pour “escroquerie en bande organisée”, les juges financiers cherchent à déterminer si cette décision est le fruit d’un “simulacre” d’arbitrage organisé avec l’aval du pouvoir.
Des juges du pôle financier ont déjà mis en examen cinq acteurs: Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, l’un des trois juges arbitres Pierre Estoup, l’ancien directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard, et Jean-François Rocchi, patron à l’époque du CDR, la structure chargée de gérer l’héritage du Crédit lyonnais.
En garde à vue, Stéphane Richard, désormais PDG d’Orange, avait réfuté la thèse selon laquelle il pouvait avoir agi sans le consentement de sa ministre dans ce dossier, alors que des déclarations de Mme Lagarde devant la CJR laissaient penser qu’elle lâchait son ex-directeur de cabinet.
L’ancienne ministre avait par exemple expliqué que lors de leur premier entretien sur ce dossier, deux mois avant la décision d’aller à l’arbitrage, M. Richard ne lui avait “pas parlé d’une note du 1er août (2007) de l’Agence des participations de l?État” (APE) hostile à l’arbitrage.
Une position qui semblait différer de celle livrée en septembre 2008 à la commission des Finances de l’Assemblée nationale: elle y expliquait avoir eu connaissance de notes de l’APE “tout au long de cette affaire”, des “analyses pertinentes” mais “souvent conservatrices”.
Les juges s’interrogent aussi sur une lettre datée du 23 octobre 2007, une des seules instructions écrites de Mme Lagarde figurant au dossier. Ils pensent qu’elle a pu être paraphée par la “griffe”, une signature pré-imprimée susceptible d’être utilisée notamment par son directeur de cabinet en son absence.
Mais devant les parlementaires en 2008, Mme Lagarde avait confirmé “avoir donné des instructions” pour soutenir “la décision du CDR d’aller en arbitrage” et assumé “la responsabilité des instructions écrites”. Elle avait évoqué cette lettre du 23 octobre.