à Tuzla, dans le nord-ouest de la Bosnie, le 6 février 2014 |
[07/02/2014 12:36:53] TUZLA (Bosnie-Herzégovine) (AFP) Des milliers de Bosniens, notamment des chômeurs, descendaient dans les rues vendredi, pour le troisième jour consécutif afin de dénoncer leurs mauvaises conditions de vie, au lendemain d’une violente manifestation ayant fait plus de 130 blessés à Tuzla (nord-ouest).
Il s’agit de manifestations d’une ampleur sans précédent dans cette ex-république yougoslave depuis la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-95. Elles illustrent le ras le bol de la population face à une classe politique engluée dans des querelles politiciennes et incapable à redresser une économie sinistrée.
“La révolte des citoyens!” titrait vendredi en une Dnevni Avaz, le principal quotidien local. “Le printemps bosnien!”, affirme pour sa part le quotidien Oslobodjenje.
Rongé par une corruption endémique, ce petit pays balkanique de 3,8 millions d’habitants est l’un des plus pauvres d’Europe. Le chômage frappe 44% de la population active mais la Banque centrale estime le nombre de personnes sans emploi à 27,5% car beaucoup de gens sont employés au noir.
Le salaire mensuel moyen est de 420 euros, mais près d’un habitant sur cinq vit dans la pauvreté, selon des statistiques officielles.
à Tuzla, dans le nord-ouest de la Bosnie, le 6 février 2014 |
“De plus en plus de gens vivent dans la misère et dans la pauvreté, ils ont faim. Le peuple a perdu l’espoir et ne croit plus à une amélioration de la situation. Manifester est leur seul instrument”, a commenté un analyste local Vehid Sehic.
Vendredi les écoles et les facultés étaient fermées à Tuzla par crainte de nouvelles manifestations violentes.
La veille au soir, des responsables de toutes les agences policières et des procureurs de villes où des manifestations ont eu lieu ont été convoqués pour évaluer la situation sécuritaire.
Des scènes de pillages ont été rapportées par la presse locale en marge de la manifestation à Tuzla.
Comme dans les jours précédents, des manifestations devraient avoir lieu ce vendredi dans une vingtaine de villes dont Sarajevo, Prijedor (nord), Mostar (sud), Banja Luka (nord), Zenica (centre) et Bihac (nord-ouest).
Jeudi à Tuzla, des heurts violents entre des milliers de manifestants et forces de l’ordre qui ont eu lieu devant l’immeuble abritant l’administration régionale, ont fait 130 blessés, en majorité des policiers. Huit protestataires ont été interpellés.
Les manifestants ont lancé des pierres et des torches enflammées contre des policiers et l’immeuble, brisant toutes les fenêtres du premier étage de lu bâtiment, a constaté l’AFP.
Un rassemblement similaire a eu mercredi à Tuzla à l’initiative de salariés de plusieurs anciennes entreprises publiques en faillite qui sont dans l’incapacité de leur verser les salaires depuis plusieurs mois. Il s’agit notamment d’entreprises de l’industrie chimique et forestière.
“C’est la réponse du peuple. C’est la révolution! Il ne s’agit pas de sauvages qui protestent. Ce sont beaucoup de jeunes qui n’ont aucun espoir d’avoir un travail à la sortie des universités”, a déclaré un des représentants des manifestants, Sakib Kopic.
A Sarajevo, une centaine de personnes ont jeté des ?ufs et des pierres contre l’immeuble de l’administration régionale, a constaté l’AFP.
“C’est le cri de la colère, de la faim et d’un avenir sans espoir qui se sont accumulés dans les années après le conflit, et qui explose maintenant”, écrit Dnevni Avaz dans son éditorial.
rus-cn/