La construction des aéroports, enjeu crucial pour le développement économique

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éroport international de Sao Paulo le 8 novembre 2013 (Photo : Nelson Almeida)

[08/02/2014 08:26:24] Paris (AFP) La préparation de la Coupe du monde de football au Brésil a mis l’enjeu en exergue: la construction de nouveaux aéroports est cruciale pour les pays émergents. Elle représente aussi un formidable marché.

Le Brésil espère accueillir 600.000 touristes étrangers et trois millions de Brésiliens pour cet événement qui se déroulera du 12 juin au 13 juillet dans 12 villes du pays.

Les organisateurs ont entrepris une course contre la montre pour moderniser les aéroports car l’avion est souvent le seul moyen de traverser ce pays-continent de 200 millions d’habitants aux aéroports souvent vétustes, saturés et aux liaisons intérieures insuffisantes.

L’Association brésilienne des compagnies aériennes estime qu’au moins 42 milliards de reais (près de 13 milliards d’euros) doivent être investis jusqu’en 2020 dont 22 milliards pour créer 71 nouvelles plateformes aéroportuaires.

La Chine, l’autre pays aux dimensions gigantesques, a lui aussi besoin d’aéroports pour soutenir son développement économique et touristique.

Le plan quinquennal en cours (2011-2015) prévoit, selon des estimations de la direction de l’aviation civile (CAAC) récemment ajustées, la construction de 82 nouveaux aéroports ainsi que l’extension de 120 aéroports existants.

Plus de 3.600 aéroports à usage civil jalonnent actuellement la planète dont 362 disposent de trois pistes ou plus, selon des données du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger. En outre, estime-t-il, environ 110 nouveaux aéroports sont en cours de construction ou à construire à brève échéance.

“Le marché de la construction et de la rénovation des aéroports est largement porté par le trafic aérien”, résume Didier Bréchemier, expert du secteur aérien de ce cabinet. “De nouvelles zones seront à desservir pour satisfaire la demande touristique ou celle liée aux échanges et au développement économique”.

L’an passé, le seuil des 3 milliards de passagers aériens dans le monde a été franchi en 2013. Et le trafic devrait doubler dans les 20 ans, selon l’association internationale du transport aérien (IATA). Les économies émergentes du Moyen-Orient, de l’Asie pacifique, de l’Afrique et de l’Amérique Latine contribueront largement à cette croissance.

IATA n’a de cesse de souligner l’importance du transport aérien comme outil de développement.

“L?aviation est un moteur de l?économie mondiale. Nous relions les gens et les entreprises aux marchés; nous réunissons les familles et les amis. (…) Elle s?est avérée une force au service du bien dans le monde”, commentait récemment Tony Tyler, directeur général de l?association.

“1.900 milliards à investir d’ici 2030” et des incertitudes

Et pour être absorbé, le trafic s’accompagnera d’infrastructures supplémentaires.

“Le marché de la construction et rénovation des aéroports est très important en raison de la croissance attendue du trafic aérien d?ici à 2030 mais aussi de la vétusté technique ou fonctionnelle des grands aéroports construits il y a 20 à 40 ans”, comme aux Etats-Unis, reprend Mathieu Blondel, principal au sein du cabinet de conseil Arthur D. Little.

D’après une étude de ce cabinet, ce marché représente 645 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030 pour les projets compris entre 100 et 150 millions chacun. “Si l’on y ajoute, les projets plus petits et la rénovation des infrastructures existantes, ce sont 1.900 milliards à investir à cette échéance”, ajoute M. Blondel.

Aussi ce marché attise-t-il les appétits des grands groupes de BTP et des gestionnaires d’aéroports internationaux, à l’instar des français Vinci et Aéroports de Paris (ADP), du géant chinois CACC (China Airport Construction Group Corporation of CAAC) ou du turc TAV. Tous comptent profiter des opportunités de croissance en dehors de leur pays d’origine.

Pour autant, “les aéroports sont des projets de construction complexes”, prévient Mathieu Blondel.

“Ils s?inscrivent dans un environnement contraint et chacun des nombreux éléments clefs qui les composent (pistes, tour de contrôle, aérogares, parkings, accès?) intègre une multitude d’équipements spécifiques et technologiques (navigation aérienne, tri bagages, équipements de sûreté, signalétique, pilotage dynamique des flux, passerelles avions?)”, explique-t-il.

Les aéroports doivent en outre offrir un luxe de services, en particulier en matière de boutiques, de bars et restaurants pour être attractifs.

Alors, les acteurs s’organisent et répondent aux appels d’offres dans le cadre de consortiums où chacun apporte sa propre expertise: un btpiste avec un gestionnaire d?aéroports par exemple.

“Le défi pour les grands groupes européens tels que Vinci ou Aéroports de Paris est de rester dans la course notamment en Asie où de grands acteurs peuvent émerger. Ils doivent très vite prendre des positions comme Vinci au Cambodge ou Aéroports de Paris en Turquie par exemple”, poursuit M. Bréchemier.

Reste que sur ce marché, “il est difficile de prévoir la planification des futures opportunités”, ajoute-t-il.

Récemment, un responsable de la direction de l’aviation civile chinoise insistait sur l’importance de ces infrastructures “de base”. Il rappelait surtout que plus de 90% des aéroports régionaux chinois enregistraient des pertes financières.

En Espagne, l’aéroport privé de Ciudad Real, qui avait coûté un milliard d’euros et n’a plus accueilli de vol commercial depuis 2011, a lui été mis en vente en décembre.