ézières (Ardennes) à traquer les déviances sur les réseaux sociaux (Photo : -) |
[08/02/2014 16:28:04] CHARLEVILLE – MEZIERES (Non défini) (AFP) David Debut, 23 ans, se revendique hacker mais “blanc”, pacifique, sans intention de nuire et pour la bonne cause. Ce petit génie de l’informatique a choisi la sienne: il aide la police de Charleville-Mézières (Ardennes) à traquer les déviances sur les réseaux sociaux.
Avec son air juvénile et quelques ressemblances avec le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, il ne fait pas son âge. On l’imagine volontiers lycéen rivé à son ordinateur comme beaucoup de jeunes de son âge.
Apparence trompeuse: c’est bien un génie de l’informatique mais il a fondé il y a quelques années sa société, Cianet, dont le but est de conseiller les entreprises face aux risques d’internet. Il assure avoir de nombreux clients et, dit-il, en “vit bien”.
“J’ai fait toute ma scolarité à Charleville”, explique David, “puis je me suis lancé”. “Je suis un vrai hacker, j’explique à mes clients comment ils peuvent être facilement piratés et comment se protéger, j’interviens s’ils sont piratés”.
“Je suis un hacker blanc”, ajoute-t-il aussi, un “pacifiste” qui pirate “pour la bonne cause”, contrairement aux hackers noirs, les délinquants, ou gris, entre les deux, ce que les férus d’internet nomment entre eux les “white hat” (chapeaux blancs) ou “black hat” (noirs).
Bénévole dans des associations comme l’Unicef, il a décidé un jour de frapper à la porte de son commissariat de police en expliquant pouvoir les aider à prévenir et traquer les risques sur internet. L’idée lui en est venue après ses années de lycée, en observant ses camarades autour de lui.
Sa démarche rencontre celle de la brigadier chef Isabelle Bernier-Anciaux. Elle fait dans la prévention et est référent police dans les établissements scolaires de cette ville tranquille de 50.000 habitants, mais avec quelques quartiers sensibles.
“Utiliser les talents”
“On a fait un binôme”, dit celle-ci, “au contact des jeunes j’ai pu voir les déviances d’internet et nous étions un peu désarmés au commissariat, y compris et surtout dans nos enquêtes”.
Outre le travail de sensibilisation dans les écoles et collèges, où il “parle le même langage”, selon la brigadier, David est devenu un auxiliaire de la police et de sa brigade de sûreté urbaine (BSU). Il a ainsi aidé à retrouver un fonctionnaire qui insultait et menaçait, de son ordinateur de travail, la police et les policiers. Ou à prévenir un possible suicide de collégien signalé par son établissement et sur Facebook.
“A chaque fois je remonte vers l’adresse IP, ce n’est ensuite qu’un jeu d’enfant pour retrouver l’utilisateur”, raconte David avec l’assurance parfois candide des mordus de l’informatique.
“En surfant sur le net, j’étais impressionné par les tentatives d’approche de pédophiles par exemple, je suis allé à la rencontre des policiers naturellement et avec un projet”, assure-t-il.
Il a d’abord été “embauché” dans le cadre du service civil. Aujourd’hui il est officiellement réserviste civil de la police et “un peu” rémunéré pour son travail. “Il participe aux enquêtes”, insiste Isabelle Bernier-Anciaux.
Vendredi, il a rencontré et déjeuné avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, en visite de terrain à Charleville.
Impressionné, celui-ci a donné à quelques médias présents un “tuyau” en les orientant vers le petit génie. Puis déclaré avoir l’intention de “généraliser et étendre cette expérience”. “Il faut utiliser le langage de la jeunesse, nous avons besoin de la toucher et créer des ponts”. Ce qui se fait ici est “unique”, il “faut utiliser dans la police et la gendarmerie tous les talents”. David boit du petit lait.