ée Ariane 5 le 6 février 2014 en Guyane (Photo : Ariane Espace) |
[09/02/2014 13:05:59] Kourou (Guyane) (AFP) Les drones et les satellites espions dont les armées modernes ne peuvent plus se passer exigent de nouveaux satellites militaires de communications à haut débit, comme vient d’en lancer la fusée européenne Ariane.
Le satellite franco-italien Athena-Fidus, mis en orbite jeudi depuis la base de Kourou en Guyane, doit satisfaire des besoins de communications qui explosent, surtout avec l’intégration des drones dans les opérations au Mali comme en Afghanistan.
L’arrivée d’internet a bouleversé les communications et le développement est le même dans les forces armées, souligne Christophe Debaert, directeur des programmes de communications satellitaires à la Direction générale de l’armement. Depuis 2000, les besoins de communications ont augmenté de 8 à 15% par an, estime-t-il.
“C’est la course au débit. La capacité de transmission c’est la maîtrise de l’information, ajoute Jean-Claude Veillon, responsable du développement commercial des télécoms chez Thales Alenia Space.
La transmission des vidéos prise par les drones demande une telle capacité de fréquence que la bande affectée depuis 1985 aux militaires ne peut la satisfaire, explique-t-il.
Protection anti-brouillage
Les armées ne peuvent pas non plus se contenter de louer de la capacité de transmission sur les satellites commerciaux, comme elles le font depuis des années, assurant de beaux revenus aux opérateurs de satellites.
Aussi, pour satisfaire ses propres besoins, le Pentagone déploie-t-il depuis 2007 des satellites WGS (Wideband Global Satcom), destinés à alimenter les troupes sur le terrain en cartes et en données, à transmettre des vidéos de drones, de la voix et des messages électroniques.
Le réseau WGS, auquel se sont associés notamment le Canada et l’Australie, comptera au total dix satellites. Il pourra même diffuser des émissions de télévision pour le confort des soldats.
Athena-Fidus complètera pour l’Italie les capacités du satellite Sicral, et pour la France celles des satellites Syracuse, lui permettant par exemple d’intégrer aux opérations les nouveaux drones Reaper achetés aux Etats-Unis.
épublique démocratique du Congo, le 3 décembre 2013 |
“Mais aussi de transmettre les images satellitaires de plus en plus grandes prises par les satellites d’observations Helios et leurs successeurs Musis, ou encore de faire de la télémédecine”, ajoute Christophe Debaert.
Ainsi un médecin à bord d’un navire de guerre pourra être aidé dans une opération par un spécialiste en France par télétransmission.
Les télécommunications à haut débit, cryptées, ne peuvent pas cependant être totalement protégées d’un éventuel brouillage ennemi. Pour renforcer la protection anti-brouillage, il faut réduire le débit et monter en très haute fréquence. C’est ce que les Américains ont fait avec la bande advanced EHF, utilisée par des satellites qu’ils ne partagent avec personne, indique Jean-Claude Veillon.
Paris et Rome ont décidé de satisfaire ce besoin en “communications renforcées” avec le satellite Sicral 2, qui doit être lancé d’ici la fin de l’année.
Les deux satellites ont été construits par Thales Alenia Space, une coentreprise du français Thales et de l’italien Finmeccanica. Elle espère que ce programme de 500 millions d’euros, lancement compris, la placera en bonne place pour remporter le prochain grand marché des télécoms militaires, le programme Comsat-NG, qui remplacera les satellites Syracuse à partir de 2020.
Son grand rival, Airbus Defence and Space, numéro un européen, vise aussi le contrat. Tous deux parlent de “montages financiers innovants” pour aider le ministère de la Défense dont le budget se réduit, à passer la commande. Vu le temps de fabrication d’un satellite, la décision devrait être prise dans les 18 mois, escomptent les industriels.