Au moment où les constituants se chamaillent comme des chiens de faïence au Parlement, et au moment où les deux têtes de l’exécutif s’amusent à nommer, en l’absence de toute transparence, le maximum de leurs pions aux postes névralgiques de l’Etat (diplomates, Pdg et autres), des Tunisiens ont choisi, en solitaires, la voie de l’excellence au plan local et international, offrant l’espoir à la majorité de leurs compatriotes que le pouvoir politique est bien loin d’être la seule alternative pour briller et imposer le respect d’autrui.
Trois performances majeures à l’actif de Tunisiens, férus de savoir, ont été accomplies en ce mois de janvier 2014. Il s’agit d’une découverte médicale de dimension internationale et de deux exploits dans le domaine des services et de l’industrie.
Un nouveau remède pour traiter le diabète
La première distinction est à l’honneur du professeur Habib Zaghouani, directeur du département de la pédiatrie, de la microbiologie moléculaire et l’immunologie, de la santé de l’enfant et de la neurologie à l’Université de médecine du Missouri aux Etats-Unis.
Ce médecin a découvert un remède potentiel pour le diabète dit de type 1 ou diabète insulinodépendant (DID). C’est une forme de diabète sucré qui apparaît le plus souvent de manière brutale chez l’enfant ou chez le jeune adulte (ou beaucoup plus rarement chez les personnes plus âgées).
Cette maladie a pour conséquence visible un amaigrissement malgré une prise de nourriture abondante. Les diabétiques de type 1 doivent régulièrement contrôler leur glycémie, s’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour, et manger de manière équilibrée.
La découverte du professeur Zaghouani va réorienter les recherches et les tests cliniques concernant le diabète de type 1 vers un nouveau concept. Il s’agit de la fixation des vaisseaux sanguins autour des îlots afin de faciliter le renouvellement des cellules bêtas.
Les recherches précédentes ont affirmé qu’il fallait empêcher le système immunitaire d’attaquer les cellules bêtas afin de corriger le diabète de type 1. La technique employée par le professeur Habib Zaghouani a été fructueuse chez les souris lors des tests cliniques et devrait être relayée, incessamment, par la mise au point d’une version humaine du remède.
Le premier avion made in tunisia
La deuxième performance est à l’actif de la société Oxygène aéronautique qui vient de rendre public le premier prototype d’un aéronef à fort taux d’intégration «made in tunisia». Exposé en marge de la troisième édition du Forum de convergences ENISo-Entreprises (FCEE), organisé par l’Ecole nationale d’ingénieurs de Sousse (ENISo), le nouvel avion est un biplace doté d’un seul moteur.
Long de six mètres et large de huit, il pèse 275 kg et peut voler jusqu’à 1.200 km. Pouvant atteindre une vitesse maximale de 250 km/h, l’avion consomme six litres de gasoil, pour un vol de 200 km.
Ce petit avion, qui sera vendu au prix compétitif initial de 86.000 dinars, a été fabriqué à partir de fibres de carbone et d’aluminium, matières disponibles en Tunisie.
Cet avion ne manquera pas de rendre moult services au pays. Ainsi, il pourrait être utilisé pour les loisirs, mais aussi pour le contrôle aérien des frontières et des eaux territoriales, pour des opérations publicitaires ou d’épandage de pesticides sur les terres agricoles.
Assurance-vie : une société tunisienne à l’assaut du marché européen
La troisième prouesse a été accomplie par le groupe Vermeg, entreprise spécialisée dans les applications informatiques liées à l’assurance. Sa filiale Vermeg solutions vient d’acquérir, pour 25 MDT, BSB International, éditeur de logiciels belge coté en Bourse et axé sur les secteurs de l’assurance-vie, des fonds de pension et de la santé, de la gestion de portefeuilles et de la gestion de fortune.
Selon Badreddine Ouali, patron de Vermeg group, cette acquisition va permettre à son entreprise d’augmenter son chiffre d’affaires de 20 millions d’euros à 60 millions d’euros, de développer sa gamme de produits et d’étendre son activité exclusivement en Europe.
Il a ajouté que cette opération a été cofinancée par un prêt de la BERD (Banque européenne de reconstruction et de développement) d’un montant de 5 millions d’euros, d’un prêt de 12 MDT de la BTK (Banque tuniso-koweitienne) et d’une prise de participation au capital de Vermeg group par un des membres du groupe Bouchamaoui (Tarek Bouchammaoui).
C’est de toute évidence un véritable exploit lorsqu’on sait que BSB international est deux fois plus grande que Vermeg group. Mieux, le savoir-faire confirmé des ressources humaines de BSB, tout autant que la qualité de ses produits (assurance vie…) vont aider Vermeg group de s’imposer parmi les principaux leaders de ce marché en Europe.
Cela pour dire in fine que loin de fouetter notre égo, ces performances viennent nous rassurer quant à notre capacité de nous prendre en charge, de créer et de prouver que notre sous-développement multidimensionnel n’est pas une fatalité.