Les locataires du palais de Carthage, en l’occurrence le président de la République provisoire et ses sbires, sont particulièrement excités, ces jours-ci. Ces fonctionnaires qui, à défaut de popularité et surtout de crédibilité, se terraient depuis deux ans dans leur somptueuse prison, ont trouvé dans l’exploit de l’adoption de la Constitution, dès la première lecture, un «godsend», voire une aubaine pour se revigorer et retrouver une seconde virginité.
Gros plan sur une fête usurpée.
Le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki était, singulièrement, le plus heureux. Son bonheur, il l’a manifesté de manière ostentatoire lors de la signature de la Constitution, lors de la cérémonie de la célébration de cette nouvelle loi des lois en présence de personnalités étrangères et lors de la réception organisée au palais de Carthage en l’honneur des députés.
Au cours de cette manifestation, il aurait même prié l’opposition de ne pas le gêner et de le laisser jouir, avec ses Myrmidons, de ces grands moments de bonheur. Au palais de Carthage, ses occupants ne jurent, désormais, que par la nouvelle Constitution.
Le plus frappant, du moins à notre avis, dans le comportement festif du président provisoire, c’était son sourire narquois. Il rappelle à un détail près le cri de victoire de l’hyène. Ce cri est en fait une grimace désagréable qui signifie que l’animal charognard a trouvé de la nourriture.
Moralité: la similitude est trop grande entre les squatteurs du Palais de Carthage et les hyènes, animaux-charognards qui se nourrissent de gibiers qu’ils n’ont pas chassés, voire d’animaux morts abandonnés ou volés.
Les locataires du palais présidentiel, bien qu’ils n’aient pratiquement rien fait pour booster l’élaboration de la Constitution, sont, aujourd’hui, les premiers à en jouir avec en plus de manière ostentatoire alors que la majorité des Tunisiens vit dans la précarité totale.
Pour mémoire, jusqu’à la dernière minute, le président provisoire ne recevait que les opposants à une Constitution progressiste. En effet, une semaine avant l’adoption de la Constitution, il avait reçu une délégation d’imams et de cheikhs, venus lui demander d’intervenir pour la rédaction d’une Constitution qui «se réfère à la chariaâ islamique et criminalise toute atteinte au sacré».
Le président provisoire a oublié que ces gourous d’autres temps avaient appelé dans leurs prêches au meurtre de syndicalistes et militants politiques et de la société civile.
Auparavant, il avait eu à recevoir, au palais, de véritables bandits, chastement dénommés représentants des Ligues s’autoproclamant protectrices de la révolution et autres cheikhs du courant salafiste dont un membre, Cheikh Khamis Mejri, a non seulement qualifié, dimanche février 2014, sur la chaîne Ettounsia, le terroriste Gadghadi de «martyr», mais aussi déclaré que les lois du pays ne l’engagent pas.
Pis, le parti de Moncef Marzouki, le Congrès pour la République (CPR), a tout fait pour saboter le processus du Dialogue national qui a abouti à la nouvelle Constitution et à la formation d’un nouveau gouvernement. Le CPR était le principal parti à avoir refusé de participer, jusqu’à la dernière minute, à ce dialogue. Il l’a fait bien évidemment sur instructions du président du parti.
Le groupe parlementaire du CPR s’est démené, pour sa part, pour saboter les trois processus –constitutionnel, gouvernemental et électoral- Du dialogue national en créant avec le parti Wafa (une dissidence du CPR comme par hasard) et des constituants indépendants, une alliance parlementaire (36 députés) destinée à compromettre, délibérément, le Dialogue national et à dissuader tout succès. L’objectif était de maintenir le statuquo pour que leur Marzouki dure le plus longtemps possible au palais de Carthage.
Et pour ne rien oublier, la bourde monumentale qu’a commise la présidence provisoire, à savoir la publication du Livre noir, un véritable pamphlet de basse facture à travers lequel le squatteur du palais de Carthage a semé la zizanie entre les Tunisiens et cherché à régler, de la manière la plus abjecte et la plus arbitraire, ses comptes avec tous ceux (particulièrement les journalistes) qui ont eu à son endroit un discours réducteur, lequel discours est du reste légitime au regard de ses maigres réalisations.
La capacité de nuisance et de sabotage des locataires du palais de Carthage ne s’est pas arrêtée à l’usurpation de la célébration de l’exploit de l’adoption de la Constitution. A peine la Constitution adoptée, travaillés par la haine, ils ont concocté toute une stratégie pour saboter la commémoration de deux évènements très chers aux Tunisiens. Le premier n’est autre que le premier anniversaire de l’assassinat du leader Chokri Belaid (6 février) auquel l’Histoire reconnaîtra le grand mérite d’avoir uni les Tunisiens contre la violence et de les avoir mobilisés, à travers son sacrifice suprême, pour tuer dans l’œuf la pire dictature que la Tunisie aurait pu connaître.
Quant au second évènement, il porte sur la commémoration du bombardement du village frontalier Sakiet Sidi Youssef, évènement qui a uni, à jamais, Tunisiens et algériens contre le joug colonial.
Le nouveau chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, a eu la grande intelligence de visiter, la veille de la commémoration de cet évènement (édition 2014), l’Algérie et de s’assurer du soutien multidimensionnel de ce voisin géostratégique.
Moralité: Tout indiquait que les Tunisiens allaient commémorer, dans la liesse et dans des conditions acceptables, ces deux évènements à haute valeur historique. Mais c’était sans compter sur le nombrilisme d’un président provisoire qui n’a jamais accepté son rejet par la population. Ce Monsieur s’est invité «à la fête du sabotage de la fête» en programmant, pour le 7 février, c’est-à-dire entre les 6 et 8 février, la cérémonie d’adoption de la Constitution en présence de personnalités étrangères.
Certaines mauvaises langues font assumer au CPR l’incident diplomatique qui a eu lieu entre les délégations iranienne et américaine lors de la cérémonie de la célébration de l’adoption de la Constitution.
Les propos injurieux tenus à l’endroit d’Israël et des Etats-Unis par le président du conseil de la Choura iranien, Ali Larijani, seraient une idée du CPR. Le pire c’est que la présidence n’a pas jugé nécessaire de présenter des excuses à l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, Jacob Walles. C’est le gouvernement qui s’en est chargé.
Le président provisoire, qui avait reçu au palais de Carthage l’invité iranien, a minimisé l’affaire lors de la réception organisée en l’honneur des constituants, une journée après.
Certains habitués aux erreurs et errances du président provisoire diront qu’il n’est pas à sa première bourde. Mais jusqu’à quelle limite?