Filmer avec le mobile, nouveau tremplin pour les jeunes réalisateurs

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éalisateur Jean-Pierre Jeunet à Paris le 20 janvier 2014, préside le jury du Mobile Film Festival (Photo : Bertrand Guay)

[10/02/2014 18:23:42] Paris (AFP) Vine, Instagram, films amateurs: les vidéos au smartphone sont omniprésentes sur internet mais les téléphones, toujours plus sophistiqués, permettent aussi à des réalisateurs débutants de tourner des courts métrages à moindres frais en espérant se faire remarquer, comme au Mobile Film Festival qui s’achève mardi soir.

“1 mobile, 1 film, 1 minute”. Avec un principe simple, l’objectif de ce festival, créé en 2005, est “de dépoussiérer le court métrage et d’aller à la rencontre du jeune public qui se trouve désormais sur internet”, expliquait lors d’une conférence de présentation Bruno Smadja, son fondateur.

Pour cette 9e édition, 710 films ont été envoyés au Mobile Film Festival, dont le palmarès sera dévoilé mardi soir, lors de la cérémonie de remise des prix, avec une récompense principale de 15.000 euros.

Le jury, présidé par le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, compte notamment la productrice Anne-Dominique Toussaint ou Lorenzo Benedetti, le fondateur de Studio Bagel, chaîne humoristique sur YouTube.

Aujourd’hui, “tout le monde a accès à la technique”, constatait récemment Jean-Pierre Jeunet, qui a “commencé avec le super 8 de (ses) parents”. Mais si “la technique est plus simple, il faut toujours trouver des idées et savoir raconter des histoires”, ajoutait-il à propos du festival.

“Faire un film qui dure une minute avec un mobile, c’est vraiment peu coûteux”, confirme à l’AFP le lauréat de l’édition 2013, Guillaume Renusson, 23 ans. Son film, “une minute de silence”, réussit à traiter en 59 secondes très intenses un sujet aussi lourd que l’inceste.

“Etant très jeune, c’était très difficile d’aller chercher des sous auprès du CNC”, ajoute celui qui a vécu ce premier prix comme “un bon marchepied” et a reçu, depuis, d’autres aides et récompenses.

Pas de géant technologique

Autre facteur de développement du film au smartphone: la technologie contenue dans les téléphones a fait en quelques années un bond considérable.

“Les premières années, on me traitait un peu de fou, les téléphones étaient pourris”, raconte avec le sourire, Bruno Smadja, l’organisateur qui n’a plus aucun mal à faire participer des têtes d’affiche au jury de son festival.

“Les fabricants ont des équipements qui permettent de filmer correctement, comme les caméras Full HD, et des écrans de plus en plus grands et de qualité. En décembre, 90% de nos ventes on été faites sur des écrans de 4 pouces”, analyse Christian Bombrun, directeur marketing, divertissement et nouveaux usages, chez Orange France

Comme à chaque fois, “quand une technologie arrive elle est d’abord réservée aux modèles les plus chers et ensuite elle se déploie”, poursuit-il, ajoutant que les services qui permettent de partager des minis-vidéos, comme Vine (6 secondes) ou Instagram (15 secondes), “sont en train d’exploser” grâce à la 4G.

Signe de cet engouement pour les films sur mobile, des mini-steadycams ou des mini-grues, matériel onéreux et généralement utilisé dans les tournages professionnels, sont désormais en vente à un prix accessible.

Du coup, tout un “nouveau format narratif” s’est développée sur internet autour de ces formats ultra-courts, dit en substance Pierre Laromiguière, président de l’agence Armstrong, qui vient d’organiser les premiers “Vine Awards”.

“Il y avait les longs, les courts et maintenant il y a les ultra courts. Il va falloir tenir compte de ces nouveaux formats. Aux Etats-Unis, les marques commencent à s’arracher les Vineurs (réalisateurs sur Vine, NDLR) stars”, ajoute-t-il.

A l’autre bout du spectre, l’artiste italien Pippo Delbono avait, déjà en 2011, filmé au téléphone portable un long-métrage, le documentaire “Amore Carne”, sélectionné à la Mostra de Venise cette année-là.