Face à la vague mobile, que vont devenir les cabines téléphoniques ?

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On comptait fin 2013 en France 76,7 millions de carte Sim (Photo : Philippe Huguen)

[12/02/2014 10:15:05] Paris (AFP) L’utilisation des cabines téléphonique s’est effondrée avec l’arrivée de la téléphonie mobile en France au point qu’Orange est en train de les démonter progressivement, mais reste à savoir ce qu’il doit faire des 40.050 cabines qui relèvent du service universel.

Au premier janvier 2014 il y avait encore 95.750 cabines téléphoniques en France dont 40.050 relevant du service universel, ce qui correspond à une cabine par ville de moins de 1.000 habitants et 2 au delà.

Orange, qui a été désigné comme prestataire pour gérer ce parc pour une durée de deux ans, par arrêté ministériel du 14 février 2012, attend maintenant de savoir ce que le gouvernement va décider pour les deux prochaines années.

L’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms a récemment suggéré dans un avis “qu?une réflexion ait lieu sur le périmètre de ce service”, ainsi qu’une “modification technique concernant le calcul du coût de cette composante du service universel, dont le financement est assuré par les différents opérateurs”.

Orange indique en effet “qu?il va devoir procéder à d?importants investissements pour rénover ou entretenir ces cabines”, assure l’Arcep.

En 2013, ces publiphones ont coûté 11,6 millions d’euros sur les 30,7 millions que coûte le service universel (cabine, annuaires et tarifs sociaux dans le fixe…), et cette somme devrait atteindre 12,3 millions en 2014, selon les chiffres de l’Arcep.

Or le volume annuel des communications, qui représentait 4,3 milliards de minutes en 1998, ne représentait plus en 2012 que 100 millions de minutes, soit, en moyenne, 3 minutes de communication par jour et par cabine.

Et on comptait fin 2013 en France 76,7 millions de carte Sim, les cartes à puce utilisée dans les téléphones portables.

Internet intégré au service universel ?

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éléphoniques en France dont 40.050 relevant du service universel (Photo : Bertrand Guay)

“Face à la décroissance d’usage et vu qu’Orange supporte des coûts pour exploiter les cabines téléphoniques, le groupe a pris la décision d’accélérer son plan de dépose” sur les 55.700 cabines hors service universel sur voie publique, explique la directrice de la publiphonie chez l’opérateur, Lorraine Lépine.

“L’objectif c’est qu’au 31 décembre 2016, il n’y ait plus de cabines téléphoniques en France sauf celles du service universel pour lesquelles nous ne savons pas encore comment vont évoluer ces obligations dans les deux ans à venir”, ajoute-t-elle.

La balle est donc dans le camp du gouvernement, alors que chez Orange on “juge inopportune une reconduction du service universel, compte tenu des investissements qui seraient nécessaires”. “On a un parc qui est obsolète et totalement disproportionné par rapport aux usages qu’on constate aujourd’hui”, insiste Mme Lépine.

La cause est entendue et il est pourtant peu probable que le gouvernement prenne des mesures drastiques dès cette année pour arrêter ce service, mais plutôt qu’il s’oriente vers une décroissance progressive.

L?Association française des utilisateurs de télécommunications (Afutt) a elle estimé “opportune” une réflexion sur les cabines téléphoniques, dans un communiqué, mais pense “qu?elle doit s?accompagner d?un examen plus large sur la réalité des besoins et des objectifs aujourd?hui de la publiphonie et, plus largement, du service universel”.

Par exemple, “que peut encore signifier en 2014 un service universel dont l?obligation ne couvre pas l?accès à l?internet ?”, se demande l’Afutt.

Pour Jean Deydier, directeur d’Emmaüs connect, association qui ?uvre pour que le numérique ne devienne pas un nouveau facteur d’exclusion, l’enjeu est également de profiter de ce débat pour “revisiter le dispositif du service universel et y intégrer la problématique des gens” qui sont en dessous du seuil de pauvreté.

Si 80% des bénéficiaires de l’association ont un téléphone portable, il en reste 20% qui n’y ont pas accès, la plupart parce qu’ils ne sont pas bancarisés, explique-t-il.

“Quand bien même les cabines téléphoniques peuvent dépanner, notre sujet c’est l’équipement en téléphonie mobile” de tous, et surtout que les sommes dépensées pour gérer les cabines téléphoniques se transforment en “contribution directe aux personnes les plus exclues”, assure M. Deydier.