On marque des points dans la lutte contre le fléau du terrorisme. Neutraliser les “desperados“ est une chose. Remonter jusqu’aux protecteurs des terroristes ainsi que leurs commanditaires sera la victoire finale. Est-ce que ce sera permis?
Les forces de l’ordre marquent des points sur le terrain, faisant échec aux terroristes. La traque devient -soudainement-payante. Elle est en effet suivie d’actions concrètes. Les cellules dormantes sont démasquées et neutralisées. L’opinion respire et se remet à espérer. Allons-nous retrouver un climat serein, dans l’immédiat? Et, vivrons-nous un climat propice au déroulement serein des élections, le moment venu?
Des coups de filets réussis…
Des maillons clés des réseaux terroristes sont démantelés et les activistes interceptés. Mais une fois salué l’effort des forces de l’ordre, des interrogations s’imposent d’elles-mêmes. Qui a été à l’origine de ce regain -subit- et rapide de l’efficacité sécuritaire, à peine la Troïka partie du pouvoir? Est-ce que le switch des équipes gouvernementales a redonné cette liberté de manœuvre aux forces de police? La volonté politique est-elle, à présent, au rendez-vous? Cette dernière question prend du relief parce que les progrès marqués par le gouvernement de Mehdi Jomaa ont été réalisés avec le même ministre de l’Intérieur. L’affaire n’en finit pas de passionner.
Toutefois, ce qu’il faut retenir est que le débat sur l’éradication du terrorisme a retrouvé une certaine conséquence suite aux postures prises par Besma Belaid et M’Barka Brahmi, respectivement veuves de Chokri Belaïd et Mohamed. Elles s’imposent, désormais, comme marraines de la lutte contre le terrorisme. Leur attitude est conséquente. Arrêter les coupables, c’est gagner une bataille. Elles regardent, toutefois, ces porte-flingues comme des victimes consentantes certes mais embrigadées en amont par un foyer de malveillance. L’ennemi est donc, ce véritable “foyer du mal“ qui agit dans les ténèbres et qu’il faudra débusquer.
Refusant, résolument et obstinément, de faire leur deuil à titre individuel, elles font apparaître une nouvelle causalité au terrorisme. Via les martyrs, c’est la paix sociale qui est ciblée et l’idée a fait tilt. En effet, l’opinion a relayé le combat à son compte, convaincue ce faisant de barrer la route à la guerre civile dans le pays.
Diligenter les deux enquêtes ne suffira plus. Il faut déclarer une guerre ouverte au terrorisme car c’est devenu la cause du peuple. C’est une fois seulement qu’on aura fait la lumière sur les assassinats politiques, leurs planificateurs et leurs protecteurs, que le peuple fera son deuil collectif.
Toute la filière devra être désintégrée et pas seulement les phalanges activistes qui agissent en bout de chaîne.
Les marraines de la lutte contre le terrorisme
Les “martyres“ de la révolution, Basma Khalfaoui Belaïd et M’Barka Brahmi, ont reformaté la pensée politique dans notre pays. Faisant montre d’une noblesse d’âme qui fait honneur à la Tunisie entière, elles refusent la vendetta.
Basma Belaid et M’Barka Brahmi, dans un élan de sincérité sans pareil, ont compati avec les familles des bourreaux de leurs maris. Elles ne demandent pas vengeance, ce n’est pas de vendetta qu’elles ont envie, mais que l’on rende justice au peuple de Tunisie. Le peuple a le droit de vivre en sécurité.
Pasionarias nationales, au lieu du sang, elles veulent s’abreuver de vérité sur les sources du mal pour préserver la stabilité du pays car là est le véritable enjeu.
Il ne s’agit pas d’arrêter des assassins et de tirer un trait sur l’affaire. Il faut faire obstacle à ce dessein funeste de précipiter le pays dans le chaos de la violence et de découvrir ses tenants et ses aboutissants.
Le dépistage policier ne suffira plus, à lui tout seul. Il faut explorer et sonder le problème politiquement et voir à qui peut profiter le plan de déstabilisation de la Tunisie.
La tentation du leurre du bon peuple
Véritables icones nationales, Besma Belaïd et M’Barka Brahmi ont acquis une stature internationale. Nous y voyons, pour notre part, deux candidates au poste d’ambassadrices des Nations unies pour la paix. Ces deux icones ont délivré un message sous forme d’avertissement public au gouvernement de Jomaa. Il est codé des valeurs républicaines et des références démocratiques. La salubrité de la vie publique et l’assainissement des pratiques politiques doivent être de retour dans le pays. Ce sont nos repères démocratiques.
Et elles semblent dire que le déficit de volonté politique a permis au terrorisme de torpiller ces objectifs démocratiques, donc de laisser frapper la Tunisie au cœur.
Dans ce contexte, on écarterait d’office la conclusion des deux enquêtes par une simple allusion à l’instrumentalisation des assassins par “Al Qaïda“. Désormais, il s’agit de débusquer la “Tunisian Qaida Connexion“ et couper court au complot contre la paix civile en Tunisie. Et ce sera le test de vérité pour le gouvernement de Mehdi Jomaa.
Ce faisant, cela éveillera de lourdes présomptions sur le bilan politique du gouvernement de la Troïka et ses accointances hasardeuses. L’affaire n’est pas près de nous surprendre.