Thomson Reuters plombé par les économies des banques

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ège de Reuters à Times Square le 19 septembre 2013 (Photo : Mario Tama)

[12/02/2014 17:00:28] New York (AFP) Le groupe américano-canadien d’informations Thomson Reuters, confronté aux réductions de coûts dans le secteur bancaire qui plombent son activité vedette d’écrans financiers, a vu son bénéfice net chuter l’an dernier, et même essuyé une perte au quatrième trimestre.

Selon des résultats publiés mercredi, le bénéfice net annuel a fondu de 93% à 137 millions de dollars, contre près de 2 milliards en 2012 où il avait toutefois été dopé par d’importantes recettes exceptionnelles après des cessions.

Thomson Reuters a aussi eu l’an dernier d’importantes charges liées à des suppressions d’emplois. Cela a notamment été le cas au quatrième trimestre, où il accuse une perte nette de 351 millions de dollars.

Le groupe avait annoncé 2.500 réductions de postes mi-février 2013, puis 3.000 supplémentaires fin octobre. La plupart touchent sa division financière, qui représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires et commercialise les écrans boursiers installés dans les salles de marché et les banques en concurrence avec ceux de l’agence Bloomberg. Or ces importants clients cherchent à faire des économies et réduisent leurs abonnements.

Même en excluant les éléments exceptionnels, le bénéfice par action, qui fait référence à Wall Street, reste inférieur de respectivement 2 et 3 cents aux prévisions moyennes des analystes, à 1,83 dollar pour l’année entière et 49 cents pour le trimestre. La sanction était sévère à la Bourse de New York, où l’action Thomson Reuters perdait 5,06% à 34,75 dollars vers 16H40 GMT.

Lors d’une téléconférence avec des analystes, le directeur financier James Smith a reconnu que la fin d’année avait été plus difficile que prévu, se disant “déçu” en particulier de l’affaiblissement de l’activité “dans le secteur bancaire européen et sur les marchés émergents”.

“Quand les grandes banques internationales se retirent des marchés émergents, (…) ces retraits affectent nos contrats avec elles”, a-t-il expliqué. Parallèlement, l’abandon de certains petits services moins rentables et le basculement vers le nouveau système Eikon (dont il a triplé le nombre de postes installés à près de 123.000 fin 2013) a entraîné “certaines pertes de petits clients en Asie qui n’ont pas migré vers les nouveaux produits avec nous”.

Pas de croissance en 2014

Le directeur général a reconnu que les mesures d’économie et de rationalisation avaient “distordu” les résultats du quatrième trimestre, mais assuré qu’elles “devraient se traduire par des économies importantes à partir de 2015”.

En attendant, il a assuré que la division financière faisait “des progrès tangibles, du point de vue tant opérationnel que concurrentiel. Mais cela va prendre plus de temps pour que ce progrès débouche sur de la croissance du chiffre d’affaires dans cette activité.”

Si l’ensemble du groupe devrait améliorer sa marge d’exploitation (Ebitda) à 26%-27% cette année, après 24,5% l’an dernier, la prévision de chiffre d’affaires s’est avérée décevante. Thomson Reuters s’attend à un niveau “comparable” à celui réalisé en 2013, qui atteignait 12,7 milliards de dollars (-3%). Les analystes espéraient jusqu’ici une petite progression.

M. Smith a expliqué que la croissance serait limitée l’an prochain par un ralentissement du rythme d’acquisitions du groupe, ainsi que par la persistance des tensions dans le secteur bancaire.

“Les banques continuent d’être sous pression, avec davantage de contraintes en termes de capital, une régulation croissante, et des amendes importantes, qui entravent leur croissance et leurs rendements”, a-t-il expliqué.

Outre sa division financière, Thomson Reuters a des branches spécialisées dans les questions juridiques, de fiscalité et de comptabilité, ou encore de protection intellectuelle. Il est aussi propriétaire de l’agence de presse Reuters News, concurrente de l’AFP, qui ne représente toutefois qu’une toute petite partie de son activité, avec un chiffre d’affaires de 331 millions de dollars en 2013, stable comparé à l’année précédente.