Chômage : le projet du patronat fait grincer les dents des syndicats

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égociateur CGT, Eric Aubin, le 17 janvier 2014 au siège du Medef à Paris (Photo : Thomas Samson)

[13/02/2014 14:23:16] Paris (AFP) Le ton est monté jeudi à l’ouverture de la 3e séance de négociations sur l’assurance chômage, les syndicats ayant peu apprécié les propositions de réforme drastiques du patronat, la CGT allant même jusqu’à déchirer le texte devant les caméras de télévision.

“La CGT appelle les salariés, les précaires, les demandeurs d’emploi, les intérimaires, les intermittents à se préparer à un rapport de force”, a lancé le négociateur CGT, Eric Aubin, avant de couper en deux le texte patronal dans un geste spectaculaire.

Les propositions du Medef sont un “recul pour l’ensemble des demandeurs d’emplois, notamment les précaires. “Nous n’accepterons aucun recul”, a-t-il prévenu.

Le patronat (Medef, CGPME, UPA) a mis sur la table mercredi un projet de réforme drastique de l’assurance chômage, notamment la suppression, très polémique, du régime spécial dont bénéficient les intermittents du spectacle. Un dossier que le gouvernement avait souhaité ne pas voir rouvrir, à l’approche des municipales.

Le patronat prône aussi une modulation de l’indemnisation des chômeurs en fonction de la conjoncture et la cotisation des contractuels de la fonction publique.

Avant même l’ouverture de cette séance, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a accusé le patronat de jouer au “casse-cou”. Il a même “déconseillé au Medef de persévérer dans son erreur” sur les intermittents.

Le gouvernement avait déjà recadré cette semaine le patron du Medef, Pierre Gattaz, après ses déclarations aux Etats-Unis sur le Pacte de stabilité.

-“Faire du buzz”-

La CFDT et FO ont également accusé le patronat de vouloir faire du “buzz” en ouvrant le dossier des intermittents.

La représentante de la CFDT, Véronique Descacq, a fermé la porte à toute négociation sur ce sujet “qui ne fait pas partie de la négociation”. “On ne veut pas en parler”, a-t-elle insisté.

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évrier 2014 à Washington (Photo : Alain Jocard)

Pour elle, les discussions doivent se focaliser sur la mise en oeuvre des droits “rechargeables”, dispositif qui permettra aux chômeurs de conserver leurs droits acquis quand ils retrouvent un emploi.

“Il est hors de question que l’on touche à la question des intermittents”, a renchéri son collègue de FO, Stéphane Lardy, qui s’est toutefois démarqué du geste de la CGT.

“Moi, je suis quelqu’un de poli, d’écologique, je ne jette pas le papier par terre!”, a-t-il ironisé, jugeant aussi la proposition patronale de modulation des allocations chômage en fonction de la conjoncture “tout à fait absurde”.

Le représentant du Medef, Jean-François Pilliard, a pour sa part refusé toute ingérence du gouvernement dans ces négociations, estimant que celles-ci relevaient “de la responsabilité des partenaires sociaux”, qui sont gestionnaires du régime et “autonomes”.

Plombée par un lourd déficit

Le Medef estime que tous les sujets, y compris celui des intermittents, doivent être mis sur la table. “Ne rien faire dans la période actuelle, c’est prendre le risque dès 2017 de remettre en cause l’existence même de l’assurance chômage”, plombée par un lourd déficit et une dette proche de son niveau record, a fait valoir Jean-François Pilliard.

Sa collègue de la CGPME, Geneviève Roy, a également défendu un texte équilibré”, dans un contexte d’explosion du chômage.

Sur 3,3 millions de demandeurs d’emploi en métropole, 2,2 millions sont indemnisés par l’assurance chômage. Le déficit de l’Unedic (l’organisme gérant l’assurance chômage) devrait atteindre 4,1 milliards d’euros fin 2013 et sa dette le niveau record de 22,3 milliards en 2014.

Les partenaires sociaux se sont donné jusqu’au 13 mars pour parvenir à un accord sur les modalités d’indemnisation des chômeurs et le montant des contributions des employeurs et des salariés. L’actuelle règlementation expire fin mars.

Des représentants des associations de chômeurs ont appelé à manifester devant le siège du Medef jeudi, en souvenir notamment du demandeur d?emploi en fin de droits qui s’était immolé à Nantes il y a un an le 13 février 2013.