Agriculture : face aux pesticides, le biocontrôle veut s’imposer

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– Un jardin solidaire – (Photo : Odd Andersen)

[14/02/2014 15:18:53] Paris (AFP) Les industriels du biocontrôle veulent conquérir en France 15% du marché de la protection des plantes en trois ans, en encourageant agriculteurs et collectivités à troquer les produits chimiques par des produits naturels pour protéger jardins et cultures.

Pour y parvenir, ils misent notamment sur la formation des agriculteurs et une réglementation plus souple à leur égard, détaille l’IBMA, leur association professionnelle, dans un communiqué publié vendredi.

Actuellement, le secteur pèse moins de 5% du marché français de la protection des plantes, avec un chiffre d’affaires situé entre 100 et 150 millions d’euros.

Pour réduire l’usage de produits chimiques (pesticides, herbicides, fongicides) et doper les productions végétales, les agriculteurs ou les collectivités peuvent avoir recours à des produits naturels dits de biocontrôle. Loin du purin d’orties, il s’agit de solutions difficiles à produire et à utiliser, comme des insectes (les coccinelles mangent les pucerons, le trichogramme lutte contre la pyrale du maïs…), des champignons, bactéries ou phéromones.

Pour diffuser leur usage, IBMA France souhaite “former les acteurs du monde agricole”, techniciens, agriculteurs, formateurs, enseignants, etc.

Les industriels essaient également de voir avec les ministères de l’Agriculture, de l’Ecologie et la Commission européenne comment leurs dossiers de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) peuvent être traités en priorité, devant les produits agrochimiques.

La loi d’avenir de l’agriculture, actuellement en examen au Parlement, prévoit également de les soutenir sur deux points: les produits de biocontrôle n’auront pas de restriction de publicité contrairement aux produits chimiques; et les prestataires de service proposant ces solutions naturelles n’auront pas besoin d’agrément, a-t-on appris auprès du ministère de l’Agriculture. En mars, le ministre Stéphane Le Foll va également réunir tous les acteurs français du biocontrôle afin de réfléchir aux moyens de mieux soutenir un secteur porteur.

Le biocontrôle en France, c’est 26 acteurs, surtout des petites et moyennes entreprises, et trois grands groupes. Il compte des entreprises très innovantes comme Goëmar (qui travaille avec des algues notamment), Biotop (fabrication industrielle d’insectes auxiliaires de culture) ou encore Agrauxine qui a mis au point un bio-fongicide contre les maladies du bois de la vigne.

L’usage des produits phytosanitaires a baissé de près de 6% en France entre 2011 et 2012, un résultat encourageant mais loin des objectifs initiaux du plan Ecophyto, lancé en 2008 après le Grenelle de l’Environnement, qui visait une réduction de moitié de l’usage des pesticides d’ici 2018.