Un grand coup de chapeau pour Najla Harrouch, ministre du Commerce et de l’Artisanat, qui entame son mandat à la tête de département par un soutien officiel à l’artisanat.
Najla Harrouch lance ainsi de nouvelles habitudes dans notre pays par sa présence aux côtés de Wided Bouchamaoui, la présidente du patronat à l’ouverture de deux nouvelles boutiques du «Palais de l’Artisan» qui s’affirme de plus en plus en tant que label et une locomotive pour tirer le secteur artisanal vers le haut. Pour la première fois aussi dans l’histoire de la Tunisie, le lancement des produits artisanaux se fait par une égérie représentée en la personne de Mariam Ben Hussein. Une actrice et journaliste qui représentera désormais la griffe «Le Palais de l’Artisan» et tous les trésors de ce secteur si riche dans son histoire et ses produits et si pauvre au niveau de sa présence dans le circuit économique de la Tunisie.
La présence des premières dames du secteur lors de cet événement lui redonne la place qu’il mérite dans la dynamique économique du pays. La symbolique est importante, ce sont deux décideurs qui se rejoignent pour une noble mission, celle de soutenir des opérateurs exerçant dans des conditions difficiles et qui résistent tant bien que mal pour sauvegarder un patrimoine riche et des métiers en déperdition.
Dans une Tunisie 3 fois millénaires, la richesse culturelle a touché tous les aspects de la vie des natifs du pays tout au long des siècles, aussi bien sur les plans vestimentaire, gastronomique et décoratif que ceux de l’ameublement, de l’orfèvrerie et du tissage. 75 activités artisanales ont résisté à la perfidie du temps. Nous étions en droit d’espérer mieux au vu de la mosaïque civilisationnelle qu’illustre la Tunisie.
L’artisanat emploie selon les chiffres estimés par l’ONAT 350.000 personnes. Celles inscrites à l’Office sont au nombre de 117.359, soit la preuve qu’une grande partie des opérateurs dans le secteur échappe à la vigilance des autorités de tutelle qui ne le maîtrisent pas comme il se doit. 1.200 entreprises sont seulement enregistrées à l’Office, 7.000 emplois sont annuellement créés par un secteur lequel, si on y déployait les moyens qu’il faut, pourrait au moins engendrer 40.000 emplois y compris ceux des diplômés du supérieur.
523 entreprises artisanales sont exportatrices, c’est dire le potentiel que le secteur possède à l’international et sa capacité de générer des emplois et des revenus aussi bien en Tunisie qu’ailleurs. Le hic est qu’il reste parent pauvre du secteur économique tunisien, pire encore, la main mise de l’ONAT sur les activités artisanales dans les régions et le pouvoir alloué à ses délégués laisse peu de place à l’épanouissement des métiers artisanaux généralement de petite envergure. A une certaine époque, on parlait même d’une exploitation sans pitié des artisanes dans les activités des tapis et des mergoums à l’intérieur du pays.
Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui? Rien de notable et c’est ce qui donne à la présence de la ministre du Commerce et de l’Artisanat à l’ouverture de boutiques commercialisant des produits artisanaux toute son sens. Une ouverture largement médiatisée ce qui prouve une prise de conscience de la part des représentants des médias nationaux de l’importance du secteur.
Il est pourtant évident que le secteur artisanal est riche en opportunités pour des entrepreneurs mal desservis qui ont besoin d’encouragements aussi bien financiers que moral.