France : les investissements chinois explosent mais restent microscopiques

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ën Automobile à Wuhan le 7 décembre 2013 (Photo : Peter Parks)

[18/02/2014 11:45:08] PARIS (AFP) Les investissements directs chinois en France ont explosé depuis 2005, orientés vers des marques reconnues et des technologies duplicables en Chine, mais ils représentaient moins de 1% des stocks d’investissements étrangers dans l’Hexagone fin 2012.

Selon la Banque de France, le montant total des investissements directs chinois a bondi de 250 millions d’euros en 2005 à 3,5 milliards en 2012 (4,2 milliards en incluant Hong Kong), soit 0,8% du total des investissements étrangers dans l’Hexagone à cette date.

Ce bond découle pour l’essentiel de la prise de participation du fonds souverain CIC dans la filiale d’exploration-production de GDF Suez fin 2011. La prise de participation de Dongfeng dans PSA Peugeot Citroën va avoir le même effet.

A titre de comparaison, les investissements des Etats-Unis en France, les plus élevés d’un pays étranger en France, pèsent entre 90 et 100 milliards d’euros. Ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni dépassent les 60 milliards.

“L’investissement chinois pourrait augmenter dans les années à venir du fait d’une volonté affirmée des autorités d’internationaliser les entreprises chinoises, d’acquérir des technologies étrangères et des marques”, estimait l’an dernier le service économique de l’ambassade de France en Chine, après une visite d’Etat de François Hollande dans le pays.

Selon l’Agence française des investissements internationaux (Afii), la France était néanmoins le premier pays d’accueil en Europe des investissements créateurs d’emplois en provenance de Chine en 2012, s’arrogeant 21% des projets dirigés vers l’Europe.

Les entreprises chinoises employaient fin 2012 plus de 11.000 personnes en France, privilégiant les secteurs de l’énergie, de l’agroalimentaire, du verre/bois/papier et de l’aéronautique, précise l’Afii.

“Les Chinois sont guidés par l’opportunisme”, explique à l’AFP Thierry Charpentier, directeur des activités de soutien aux transactions au sein du cabinet PWC.

“Ils veulent avoir accès à une marque connue ou à une technologie pour pouvoir l’utiliser ensuite en Chine. Ce n’est pas uniquement de l’apport d’argent frais”, précise-t-il, soulignant que ces investissements constituent “plutôt de bons exemples” en termes de maintien de l’emploi en France et de développement en Asie.

Cerruti a été racheté en 2010 par son distributeur chinois, le groupe Li&Fung qui a mis la main par la suite sur Sonia Rykiel et Robert Clergerie. Des noms prestigieux qui permettent de se démarquer sur un marché chinois hautement concurrentiel.

– Le “made in France” argument de vente –

“Les investisseurs chinois considèrent les entreprises européennes en fonction de ce qu’elles peuvent leur apporter pour leur développement international et domestique”, explique Stéphane Baller, associé du cabinet EY responsable des pays émergents.

La France attire par la haute technicité de ses produits, son savoir-faire industriel et sa maîtrise des processus “qui peuvent être facilement réimportés sur le marché chinois, en effectuant un saut technologique” au passage, a-t-il indiqué.

Les produits de luxe et cosmétiques, les vignobles et la pharmacie figurent également parmi leurs secteurs de prédilection.

Ainsi, BlueStar a racheté en 2007 la division silicones de Rhodia, Petrochina a repris 50% de la raffinerie d’Ineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) en 2011. Le distributeur de cosmétiques et de parfums Marionnaud a été repris en 2005 par Watson Group, du milliardaire chinois Li Ka-Shin.

Alcatel-Lucent vient d’annoncer la cession de sa filiale Entreprise à la société d’investissements en technologies China Huaxin.

Le groupe alimentaire chinois Shuanghui a pris le contrôle des marques Aoste, Justin Bridou, Cochonou et Jean Caby en rachetant l’Américain Smithfields Foods l’an dernier.

Depuis plusieurs scandales affectant leurs produits laitiers, les Chinois font les yeux doux aux laiteries françaises, faisant du “Made in France” notamment un argument de vente.

Synutra, quatrième producteur chinois de lait infantile, va même construire une usine à Carhaix (Finistère) en partenariat avec la coopérative Sodiaal.

Le tourisme n’est pas en reste: le Club Med fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) controversée du groupe Fosun et de la société de capital-investissement française Ardian.

Le commerce bilatéral entre la France et la Chine –deuxième fournisseur de l’Hexagone et huitième client pour les exportations françaises– est passé de 10 milliards d’euros en 1995 à 60,7 milliards en 2013 (Hong Kong inclus), selon le ministère du Commerce extérieur.

Mais le déficit commercial s’est fortement creusé à 21,6 milliards en 2013, soit le plus important pour la France sur un déficit total de 61,2 milliards. En 2004, il atteignait seulement 9,8 milliards.