Gattaz joue sur les mots et appelle à ne pas “stresser” les entreprises

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ésident du Medef Pierre Gattaz à Paris le 18 février 2014 (Photo : Eric Piermont)

[18/02/2014 11:37:02] Paris (AFP) Le président du Medef Pierre Gattaz a une nouvelle fois rejeté mardi le terme de “contreparties” des entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité, et demandé un moratoire sur des projets de lois qui “stressent” les patrons.

M. Gattaz, attendu au tournant après une sortie sur le Pacte jugée très maladroite lors du voyage de François Hollande aux Etats-Unis, a entamé sa conférence de presse mensuelle sur le ton de la plaisanterie.

“J’espère qu’il n’y a pas de journalistes dans cette salle” et “tout ça c’est du +off+”, a-t-il lancé en référence à la médiatisation de déclarations virulentes tenues en petit comité à Washington, qui lui ont valu des volées de bois vert de la majorité.

Il avait rejeté avec force la notion de contreparties qui seraient imposées aux entreprises en termes d’embauche, en échange des allègements de charge de 30 milliards d’euros promis par le président de la République.

– ‘Je dérange, tant pis’ –

Le patron du Medef, affirmant “Je dérange, hé bien tant pis”, n’en a pas moins enfoncé le clou mardi, en appelant à renommer “l’observatoire des contreparties” qui doit accompagner la mise en place du Pacte de responsabilité, actuellement en cours de négociation avec les partenaires sociaux et le gouvernement.

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étrangères (Photo : Philippe Wojazer)

“J’aimerais qu’on l’appelle le +comité de suivi du Pacte+, c’est beaucoup moins agressif”, a dit M. Gattaz, pour qui “le mot contrepartie est dangereux”.

Et de glisser qu’on “ne demande pas de contrepartie aux investisseurs étrangers”, au lendemain de la réception à l’Elysée de patrons de multinationales étrangères.

Estimant faire preuve d’une “cohérence implacable”, il a toutefois répété son soutien aux mesures annoncées par M. Hollande, et même déclaré que la simplification de l’environnement juridique et fiscal promise par ce dernier était “une chance historique”, estimant que “le train France a été remis sur les rails”.

“Maintenant il faut concrétiser”, a réclamé le chef du Medef.

M. Gattaz a “défini une doctrine” sur l’application concrète du Pacte, en demandant le maintien du Crédit d’impôt emploi et compétitivité (CICE), un coup de pouce aux entreprises à 20 milliards d’euros, en vigueur depuis un an, ainsi que des “allègements Fillon”, dispositif ciblant les bas salaires.

Restent 10 milliards d’euros de baisse des cotisations patronales qu’il faut selon lui consacrer pour moitié au secteur des bas salaires, et pour moitié aux emplois rémunérés plus de 2,5 fois le Smic.

“C’est notre proposition de démarrage pour les deux prochaines années, après il faudra certainement simplifier”, a-t-il jugé.

Le patron du Medef, beaucoup moqué pour le pin’s “1 million d’emplois” qu’il arbore en permanence, a martelé : “Ce n’est pas un badge impertinent”, mais bien “un projet” de l’organisation patronale.

“On avance dans la montagne, on y croit à fond”, a-t-il dit, expliquant que le Medef allait “regarder filière par filière où sont les poches de créations” d’emplois, et examiner les moyens de favoriser “la montée en gamme” des entreprises françaises.

– Moratoire sur les réformes –

Le patron du Medef a toutefois tenu à lier la discussion autour du Pacte à l’environnement législatif et fiscal.

Il s’est ainsi dit “très inquiet” à propos des Assises de la fiscalité lancées par le gouvernement avec pour but de réformer la fiscalité des entreprises.

“Si nous arrivons fin mars avec aucune baisse de fiscalité, on se sera trompé”, a-t-il averti.

M. Gattaz a par ailleurs épinglé des réformes qui selon lui “stressent” les entreprises.

“Quand je vois les projets de loi dans les tuyaux, j’ai très très peur”, a dit le chef du Medef, qui en dénombre “une quinzaine”, portant sur les stages, sur la pénibilité, sur la sanction des PME qui ne concluent pas d’accord sur l’emploi des jeunes et des seniors (contrats de génération) ou encore sur l’obligation d’informer des salariés en cas de cession d’entreprise.

“Il faudrait qu’il y ait un moratoire sur ces projets de loi qui sont autant de stress sur le dos des patrons”, a insisté M. Gattaz.