Italie : Renzi entame ses consultations, le pays avide de réformes

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évrier 2014 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[18/02/2014 12:25:47] Rome (AFP) Le chef du centre gauche, Matteo Renzi, a entamé mardi des consultations politiques pour former un nouveau gouvernement qui risquent de durer plus que prévu, face à une Italie de plus en plus impatiente qui réclame plus de travail et moins d’impôts.

Le bras droit du jeune dirigeant, le ministre sortant pour les Affaires régionales Graziano Delrio, a assuré que l’équipe gouvernementale serait constituée “d’ici à la fin de la semaine”, en arrivant à la Chambre des députés pour épauler M. Renzi dans ces entretiens qui s’étaleront sur deux jours.

“A l’improviste Renzi, le Speedy Gonzales de la nouvelle politique, se retrouve prisonnier du facteur temps”, a noté l’éditorialiste Sebastiano Messina dans Repubblica.

M. Renzi, qui à 39 ans deviendrait le plus jeune chef de gouvernement de l’Union européenne, a prévu de reconduire la coalition gauche-droite qui soutenait son prédécesseur, Enrico Letta. Mais cela nécessite de délicates discussions notamment avec le Nouveau centre droit de l’ex-vice président du Conseil, Angelino Alfano, dont dépendra sa majorité au Sénat.

Bruno Tabacci, chef du Centre démocratique qui a promis le soutien de sa minuscule formation de centre gauche, a jugé le changement de gouvernement “utile” à cause du “sentiment d’espoir qu’il a créé dans le pays”. Mais il avertit que “c’est la dernière carte” pour l’Italie.

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érieure de la Chambre des députés le 18 février 2014 à Rome (Photo : Andreas Solaros)

Pour le moment, le programme de Renzi tient en peu de mots: réformes institutionnelles (mode de scrutin, abolition du Sénat…) dès février, réforme du marché du travail en mars, bureaucratie et réforme de l’administration publique en avril, fiscalité en mai.

Or l’Italie, qui a commencé seulement au dernier trimestre de 2013 à sortir de deux ans d’une profonde récession (le PIB a chuté de près de 4% sur cette période) a soif de résultats immédiats.

Entre 30.000 et 40.000 artisans, commerçants et petits entrepreneurs étaient attendus mardi à Rome pour attirer l’attention du gouvernement après des milliers de faillites dans le secteur des services et de la construction.

Le président de la Fédération des commerçants (Confcommercio), Carlo Sangalli, a évoqué dans le Messaggero le “désespoir des (petits) entrepreneurs qui attendent encore des réponses à l’urgence économique tant de fois annoncées”. “Les entreprises ne veulent pas assister à une nouvelle année de transition, 2014 doit être l’année des faits”, a-t-il dit.

– “Espoirs de changement” –

En matière fiscale, selon les journaux, Renzi aurait l’intention d’abolir l’Irap, la taxe professionnelle, d’abaisser l’impôt sur le revenu des ménages des couches moyennes-basses et d’accroître la taxation des gains financiers.

“Le noeud gordien risque d’être une fois de plus celui de la couverture financière”, a noté la Repubblica. “Renzi est impulsif et impatient (..) mais il ne faut pas exagérer. L’Italie est étourdie par les annonces à répétition… Il a promis en trois mois trois choses que nous attendons depuis 30 ans”, s’est étonné mardi l’éditorialiste du Corriere della Sera, Beppe Severgnini, réputé pour sa plume ironique.

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évrier 2014 au palais Quirinal à Rome (Photo : Filippo Monteforte)

Selon les médias, le président Giorgio Napolitano qui l’a reçu pendant plus d’une heure lundi, lui a donné une série de conseils. Et notamment celui de constituer une équipe de ministres “politiques” qui soient capables de diriger l’appareil d’Etat, avec si possible une expérience parlementaire, pour ne pas tomber dans les mêmes écueils que le gouvernement Letta.

Piégé lundi soir dans une émission radio par un imitateur se faisant passer pour un autre responsable de gauche, l’influent membre du Parti démocrate, Fabrizio Barca, pressenti pour le poste-clé de l’Economie, s’est inquiété de pressions de certains milieux économiques sur le camp Renzi, d’un manque “d’idées précises” et d’un certain “aventurisme”.

En revanche, sur les marchés, M. Renzi jouit d’une sorte de période de grâce, avec une baisse du “spread”, l’écart entre taux obligataires italiens et allemands, et une progression de la Bourse de Milan.

“C’est encore tôt mais la désignation de Renzi est porteuse de davantage d’espoirs de changements positifs que de risques d’une retombée dans les vieux travers italiens de jeux de pouvoir inefficaces”, a estimé Christian Schulz, économiste résumant l’état d’esprit des milieux financiers anglo-saxons.