înes de production du site de Poissy de PSA Peugeot Citroën le 27 janvier 2012 (Photo : Thomas Samson) |
[18/02/2014 15:53:04] Paris (AFP) PSA Peugeot Citroën se prépare à vivre un tournant historique avec l’entrée à son capital de l’Etat français et du chinois Dongfeng, qui a été validée par le conseil de surveillance du numéro un automobile hexagonal réuni mardi.
“Le conseil de surveillance s’est terminé et toutes les opérations ont été validées”, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
Ses membres ont approuvé un protocole d’accord non contraignant portant sur une augmentation de capital de trois milliards d’euros, selon cette source. Les pouvoirs publics et Dongfeng y prendront part tous deux à hauteur de 800 millions d’euros, avec à la clé 14% chacun du premier constructeur automobile français.
La famille Peugeot, qui avait approuvé dès lundi ce scénario, verra sa part diminuer de 25,4% à 14% et elle devrait perdre ses droits de vote double qui lui assurent actuellement 38,1% des droits de vote. Le nombre de ses représentants au conseil de surveillance, aujourd’hui de quatre, devrait être réduit à deux et Thierry Peugeot en perdrait la présidence, selon cette même source.
Les détails complets du protocole d’accord doivent être rendus publics mercredi, en même temps que les résultats annuels de PSA pour 2013. La signature devrait intervenir fin mars à l’occasion d’une visite du président chinois en France.
Le ministre du Redressement productif a de nouveau défendu mardi l’entrée de l’Etat au capital du constructeur, qui emploie environ 90.000 salariés dans l’Hexagone. “Nous avons pris une décision de patriotisme économique et industriel”, a fait valoir Arnaud Montebourg mardi sur France Inter. “C’est une bonne nouvelle dès lors que l’entreprise est menacée”, a renchéri, du côté de l’opposition, le président de l’UMP Jean-François Copé.
De fait, PSA se porte mal. Le constructeur a essuyé une perte nette abyssale de cinq milliards d’euros en 2012, victime de l’effondrement du marché automobile européen. Il a aussi brûlé trois milliards d’euros de liquidités, mais espère avoir divisé ce rythme au moins par deux l’an dernier. Ses résultats, qui seront publiés mercredi, sont encore attendus dans le rouge par les analystes.
és de PSA et de Dongfeng (Photo : S. Ramis-K. Tian/P. Defosseux/jm) |
Il a déjà pris toute une série de mesures pour réduire les coûts et améliorer la rentabilité de ses usines, dont la plus emblématique a été la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne.
Après l’échec de son alliance avec l’américain General Motors, sorti de son capital en décembre dernier moins de deux ans après y être entré, PSA s’est résolu à se tourner vers son partenaire chinois pour accélérer son développement à l’international.
– Un deal soigneusement verrouillé –
Le tandem PSA-Dongfeng possède déjà trois usines en commun en Chine et pourrait se doter d’une quatrième, avec en ligne de mire le marché chinois et l’Asie du Sud-Est.
Face aux craintes suscitées par l’arrivée d’un groupe chinois au sein d’un groupe qui emploie environ 90.000 salariés dans l’Hexagone, le protocole d’accord prévoit que les trois parties ne puissent pas augmenter leur niveau de participation pendant dix ans. L’accord final doit être signé fin mars lors de la visite du président chinois Xi Jinping à Paris.
Le cours de l’action de Dongfeng a été suspendu mardi à la Bourse de Hong Kong, quand le titre Peugeot lâchait 4,15% à 12,26 euros vers 16H15 (15H15 GMT) dans un marché parisien en baisse de 0,46%.
Le conseil de surveillance a aussi approuvé la création d’une coentreprise entre la filiale bancaire de PSA et la banque espagnole Santander, a ajouté la source proche du dossier. Selon le quotidien économique Les Echos, l’opération permettrait au français de récolter un milliard d’euros. Elle assurerait la solidité de Banque PSA Finance, lorsque la garantie publique de sept milliards d’euros dont elle bénéficie prendra fin en décembre 2016, explique le journal.
Un autre point à l’ordre du jour était la date de prise de fonctions de Carlos Tavares comme patron du groupe, prévue fin mars. L’ex-numéro deux de Renault, qui a fait son entrée début janvier au directoire, doit être nommé mercredi à la tête de la branche automobile du groupe, selon des sources internes. Il prendra ainsi en main la gestion de l’opérationnel, laissant l’actuel président du directoire Philippe Varin se concentrer sur le bouclage des négociations avec l?État et Dongfeng.
Selon Le Figaro, PSA envisage également de se doter d’une usine à la lisière de l’Europe de l’Ouest pour construire des petites citadines. Des syndicalistes reçus lundi par M. Varin ont indiqué que ce dernier a confirmé que le groupe, qui possède déjà un site en Slovaquie, y réfléchit.