Ayant un aspect d’analyse critique et d’évaluation, contrairement à d’autres manifestations organisées ces dernières années, et axée notamment sur la sensibilisation et la motivation, Rotaract Club Tunis Les Berges du Lac a organisé samedi 1er février 2014 à Tunis une demi-journée sur : «La Tunisie et l’entrepreneuriat», durant laquelle les organisateurs ont retracé toutes les étapes nécessaires à la création et à la réussite d’un projet dans le contexte économique actuel en Tunisie.
Cet évènement a été animé, dans son premier panel, par l’ancien ministre de l’Emploi du gouvernement Caid Béji Essebsi, Said Aidi, qui a affirmé que la Tunisie se trouve aujourd’hui dans une phase critique de sa transition suite à une révolution qui a amené le pays sur le chemin d’une transformation économique basée sur la démocratie. «Pour réussir, la Tunisie doit affronter les problèmes majeurs que sont le chômage et la pauvreté qui affectent particulièrement la jeunesse dans un pays dont la population est relativement jeune», a-t-il estimé.
La Tunisie, dit-il, compte aujourd’hui environ 200.000 chômeurs diplômés auxquels s’ajoutent chaque année 80.000 diplômés supplémentaires à la recherche d’un emploi. Parallèlement, l’économie tunisienne se caractérise par un tissu économique composé d’entreprises traditionnelles engagées dans des secteurs traditionnels à faible croissance et aux faibles opportunités de génération de revenus; elle doit donc obligatoirement s’ouvrir vers des technologies, des produits et des marchés nouveaux. «La création d’emploi pour la jeunesse et la transformation de l’économie sont les deux côtés d’une même médaille, un défi que seul l’entreprenariat peut relever», a-t-il déclaré.
M. Aidi a également fait savoir que la clé pour la réussite sera un soutien intensifié aux entreprises pour les étudiants qui sont motivés, ont des idées et des capacités pour réussir dans l’entrepreneuriat. Cela, dit-il, implique le développement d’un système de soutien à l’entrepreneuriat dans les universités, composé de deux niveaux et qui proposera à la fois un enseignement de base extensif en entrepreneuriat ciblé sur une meilleure compréhension de l’entrepreneuriat et les intentions entrepreneuriales dans la population estudiantine, et un soutien plus approfondi de la création d’entreprises et de la croissance pour ceux prêts à aller plus loin.
De plus, l’introduction d’un tel système sera soutenue par des échanges, des réseaux et une collaboration entre les universités tunisiennes et étrangères dans le but de promouvoir les bonnes pratiques et les approches communes, a-t-il ajouté.
De son côté, la professeur universitaire et experte en la matière, Afifa El Almi Ghamgui, a déclaré que les établissements d’enseignement supérieur tunisiens (universités et instituts supérieurs d’études technologiques) peuvent jouer un rôle décisif dans le soutien des changements économiques et sociaux nécessaires pour maîtriser le double défi de la création d’emploi pour la jeunesse et de la mise en place d’une base dynamique pour les entreprises orientées vers la croissance.
«Si les EES veulent remplir leur mission, ils doivent reconnaître que la promotion de l’entrepreneuriat est un objectif stratégique et développer les activités appropriées pour l’éducation entrepreneuriale et le soutien aux start-up», a-t-elle précisé. Et d’ajouter que les autorités publiques sont également appelées à proposer les incitations adaptées et à soutenir les institutions et les programmes.
Pour finir, force est de constater que l’entrepreneuriat des diplômés universitaires en Tunisie est actuellement confronté à certaines contraintes. Les problèmes relatifs à l’éducation entrepreneuriale comprennent, selon Mme Charngui, le manque d’enseignants et de formateurs expérimentés, des contenus de cours très hétérogènes et souvent non adaptés, le manque d’une compréhension claire et homogène sur le contenu du sujet, la dépendance excessive aux cours magistraux, le manque d’outils et de ressources pédagogiques appropriées, le manque d’interdisciplinarité et de collaboration inter-faculté, les difficultés à relier l’enseignement au contexte national et local des étudiants et trop peu d’incitations pour le personnel et les enseignants à s’engager dans l’enseignement de l’éducation entrepreneuriale.
Rappelons que des workshops d’initiation à l’entrepreneuriat ont été organisés en marge de la manifestation durant laquelle les participants ont essayé d’apprendre les outils nécessaires pour réussir le business model et d’avoir une ligne de financement auprès des banques spécialisées.
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