Le logo de la banque Dexia (Photo : Philippe Huguen) |
[20/02/2014 06:09:30] Paris (AFP) La banque franco-belge Dexia, sauvée de la faillite par les pouvoirs publics durant la crise, a accepté mercredi sous la pression de Paris et Bruxelles de revoir à la baisse la rémunération de plusieurs de ses dirigeants, sujettes à une vive polémique.
Sans attendre la publications de ses résultats annuels pour 2013, prévue jeudi matin, Dexia a tenu à désamorcer la crise qui avait été déclenchée fin janvier par des révélations dans la presse sur des augmentations octroyées à plusieurs de ses hauts cadres, se pliant ainsi aux voeux exprimés par les autorités nationales en France comme en Belgique.
Dans un communiqué, la banque a annoncé une série de décisions prises par son conseil d’administration “après avoir entendu les fortes réserves formulées par les deux Etats sur les niveaux de rémunération”.
La principale de ces mesures est la réduction “à 420.000 euros au lieu de 450.000 euros précédemment, et de 600.000 euros pour son prédécesseur”, de la rémunération annuelle du directeur financier, Pierre Vergnes.
En outre, le comité de direction, qui devait être porté à six membres, restera composé de trois personnes.
Enfin, le conseil a acté des propositions de la direction concernant trois autres dirigeants, membres du comité exécutif de la banque : leur salaire annuel moyen a été ramené à 390.000 euros, soit une augmentation de l’ordre de 2,3%, alors qu’ils s’étaient vu accorder des augmentations bien plus importantes fin 2013.
“Ceci constitue une baisse significative de 13% par rapport aux rémunérations de 450.000 euros approuvées le 13 décembre 2013”, souligne ainsi le communiqué.
Tout était parti d’un article paru il y a un mois dans le Journal du dimanche.
L’hebdomadaire français avait révélé que M. Vergnes, et deux autres responsables du groupe bancaire, le responsable des risques Marc Brugière et le secrétaire général Johan Bohets, avaient vu leur rémunération passer de 340.000 euros à 450.000 euros, après leur nomination au comité de direction de la banque en cours de démantèlement.
Certes, ils étaient nettement moins payés que leurs prédécesseurs, avait fait valoir Dexia, mettant aussi en avant la difficulté de leur tâche, “qui demande des compétences pointues et des professionnels expérimentés”.
Mais, alors que Dexia n’a été sauvée d’une faillite certaine que grâce aux contribuables français et belges, la nouvelle a fait scandale et les exécutifs des deux pays se sont emparés du dossier.
Le ministre des Finances de Belgique, Koen Geens, et son homologue français, Pierre Moscovici, ont ainsi appelé fin janvier la banque à reconsidérer la politique de rémunération des membres de son comité de direction, et Dexia avait promis dans la foulée de réexaminer leur situation.
Dexia est détenue à 44% par la France et à 50% par la Belgique. Secouru par les États belge et français à l’automne 2008, en pleine tourmente financière liée à la débâcle de Lehman Brothers, le groupe bancaire a été durement frappé par la crise de la dette dans la zone euro, ce qui avait rendu nécessaire un second sauvetage en octobre 2011.
Selon la Cour des comptes, le gendarme des finances publiques françaises, les déboires de la banque ont coûté 6,6 milliards d’euros à la France.