L’appel d’offres pour l’octroi des concessions d’exploitation des duty free des cinq aéroports internationaux tunisiens devrait marquer la fin de la mainmise des familles de l’ancien président Zine Elabidine Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi sur un secteur d’activité très juteux et l’ouvrir à d’autres opérateurs qui en étaient jusqu’ici exclus. Mais l’enjeu financier étant très important –un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de dinars sur cinq ans, ces mafias n’ont peut-être pas dit leur dernier mot dans cette affaire.
L’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA) a récemment lancé un appel d’offres international relatif à l’octroi des concessions d’exploitation des magasins destinés aux ventes en hors taxes aux passagers des vols internationaux, autrement dit des duty free des cinq aéroports internationaux de la Tunisie (Tunis-Carthage, Djerba-Zarzis, Sfax-Thyna, Tozeur-Nafat et Tabarka Aïn Draham).
Cet appel d’offres est ouvert aux «personnes morales intéressées par l’exploitation de cette activité, ayant au moins 10 ans d’expérience en matière d’exploitation des Duty-Free Shop et deux contrats en vigueur le jour de lancement de l’appel d’offres dont un dans un aéroport ayant enregistré durant les trois dernières années ( 2011-2012-2013 ) un trafic moyen au moins de 5 millions par an».
Ces opérateurs ont jusqu’au 7 mars 2014 pour soumettre leurs demandes de pré-qualification qui doivent informer sur les référence et expériences professionnelles du candidat, sa présence dans les aéroports, la capacité des aéroports où il opère, la surface commerciale exploitée en zones sous-douane; l’ancienneté dans la gestion des Duty-Free; sa solidité financière et ses performances (chiffre d’affaires relatif à l’activité vente sous-douane; rentabilité du candidat au cours des deux dernières années (2011 et 2012) et endettement).
L’enjeu de cet appel d’offres est très important. D’abord, en raison du volume financier en jeu. En effet, les duty free dont la concession est mise en compétition –pour les huit prochaines années- réalisent un chiffre d’affaires de près de 1,5 milliard de dinars sur cinq ans.
Ensuite, parce que ce secteur jadis contrôlé, du moins en partie, par les familles de l’ancien président Zine Elabidine Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi devrait, du fait du changement politique intervenu dans le pays, être libéré de la mainmise de cette mafia et, par voie de conséquence, devenir accessible à des entreprises et groupes –tunisiens et étrangers- qui en étaient jusqu’ici exclus. Mais l’enjeu étant ce qu’il est, ces mafias vont-elles s’en laisser dessaisir facilement? On peut craindre que non. D’ailleurs, nous apprenons par une source proche de ce dossier que les ex-familles régnantes seraient en train de chercher les moyens d’essayer à l’occasion de cet appel d’offres de remettre la main sur un large pan de ce secteur d’activité fort juteux de manière indétectables. Une piste que nous allons creuser.