Avec l’étable robotisée, des éleveurs high-tech qui dorment le dimanche matin

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é, le 18 février 2014 (Photo : Jean-François Monier)

[21/02/2014 08:24:31] Vitré (France) (AFP) L’éleveur high-tech surveille son étable depuis son canapé sur sa tablette et ne se lève plus pour la traite le dimanche matin. Les vaches, elles, vaquent à leurs occupations, entre robot de traite et massage contre “rouleau-arbre”.

“Le week-end, je suis peinard. Je passe une demi-heure pour les nourrir et c’est tout”, explique Jean-Pierre Dufeu, qui élève 57 Prim’Holstein à Val d’Izé (Ille-et-Vilaine).

Et puis “ma femme, Anne-Marie a eu des soucis à l’épaule”. Deux traites de deux heures par jour, 365 jours par an, ça tire. Alors pour continuer, en 2012, ils ont investi. De toutes les manières, ils devaient refaire un bâtiment d’élevage, l’autre étant saturé.

Leur nouvelle stabulation (bâtiment dédié au bétail) et le robot revenaient selon eux moins cher qu’une nouvelle salle de traite. L’ensemble leur a tout de même coûté 380.000 euros, une somme énorme quand on sait qu’un éleveur laitier gagne en moyenne 25.000 euros par an.

– Des vaches plus productives –

Mais le résultat est stupéfiant. Une étable dernier cri, avec puits de lumière, matelas en pneus recyclés pour les bêtes, rouleau massant qui remplace l’effet des arbres quand elles ne vont pas pâturer et même une caméra pour surveiller les vêlages à distance.

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é le 18 février 2014 (Photo : Jean-François Monier)

Et puis surtout deux robots. Le premier s’occupe des vaches, une par une, avec traite “quand elles veulent”. Le second est un “repousse fourrage”, ils passent toutes les deux heures rapprocher le fourrage des vaches, qu’elles ne cessent d’éloigner avec leur museau.

Le robot mesure également à chaque passage un certain nombre de données: poids, qualité du lait ou encore taux de rumination.

Des informations précieuses pour l’éleveur. Par exemple, une vache doit ruminer 8H par jour. Si elle rumine moins, “soit elle est en chaleur, soit elle est malade”.

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é le 18 février 2014 (Photo : Jean-François Monier)

Avec leur robot, de la marque néerlandaise Lely, ils ont réduit par plus de moitié leurs dépenses vétérinaires et ont sacrément augmenté leur productivité. “On a gagné 10 kilos par vache. Aujourd’hui notre production moyenne est de 35 litres de lait par jour et par animal alors que la moyenne par ici est de 25/26 litres”.

Certes les vaches se font traire davantage: dans la ferme du Brin d’herbe des Dufeu, elles sont à près de trois traites par jour. Mais il n’y a pas que cela qui explique la performance: “elles se sentent bien et l’éleveur a plus de temps pour le suivi”, complète Olivier Jegu, agriculteur à Erbrée, à quelques kilomètres de là.

– Et l’emploi dans tout ça ? –

Avec son frère et sa femme, Olivier Jegu élève 40 vaches et 50 génisses, 750 cochons. Ils ont en outre 110 hectares de blé, maïs et colza, en plus d’une activité de prestataires agricoles. Une grosse structure en somme.

Ils sont passés au robot en 2009. “On a robotisé pour pouvoir faire d’autres travaux sans main d’oeuvre en plus”.

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é le 18 février 2014 (Photo : Jean-François Monier)

Depuis l’été 2012, ils testent également un autre robot Lely. Celui-ci nourrit le troupeau. C’est d’ailleurs assez étrange de voir une sorte de soucoupe rampante faire des allers et retours tout seul au milieu de la ferme entre la “cuisine” (un hangar où il puise tout seul la nourriture à l’aide d’une pince) et “l’étable”.

Ces équipements coûtent cher, entre 100.000 et 150.000 euros, et ont aussi des effets pervers avec des animaux qui peuvent être livrés à eux-mêmes et un remplacement de l’homme par la machine qui menace l’emploi rural.

Mais ils séduisent les jeunes “qui veulent travailler autant que leurs employés et avoir leurs week-ends”, expliquent les Dufeu, qui espèrent transmettre l’exploitation à un de leur quatre enfants.

Et puis il y a l’effet boule de neige, les voisins qui voient que la lumière est éteinte dimanche matin. A Val d’Izé sur une cinquantaine d’exploitations laitières, cinq ont déjà succombé.

Et pour eux, robotisation ne signifie pas forcément industrialisation. “Le projet de ferme des 1.000 vaches ne donne pas une bonne image et pour le maillage des territoires, il faut des fermes d’une soixantaine de vaches”, juge Anne-Marie Dufeu.