“La décision prise, la semaine dernière, par les trois départements ministériels (Commerce, Industrie, Agriculture) concernés par le secteur du lait, ne suffit pas pour résoudre les problèmes rencontrés par les agriculteurs et les industriels de la filière, a estimé, jeudi, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Zar.
Les producteurs de lait, les industriels et les professionnels au sein des centrales laitières avaient fait état de difficultés énormes au niveau de la commercialisation du lait en raison de la capacité réduite des centres de collecte et le manque de coordination au niveau de la transformation outre la difficulté de gestion des excédents de lait, durant les périodes de pointe de production.
Intervenant lors d’un workshop, organisé à Tunis, sur “la réalité de la filière laitière et les solutions pour l’avenir”, M. Zar appelé à prendre d’autres mesures “pour absorber, dans de bonnes conditions, les excédents de lait”.
Il a suggéré, à cet effet, de réviser le prix du lait à la vente. Ce prix estimé à 700 millimes pour le litre coûte, en réalité, à l’agriculteur 800 millimes, soit une perte de 100 millimes par litre, a expliqué le premier responsable de l’UTAP.
“Cette différence de 100 millimes va amplifier les pertes de l’agriculteur, qui pourrait choisir de se retirer du système de production surtout que l’Etat ne lui apporte pas la subvention nécessaire”, a-t-il indiqué.
Il a recommandé, dans ce cadre, de poursuivre l’exportation du lait tunisien vers la Libye et l’Algérie et d’autoriser les centrales laitières à exporter leurs productions pour faire face aux difficultés rencontrées, notamment, pendant les périodes de haute lactation.
Le sous-directeur du groupement interprofessionnels des viandes rouges et du lait (GIVLAIT), Riadh Louhichi a mis l’accent, lui, sur la nécessité d’améliorer la situation de l’usine du séchage du lait à Mornaguia et d’accroitre la capacité de collecte du lait à travers la création de nouveaux centres à même de valoriser le pic de production et de préserver les équilibres de la filière.
Depuis fin 2014, les centrales de collecte du lait aux capacités d’accueuil limitées ont été contraintes de rejeter de bonnes quantités de lait dans la nature, a rappelé Louhichi.
Durant la période de haute lactation, la production du lait atteint près de 3 millions de litres par jour, alors que les centres de collecte ne peuvent recevoir que 2 millions de litres.
D’après M. Louhichi, l’activité informelle constitue une vraie menace pour l’équilibre de la filière laitière dans la mesure ou elle contribue à réduire le coût du lait stérilisé et présente aussi un danger pour la santé du citoyen, car le lait commercialisé à travers ces circuits est non contrôlé.
Il a recommandé, par ailleurs, d’améliorer les normes pour la filière laitière et de les adapter aux exigences de la compétitivité et de la sécurité sanitaire.
A rappeler que le syndicat des agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) avait, exprimé, dans un communiqué publié mercredi, sa satisfaction quant à la décision du gouvernement de mettre en oeuvre les mécanismes de séchage, de stockage et d’exportation du lait, estimant qu’elle constitue une solution pour gérer les excédents de production.