«Tunisie l’espoir: mode d’emploi pour une reprise», tel que le thème d’un ouvrage, présenté, jeudi 20 février à Tunis, par le président de l’association IDEES (Initiative pour le développement économique et social), Elyes Jouini.
Cette publication, réalisée par un groupe d’économistes et de spécialistes, a pour objectif “de proposer une nouvelle vision permettant d’ancrer la Tunisie dans une croissance accélérée, pérenne et équilibrée, à travers la mise en place d’un modèle de développement juste et inclusif”.
Elyes Jouini, qui a dirigé la rédaction de cet ouvrage, a rappelé que la Tunisie est aujourd’hui, face à de nombreuses impasses dont, “un taux de chômage très élevé chez les jeunes diplômés et les femmes, un système fiscal complexe et économiquement inefficace et des inégalités territoriales et sociales, créant de forts clivages”.
Pour sortir de cette situation difficile, il a proposé plusieurs réformes telles qu’une administration moderne, efficace et transparente, une politique fiscale plus juste, d’importants investissements publics dans les infrastructures, en tant que secteur créateur d’emplois et levier pour la valorisation des régions intérieures (amélioration de l’infrastructure portuaire, développement d’un réseau national intégré de zones et de plates- formes logistiques..).
Sur un autre volet, il a évoqué la nécessité d’une politique de compensation plus juste, efficace et mieux ciblée, à travers l’identification des populations éligibles à l’aide publique et la définition des produits dont la subvention doit être réduite prioritairement (les hydrocarbure, par exemple).
Par ailleurs, Jouini a préconisé de développer les secteurs à plus forte ajoutée tels que le tourisme, l’agriculture, l’industrie, les services et de promouvoir l’économie sociale et solidaire.
D’après la préface rédigée par l’économiste Abdeljabbar Bsais, cet ouvrage établit un diagnostic approfondi des différents aspects du «système» économique et social tunisien et propose des alternatives qui tendraient à plus de cohérence et d’efficacité de ce système.
“Bien plus que des réformes, ce sont de véritables transformations en profondeur qui sont ainsi, proposées dans des champs extrêmement variés : réforme du système éducatif de la politique fiscale, de la santé, de la redistribution des richesses via notamment la Caisse de compensation, réorientation des activités agricoles en fonction du changement climatique, de la raréfaction de l’eau et des tendances du marché mondial à l’endroit des produits tunisiens, refonte de la stratégie industrielle, etc.”
Sur ce dernier plan, “le texte avance des propositions innovantes tant au regard de secteurs déjà bien implantés comme le textile que de secteurs plus récents comme l’industrie automobile et d’aviation”. C’est là d’ailleurs que réside l’idée centrale du nouveau modèle, dépasser celui qui est fondé sur la sous-traitance, a montré ses limites et situer la Tunisie dans le groupe de pays producteurs de biens à haute valeur ajoutée et de technologie avancée.
L’objectif est ainsi de permettre à notre pays de passer rapidement à un revenu par habitant de l’ordre de 12.000 $, tout en apportant une solution au problème de l’emploi.
L’ouvrage prévoit également l’homogénéisation de l’espace national en intégrant les régions de l’intérieur jusque-là délaissées. Cette intégration aura pour effet d’élargir le marché national, ce qui permettra de bénéficier d’économies d’échelles, s’ajoutant à celles offertes par les marchés extérieurs à travers l’exportation.
Un tel programme ne peut aboutir que grâce au développement de réels partenariats entre le public et le privé, ce qui suppose un cadre de travail à même de créer la confiance et de réduire l’incertitude, considèrent les auteurs de cet ouvrage.
A préciser qu’Elyes Jouini est un ancien membre du Haut conseil de la science et de la technologie et du conseil d’analyse économique du Premier ministre français. Il a été, également, ministre, chargé des Réformes économiques et sociales sous le deuxième gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi.