Pourquoi le Pentagone tient tant à l’avion F-35?

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éricain F-35

[22/02/2014 10:01:37] Washington (AFP) Le programme d’avion F-35 accumule retards et surcoûts, pourtant le Pentagone n’envisage pas son avenir sans cet appareil censé devenir le joyau de l’aviation de combat américaine.

+ Pourquoi n’est-il pas question de revenir en arrière?

Le F-35 doit constituer l’ossature de la flotte américaine et remplacer la plupart des chasseurs-bombardiers actuels, aussi bien pour l’armée de l’Air, que la Marine et le corps des Marines, qui disposera d’une version à atterrissage vertical.

Le programme est tout simplement “trop gros pour se permettre d’échouer”, résume Gordon Adams, professeur à l’American University à Washington. En décembre, le 100e F-35 est déjà sorti des chaînes de montage.

Son constructeur, le géant de l’aéronautique Lockheed Martin, a réparti les sites de recherche et de production liés au F-35 dans 45 des 50 Etats américains, s’assurant le soutien d’une majorité de parlementaires, soucieux de récupérer pour leur circonscription une partie des 130.000 emplois induits.

+ A combien s’élève le coût de ce programme?

Le programme F-35 est le plus cher de l’histoire du Pentagone. Il intervient à un moment difficile où les budgets militaires sont en baisse et où l’armée américaine doit lancer d’autres programmes pour remplacer des matériels vieillissants.

L’objectif initial en 2001 était de construire un chasseur-bombardier abordable, à présent c’est un gouffre financier: de 233 milliards de dollars pour 2.852 appareils, le Pentagone table aujourd’hui sur 2.443 avions pour un coût de 391,2 milliards (+68%), soit 160 millions par appareil.

En tenant compte du coût de l’heure de vol et des frais d’entretien, le coût du programme sur l’ensemble de sa durée de vie risque de dépasser les 1.000 milliards de dollars, pronostique le GAO, la Cour des comptes américaine.

+ En quoi l’appareil est-il révolutionnaire?

L’avion est doté de capacités furtives censées lui permettre de faire face aux futurs chasseurs chinois et russes et de pénétrer au-dessus de zones où les défenses anti-aériennes sont puissantes.

Ses multiples senseurs doivent lui permettre de voir bien en avance un appareil ennemi qui sera “détruit avant même de savoir qu’il est engagé dans un combat”, a plastronné le chef d’état-major de l’Air Force, Mark Welsh, dans un entretien à la chaîne CBS.

Le F-35 est conçu comme un ordinateur volant. Dans son casque, le pilote peut regarder ses pieds et voir le sol grâce à des caméras répartis sur l’avion et reliés au casque.

+ Pourquoi de tels retards et quelles conséquences?

La mise en service opérationnelle n’interviendra pas avant 2016, dix ans après le premier vol. L’erreur originelle a été de commencer la production de l’avion tout en le mettant au point, ce qui a conduit à de nombreux retours à la planche à dessin. Le directeur du programme, le général Chris Bodgan, le reconnaît: “en gros, le programme a déraillé”.

La création de 24 millions de lignes de code informatique continue de poser problème, les capacités de l’avion n’atteignent pas encore les niveaux promis et chaque jour amène son lot de nouveautés: des craquelures ont été découvertes sur la carlingue de la version à atterrissage vertical lors de tests de durabilité, a reconnu vendredi à l’AFP un responsable du programme.

Ces problèmes risquent de conduire à un étalement des achats dans le temps et à une réduction du nombre d’avions, juge Gordon Adams.

Le Pentagone s’apprête ainsi à annoncer qu’il achètera en 2015 34 F-35, soit 8 de moins qu’initialement prévus.

+ Quels pays envisagent de se doter de l’appareil?

Huit pays, outre les Etats-Unis, participent au programme, y glanant quelques retombées industrielles.

Mais ils n’ont pour l’essentiel pas dépassé le stade des intentions d’achat. Officiellement, le Royaume-Uni compte se doter de 138 appareils, l’Italie de 90. La Turquie souhaite acquérir 100 F-35, tout comme l’Australie.

La Norvège (52 avions), les Pays-Bas (37), le Danemark et Israël (19) sont également intéressés.

Le gouvernement canadien prévoyait lui de se doter de 65 exemplaires mais pourrait finalement choisir un autre appareil devant le coût prohibitif du F-35.

En Asie, où la montée en puissance de la Chine inquiète, le Japon compte en acheter jusqu’à 42, la Corée du Sud pourrait finaliser l’achat de 40 exemplaires cette année et Singapour a fait part de son intérêt.