émeute derrière son bouclier le 5 février 2014 à Istanbul (Photo : Ozan Kose) |
[22/02/2014 18:54:28] Istanbul (AFP) La police antiémeutes turque a utilisé samedi à Istanbul des gaz lacrymogènes et un canon à eau contre les quelque 3000 personnes manifestant contre une nouvelle loi renforçant le contrôle de l’internet.
La police tentait ainsi de faire partir les manifestants de la place Taksim, lieu récurrent de contestation en Turquie, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les manifestants ont répliqué en tirant des feux d’artifice sur la police, qui a arrêté des dizaines d’individus selon les médias locaux.
“Gouvernement, démission!”, “touche pas à mon internet!”, ont scandé les manifestants.
La loi controversée est entrée en vigueur mercredi après sa promulgation par le président Abdullah Gül, dont le veto avait pourtant été maintes fois sollicité.
Elle donne à l’autorité gouvernementale des télécommunications (TIB) le pouvoir de bloquer un site internet si son contenu porte atteinte à la vie privée ou est jugé offensant.
Ce contrôle accru a suscité la réprobation en Turquie et à l’étranger, ses détracteurs estimant qu’il s’agissait d’une tentative du pouvoir d’étouffer le mécontentement de la population et d’éviter la propagation par l’internet de preuves sur le vaste scandale de corruption qui secoue actuellement le gouvernement.
Plus tôt dans la journée de samedi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a de nouveau démenti les accusations de censure de l’internet devant une foule de plusieurs milliers de partisans dans la ville de Sivas.
“Nous ne sommes pas contre l’internet, nous sommes contre les aspects +immoraux+ de l’internet”, a plaidé M. Erdogan dans ce discours marquant le début de la campagne de son parti pour les élections municipales.
“Nous avons simplement pris des mesures pour éviter à nos enfants d’être empoisonnés”, a-t-il martelé.
La loi survient alors que le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 est la cible d’un scandale politico-financier sans précédent éclaté en décembre, qui déstabilise M. Erdogan à la veille des municipales et de la présidentielle prévue en août 2014.
Le gouvernement a pris une série de mesures de représailles, avec notamment une grande purge de la police et des procureurs, ainsi qu’une réforme de la justice.
Mais ces mesures ont écorné l’image de modèle de stabilité et de démocratie que représentait la Turquie au coeur d’une région explosive.