Les fabricants chinois de mobiles veulent croquer une part du marché mondial

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éléphones mobiles chinois Huawei au salon CES de Las Vegas le 10 janvier 2013 (Photo : Joe Klamar)

[23/02/2014 12:05:49] Barcelone (AFP) Au moment où le marché chinois des smartphones montre des signes de ralentissement, ses fabricants regardent au-delà des frontières, espérant grappiller des parts de marché aux Etats-Unis et en Europe face aux deux géants Samsung et Apple.

Pour rien au monde, Huawei, Lenovo et ZTE ne rateraient le grand rendez-vous annuel du secteur: le Congrès mondial de la téléphonie mobile, qui se tient de lundi à jeudi à Barcelone.

Huawei s’est d’ailleurs arrangé pour être le premier à dévoiler ses nouveaux produits, lors d’une conférence de presse prévue dimanche après-midi.

Pour les fabricants chinois, la grande majorité de l’activité se fait encore dans leur pays d’origine, qui a représenté en 2013 le plus gros marché mondial en termes de smartphones, avec un bond des ventes de 86,3%, selon l’institut d’études Gartner.

Mais l’horizon semble s’assombrir: au quatrième trimestre, les ventes ont reculé de 4,3% par rapport au troisième, la première baisse en deux ans.

Selon Melissa Chau, analyste au cabinet spécialisé International Data Corp, ce n’est pour l’instant qu’un incident de parcours, lié au déploiement plus lent que prévu du réseau d’internet mobile ultra-rapide 4G.

Mais à long terme, le ralentissement est facilement prévisible, explique-t-elle. De plus en plus d’habitants auront déjà un smartphone, dont le prix moyen est autour de 1.000 yuan (environ 120 euros).

Pour se préparer à ce scénario, “les groupes chinois regardent au-delà des frontières pour grandir”, assure-t-elle, les imaginant déjà parvenir un jour aux premières places mondiales: “ils ont beaucoup d’obstacles à surmonter, c’est vrai, mais à plus long terme, d’ici trois à cinq ans, c’est tout à fait possible”.

– Conquête du monde –

Leur conquête du monde a déjà commencé, via la construction des réseaux de communications mobiles, pour lesquels ils ont décroché de plus en plus de contrats ces dernières années en jouant souvent sur des prix plus bas.

Ils ont aussi ciblé les pays émergents en leur proposant des smartphones moins chers, misant ainsi sur les marchés à plus forte croissance actuellement.

Mais les fabricants chinois visent désormais les clients européens et américains, dont le pouvoir d’achat garantie de meilleures marges.

Ce sont des marchés plus difficiles, combinant une croissance faible et une compétition. Selon Gartner, au quatrième trimestre 2013, les ventes dans les marchés matures ont même reculé, dans ces pays “saturés de smartphones”.

Pas de quoi décourager l’appétit des groupes chinois: Lenovo a ainsi marqué un grand coup en janvier en négociant le rachat, auprès de Google, du fabricant historique de mobiles Motorola, pour 2,9 milliards de dollars.

Une bonne avancée dans son expansion internationale, car avec cette acquisition il prend une bonne place en Amérique du Nord et du Sud, où Motorola, bien qu’en pertes, est encore numéro trois du marché, et met un pied en Europe.

“Nous allons devenir le numéro trois du secteur du smartphone”, a clamé récemment le PDG de Lenovo, Yang Yuanqing, après avoir publié un bénéfice trimestriel en hausse de 30%.

Cette troisième place est d’ores et déjà occupée par un compatriote: Huawei, classé juste devant Lenovo et derrière Samsung et Apple.

“Huawei a agi rapidement pour centrer son organisation sur le marché mondial”, souligne l’analyste Anshul Gupta, de Gartner.

Des acteurs chinois plus modestes montrent aussi leurs ambitions: Xiaomi, par exemple, s’est fait connaître en recrutant un haut dirigeant de Google, Hugo Barra, en août 2013. Il a lancé ce mois-ci un smartphone à bas prix baptisé Redmi.

Pour séduire les clients des marchés développés, il faut toutefois être prêt à beaucoup investir en marketing et publicité, souligne Lawrence Lundy, analyste au cabinet de consultants Frost & Sullivan.

“On va certainement les voir arriver avec des offres à très bas coût, dans le bas du marché, et grignoter des parts”, prédit-il. “Et quand ils seront bien installés, ils vont remonter dans la chaîne de valeur pour commencer à concurrencer, je suppose, Samsung” avec des smartphones plus évolués.